Petite voire vraie révolution dans le monde complexe et rigide de la gestion de droits de propriété intellectuelle, la SCPP – qui collecte les droits des producteurs de disques – et l'ADAMI – qui fait la même chose pour les artistes interprètes – annoncent « la mise en commun, à travers la création d'une filiale commune et paritaire, de leurs bases de données respectives et de leurs outils de répartition pour les droits à rémunération que sont la rémunération pour copie privée et la rémunération équitable. »
Mieux encore, cela pourrait bien n'être qu'une étape de transition, une clause « optionnelle » à l'accord de rapprochement ouvrant la possibilité d'une fusion complète de ces deux structures qui pèsent plus de 180 M€ annuels à elles deux. La SCPP collecte près 85,1 M€ en 2023 (en baisse depuis 2018, où le chiffre s'élevait à 91,5 M€), un montant similaire à celui de l'ADAMI en 2022 qui était de 85,5 M€.
Si les deux structures reconnaissent spontanément que producteurs et interprètes ont des « intérêts opposés », Olivier Nusse le PDG d'Universal Music France et le président de la SCPP voit dans ce rapprochement « une volonté commune de dépasser les antagonismes habituels et surtout de construire ensemble une défense plus forte de nos intérêts, dans un contexte de transformation permanente de l'industrie musicale. »
Chacune de souligner que l'origine de cette initiative méritoire vient de Bruno Boutleux, directeur général de l'ADAMI jusqu'en janvier dernier. En mai 2023, celui-ci avait fait part à la revue Le Film français de son optimisme volontariste face au nouveau défi auquel sont confrontés les créateurs, un défi qui n'est abordé que par des périphrases dans le communiqué de la SCPP et de l'ADAMI, et dont on peut imaginer qu'il est la vraie raison de cette fusion prochaine : « L'arrivée de l'IA dans le monde de la création est un électrochoc, avec une portée peut-être plus forte que celle d'internet et du P2P, mais je suis certain que l'on saura s'adapter ». (JCLT)