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Paris. Maison de la culture du Japon. 1-VI-2024. Misato Mochizuki (née en 1969) : Nage no Kata ; Aurélien Dumont (né en 1980) : Katanoise (Goshin Jutsu) ; Yann Robin (né en 1974) : Katame no kata ; Yves Chauris (né en 1981) : Kime no kata : Noriko Baba (née en 1972) : Gonosen no kata. Mise en scène : Ludovic Lagarde ; création lumière, Sébastien Michaud ; création vidéo, Jérôme Tuncer ; régie vidéo, Eve Liot. Stephen Roulin et Antoine Bidault, judokas. Ensemble Multilatérale : Matteo Cesari, flûte ; Bogdan Sydorenko, clarinette ; Aurélie Saraf, harpe ; Hélène Colombotti, percussion ; Jules Bauer de Milleret, contrebasse
Dans quelle mesure l'univers des sons et le geste des interprètes peuvent-ils entrer en résonance avec l'art martial qu'est le judo ? C'est l'expérience passionnante qu'ont tentée les interprètes de Multilatérale à travers la musique en création de cinq compositeurs.
Dans l'auditorium de la Maison de la culture du Japon, un tatami rouge occupe le plateau, avec, à l'arrière, les musiciens de Multilatérale (percussion, flûte, clarinette, harpe et contrebasse). Un grand écran en fond de scène fait apparaître les titres des œuvres et le nom des compositrices et compositeurs embarqués dans l'aventure avec le metteur en scène Ludovic Lagarde : Misato Mochizuki et Noriko Baba, toutes deux japonaises ainsi que trois compositeurs entretenant un lien privilégié avec le Japon, Yann Robin, directeur artistique de Multilatérale pratiquant lui-même le judo, Aurélien Dumont et Yves Chauris.
Une formule rythmique sur le tambour, longuement entretenue par la percussionniste Hélène Colombotti, amorce le rituel : présentation et salut des judokas Stephen Roulin et Antoine Bidault, tous deux ceinture noire, qui vont évoluer sur le tatami sonorisé. Chaque titre d'œuvre fait référence à l'un des cinq katas fondamentaux codifiés à la fin du XIXᵉ siècle par le maître Jigorô Kanô. Ce sont des types d'enchaînements contenant des techniques d'attaque au poing ou au pied ainsi que différentes frappes à l'arme blanche, qui seront exécutés. L'œuvre musicale devra s'appuyer sur la structure, la temporalité et une certaine dramaturgie/chorégraphie de ces cinq katas.
Nage no Kata est confié à Misato Mochizuki qui enseigne actuellement à la geidai de Tokyo. Flûte et clarinette sont en vedette sous la résonance de la petite cymbale, contaminant la contrebasse dont le geste nerveux de Jules Bauer de Milleret donne à entendre le son râpeux des cordes graves. La chute des corps des deux judokas imprime son impact sonore sur le tatami. Aurélien Dumont, partenaire de Misato à la scène comme à la ville, compose Katanoise (Goshin Jutsu) intégrant la voix des judokas. Musique de gestes avec ses espacements silencieux : glissade, rebonds de l'archet sur la corde, sons itératifs sur la peau du tambour sont en phase avec les gestes d'autodéfense des deux athlètes.
La dimension ritualisante est plus tangible dans Katame no Kata de Yann Robin, qui exploite la scansion stylisée des voix en japonais et l'utilisation de modes de jeu bruités : claquement de la corde sur le bois de la contrebasse et frottement des cordes métalliques sur la harpe d'Aurélie Saraf tandis que les deux judokas combattent à l'arme blanche. Frottements toujours, souffle et sons tremblés des flûte et clarinette (Matteo Cesari et Bogdan Sydorenko) accompagnent la lutte rythmée par les cris des athlètes dans Kime no kata d'Yves Chauris ; l'espace est raréfié et les interventions instrumentales bien dessinées comme celle du tuyau harmonique qui vrille périodiquement l'espace. On le retrouve dans Gonosen no kata de Noriko Baba, avec la crécelle et autres sons exogènes (sonnette de vélo et appeaux) familiers de la compositrice. L'assaut rythmique et bruyant des dernières minutes boucle ce spectacle aussi singulier que captivant, célébrant bien à propos la rencontre du sport et de la musique.
Crédit photographique : © Maison de la culture du Japon
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Paris. Maison de la culture du Japon. 1-VI-2024. Misato Mochizuki (née en 1969) : Nage no Kata ; Aurélien Dumont (né en 1980) : Katanoise (Goshin Jutsu) ; Yann Robin (né en 1974) : Katame no kata ; Yves Chauris (né en 1981) : Kime no kata : Noriko Baba (née en 1972) : Gonosen no kata. Mise en scène : Ludovic Lagarde ; création lumière, Sébastien Michaud ; création vidéo, Jérôme Tuncer ; régie vidéo, Eve Liot. Stephen Roulin et Antoine Bidault, judokas. Ensemble Multilatérale : Matteo Cesari, flûte ; Bogdan Sydorenko, clarinette ; Aurélie Saraf, harpe ; Hélène Colombotti, percussion ; Jules Bauer de Milleret, contrebasse