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L’Aube en Champagne se lance dans son Festival de Printemps

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Département de l’Aube. Chapelle Notre-Dame-de-l’Annonciation de Champignol-lez-Mondeville.

I-VI-2024, 16h et 20h. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Suites pour violoncelle seul n°1, n°3 et n°5 (16h) ; n°2, n°4 et n°6 (20h). Jacques Bernaert (16h), Christophe Coin (20h).

2-VI-2024. Département de l’Aube. Église Saint-Laurent de Soulaines-Dhuys, 17h. Arvo Pärt (né en 1935) : Fratres (version de 1982) ; David Funck (1648-vers 1699) : Suite de danses pour ensembles de violes (vers 1677) ; Joseph Haydn (1732-1809) : Divertimento pour violoncelles et barytons (années 1760) ; Christine Massetti (née en 1972) : En-dessous du rouge (2024) ; Heitor Villa-Lobos (1887-1959) : Bachanas Brasilieras n°1 ( 1932, « Modinha Embolada »), Bachanas Brasilieras n°5 pour soprano et ensemble de violoncelles (1938-1945, « Aria » et « Dansa ») ; Raúl Garello (1936-2016) : Margarita de Agosto (1977) ; Jean-Charles Capon (1936-2011) : A Tempo (1992). Harmonie Deschamps, soprano. L’Octuor de violoncelles ; Jacques Bernaert, direction.

En ce début de mois de juin encore frisquet, le Festival de Printemps de l'Aube en Champagne invite, une semaine durant, à sillonner sa verte campagne à la découverte de son patrimoine architectural dans une série de concerts de très haute qualité, sous la direction de . Première édition, premiers frissons : , l'Octuor de violoncelles, et transforment déjà l'essai durant les deux premières journées.

Samedi 1er juin, 16h. Champignol-lez-Mondeville, Chapelle Notre-Dame-de-l'Annonciation. est à la fois le directeur artistique du festival, son animateur et l'un de ses musiciens les plus présents. Mais c'est aussi un infatigable pèlerin qui fait découvrir le violoncelle à de nombreux scolaires. Aujourd'hui, une dizaine de ces enfants auront le bonheur de jouer en toute première partie de concerts. À commencer par cet après-midi, où deux fillettes de Clairvaux et le maître interprètent deux morceaux modernes. Puis c'est autour de de donner les trois Suites impaires pour violoncelle seul de , dans cet ordre : la 3e, la 1re et la 5e. On est conquis par le jeu fluide, non brusqué, sans afféterie mais nuancé du violoncelliste jouant sur cordes en acier mais avec un archet baroque. Le véritable enjeu de toute interprétation de ces Suites, tour à tour lyriques, rustiques ou austères et qui transforment le violoncelle en un instrument polyphonique et le musicien en acrobate, est le respect de leur caractère. Pas d'emphase donc, mais quelques effets – notes très détachées et ralentis à peine appuyés ménageant des rebonds sur les notes graves (comme dans le prélude de la première Suite), subits decrescendos faisant entendre en écho les voix secondaires, trilles serrés… – afin de mettre en valeur l'incroyable inventivité du compositeur. Pas de dramatisation extrême non plus bien sûr, comme dans la sarabande de la 5e Suite, jouée sur une seconde moitié d'archet laissant affleurer l'émotion sur le ton de la confidence. Tout paraît si naturel… Le son rond du violoncelle s'accorde parfaitement à l'acoustique assez sèche de la belle chapelle, au décor simple et harmonieux, selon le goût cistercien.

Samedi 1er juin, 20h. Champignol-lez-Mondeville, Chapelle Notre-Dame-de-l'Annonciation. , l'invité d'honneur de cette première édition du festival, s'empare des Suites paires de Bach avec l'assurance altière d'un seigneur. Mais auparavant, il régale le public d'un Prélude en ut mineur de Bernhard Romberg (1767-1841). Son violoncelle, napolitain et du début du XVIIIe siècle, est puissant et clair, tout comme son jeu. Le musicien joue « dans la corde » et révèle toute la noblesse de la musique qu'il interprète. En l'écoutant, dès la 4e, on se dit qu'il raconte une histoire. C'est bluffant. Court entracte après cette Suite et la 2e, le temps de changer d'instrument. C'est maintenant le violoncelle piccolo à cinq cordes qui va « parler », tout d'abord dans In memoriam György (années 2000) de György Kurtág (né en 1926), écrit peut-être en hommage à son compatriote György Ligeti, mort en 2006, précise le violoncelliste. C'est un long thrène, une mélodie très épurée – le reflet de la personne qu'il fut – jouée avec sourdine et beaucoup dans les aigus. L'instrument, fabriqué à Amsterdam au début du XVIIIe siècle, révèle un son assez cristallin très séduisant. Réveil sur le même instrument dans la 6e Suite, la dernière et la plus virtuose. en souligne toute la dramaturgie par ses changements subits d'intensité. Aussi, par exemple, les effets de vièle sont-ils très sensibles dans le passage empruntant au répertoire populaire. En bis, le musicien gratifie son auditoire du Caprice n°6 de Giuseppe Dall'Abaco (1710-1805).

Dimanche 2 juin dans l'église Saint-Laurent. Sept enfants de primaire accompagnent l'Octuor de violoncelles conduit par Jacques Bernaert dans Fratres (version de 1982) d' (né en 1935). En même temps que le leader, ils tapotent la table de leur instrument : c'est le motif rythmique ouvrant et encadrant une mélodie entendue neuf fois, mais transposée à chaque reprise et reposant sur les bourdons tenus par le second rang de musiciens. Le jeu sur les harmoniques et la lenteur de l'ensemble créent un climat méditatif très envoûtant. Plus légères sont les deux pièces suivantes : la Suite de danses pour ensembles de violes (vers 1677) de (1648-vers 1699) et le Divertimento pour violoncelles et barytons (années 1760) de (1732-1809), dans leur transposition pour huit violoncelles. Deux suites de danses encore, la seconde se démarquant de la première par son caractère plus gracieux, plus aristocratique. Le XXIe siècle n'est pas oublié par la programmation puisque voici En-dessous du rouge (2024) de (née en 1972), commande de l'Octuor. La pièce est créée ce soir et dirigée par la compositrice. Elle a voulu, dans l'esprit du festival, qui entend marier musique et lumière, celle en particulier que transforment les vitraux, « décomposer » le spectre harmonique en jouant sur les vibrations. Ainsi, transposé au monde musical, l'en-dessous du rouge devient infrason, celui des bourdons en sol et en la, tenus par groupes de quatre. Pas de réelle mélodie ou de développement donc : l'imaginaire musical très fertile de creuse la matière sonore en jouant sur les tempi et les masses. Un morceau très réussi. Changement d'ambiance avec le lyrisme élégiaque des Bachanas Brasilieras n°1 (1932, « Modinha Embolada ») et Bachanas Brasilieras n°5 pour soprano et ensemble de violoncelles (1938-1945, « Aria » et « Dansa ») d' (1887-1959), les secondes faisant intervenir la soprano , qui emplit le volume de l'église de sa belle voix bien timbrée. Nouvelle saute d'humeur encore avec l'énergique Margarita de Agosto (1977) de (1936-2016), tango faisant intervenir un, puis deux, puis tous les violoncelles. On sent que l'Octuor est familier de cette musique. A Tempo (1992) a été composé pour l'ensemble par (1936-2011), lui-même violoncelliste de jazz. Ce morceau, qu'on pourrait qualifier de rhapsodique, se caractérise par sa complexité rythmique et ses perpétuels changements d'atmosphère, ce qui, une fois encore, ne saurait troubler l'Octuor, qui l'a intégré à son répertoire. revient sur scène pour offrir en bis la chanson « Yesterday » des Beatles : encore un beau moment d'émotion partagé.

Ce festival, dont c'est la première édition, doit beaucoup également à l'association Aubarts qui l'a initié, en particulier à Françoise Cabo et Sylvie Calon, à la fois organisatrices et présentatrices.

Crédits photographiques : © Festival de Printemps Aube en Champagne

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Département de l’Aube. Chapelle Notre-Dame-de-l’Annonciation de Champignol-lez-Mondeville.

I-VI-2024, 16h et 20h. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Suites pour violoncelle seul n°1, n°3 et n°5 (16h) ; n°2, n°4 et n°6 (20h). Jacques Bernaert (16h), Christophe Coin (20h).

2-VI-2024. Département de l’Aube. Église Saint-Laurent de Soulaines-Dhuys, 17h. Arvo Pärt (né en 1935) : Fratres (version de 1982) ; David Funck (1648-vers 1699) : Suite de danses pour ensembles de violes (vers 1677) ; Joseph Haydn (1732-1809) : Divertimento pour violoncelles et barytons (années 1760) ; Christine Massetti (née en 1972) : En-dessous du rouge (2024) ; Heitor Villa-Lobos (1887-1959) : Bachanas Brasilieras n°1 ( 1932, « Modinha Embolada »), Bachanas Brasilieras n°5 pour soprano et ensemble de violoncelles (1938-1945, « Aria » et « Dansa ») ; Raúl Garello (1936-2016) : Margarita de Agosto (1977) ; Jean-Charles Capon (1936-2011) : A Tempo (1992). Harmonie Deschamps, soprano. L’Octuor de violoncelles ; Jacques Bernaert, direction.

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