Réjouissante démonstration du Boston Ballet au TCE

Dans le cadre de TranscenDanses, le Théâtre des Champs Élysées, à Paris, recevait le Boston Ballet pour trois pièces, dont la création très attendue de William Forsythe, Blake Works III.

C'est Bach Cello Suites, chorégraphié et créée en 2015 pour le Boston Ballet par Jorma Elo, qui a ouvert le programme, dans une salle comble. Sur scène, un violoncelle pour interpréter trois suites de Jean-Sébastien Bach. Au plateau, une dizaine de danseurs, aux placements impeccables font preuve d'une grande maîtrise pour dérouler les codes classiques, sur pointes, émaillés avec beaucoup de subtilité par des gestes contemporains parfaitement intégrés. Les bras et les jambes forment des figures quasi géométriques. Le tout est sobre et aérien, d'une grande virtuosité.

Mais le public, qui comptait beaucoup d'Américains, était avant tout venu découvrir Blake Works III, créé en 2022 pour la compagnie américaine par William Forsythe, et montré pour la première fois en France. Cette pièce vient après Blake Work I, créé en 2016 pour le ballet de l'Opéra de Paris. Empêché par la crise Covid, Forsythe avait réalisé Black Works II The Barre Project sous la forme d'un film célébrant la relation particulière des danseurs avec l'instrument de travail qu'est la barre, et diffusé gratuitement sur internet. Blake Works III poursuit ce travail et la fascination du chorégraphe américain pour le jeune compositeur britannique James Blake, qui signe la musique de ce nouvel opus. La barre est toujours présente dans Blake Works III, bien installée au fond de la scène. Tour à tour les danseurs viennent s'y exercer avec beaucoup de liberté. Car à 75 ans, Forsythe semble vouloir s'amuser et donner plus de légèreté à son propos. Il rend un hommage au classicisme avec cette instrument qu'est la barre, mais en déconstruisant ses codes pour en faire un exercice créatif réjouissant. Les danseurs virtuoses de Boston défilent à la barre, prétexte à des solos enlevés, inventifs et parfaitement maîtrisés. Après un court extrait du film The Barre Project, somptueux gros plan en noir et blanc sur les mains de danseurs utilisant la barre comme un clavier de piano, le solo sur la chanson de Blake, Lullaby for My Insomniac, est bouleversant. Il montre, s'il était encore besoin d'en faire la démonstration, toute la palette de Forsythe qui semble gagner en liberté avec les années. D'ailleurs, le chorégraphe, présent pour cette première française avec son collègue Jorma Elo, résident du Boston Ballet, ne cachait pas sa jubilation d'être là.

Le célèbre ballet Bella Figura de Jirí Kylián a terminé de belle manière cette belle soirée de danse dans une belle mise en scène très théâtralisée. Démarrant sans musique et avec les lumières de la salle comme un échauffement, la chorégraphie très inspirée et originale de Kylián se déploie avec des duos qui provoquent tout à tour le sourire ou l'émotion.

Le Boston Ballet fait preuve avec ce programme varié d'une grande dextérité dans tous les compartiments de la danse, aussi à l'aise sur pointe ou dans les sauts que dans une écriture chorégraphique très contemporaine.

Crédits photographiques : Bach Cello Suites © Liza Voll  ; Blake Works III © Rosalie O'Connor ; Bella Figura © Gene Schiavone