Miroirs Étendus entre John Cage et David Bowie à Tourcoing

Entre pop et avant-garde sonore, l'ensemble Miroirs Étendus réunit les musiques de John Cage et David Bowie, le temps d'une soirée étonnante à l'invitation de l'Atelier lyrique de Tourcoing.

Une fois n'est pas coutume, l'Atelier lyrique de Tourcoing a quitté les dorures et tentures de son vénérable théâtre pour se transporter dans la salle rock du Grand Mix en centre ville. Et le public, venu en nombre, n'est pas tout à fait le même que celui qui fréquente les opéras baroques et concerts symphoniques.

Car ce mercredi soir, ce n'est pas Rameau ou Ravel qui sont à l'honneur, mais deux icônes de la musique du XX^e siècle : David Bowie et John Cage. Rassemblés le temps d'une soirée détonante par l'ensemble Miroirs Étendus sous la direction artistique de Romain Louveau, avec les arrangements du « local » de l'étape, le compositeur et multi-instrumentiste Othman Louati.

Sur le devant de la scène, un simple cactus amplifié donne le ton : frottées, caressées, frappées, ses épines deviennent percussions, harpe, synthétiseur dans la pièce bien nommée Branches de John Cage. Symbole d'une soirée placée sous le signe du bruit, du silence, du temps arrêté et de l'hypnose sonore.

Marier dans un même concert John Cage et David Bowie, « cagéiser » les tubes pop de Bowie tout en « bowisant » les structures sonores de Cage se révèle d'une pertinence absolue. Ces deux musiciens sont « deux caméléons qui ont exploré tous les possibles de la musique de leur temps » explique Othman Louati. Et jouer Life on Mars de Bowie sur un piano préparé ou transformer In a Landscape Experience de Cage en instant électro-pop n'a rien de choquant. Bien au contraire. Le concert de Miroirs Étendus se vit comme une expérience sonore totale, vibrante, fascinante.

L'aria éthérée du Dream de John Cage se mue peu à peu en bruits urbains pour aboutir au rock hypnotique du Voyeur of Utter Destruction de Bowie. Tout le concert est ainsi un habile mixage entre ces univers sonores en apparence si éloignés et pourtant si proches. La réussite de cette soirée revient aussi aux interprètes inspirés de l'ensemble et aux arrangements subtils d'Othman Louati. Le jeune compositeur d'origine tourquennoise est d'ailleurs doublement à l'honneur dans sa ville natale puisqu'il y présente également ces jours-ci son premier opéra, Les Ailes du désir, adapté du célèbre film de Wim Wenders. Un autre télescopage des genres et des styles. Une autre expérience sonore

Crédit photographique : @Atelier lyrique de Tourcoing