Froids Archipels par Nicolas Hodges

Le pianiste Nicolas Hodges réunit trois compositeurs contemporains autour de l'oeuvre ouverte Archipel 5d d'André Boucourechliev.

Ce disque est l'enregistrement d'un programme initialement prévu pour être donné en concert en 2020 au festival de Donaueschingen mais annulé pour cause de pandémie mondiale. Nicolas Hodges réunit pour l'occasion les compositeurs Rebecca Saunders (née en 1967), James Clarke (né en 1957) et Rolf Riehm (né en 1937) autour d'André Boucourechliev (1925-1997) dont l'œuvre ouverte, Archipel 5d, constitue le centre de cet album. En effet, Nicolas Hodge en livre trois versions. C'est une bonne idée qui permet à l'auditeur de comprendre le concept d'œuvre ouverte d'autant plus que certaines sections sont aisément reconnaissables. Mais la pièce, bien qu'intéressante et inventive, est datée et la comparaison des trois versions s'adresse au final plus à l'intellect qu'au plaisir auditif.

Les trois pièces des autres compositeurs (To an utterance – study de Rebecca Saunders, Piano Sonata n° 2 de James Clarke et Ciso, carissimo Claudio oder Die Steel Drums von San Marco de Rolf Riehm), toutes composées entre 2017 et 2019, s'insèrent de façon cohérente entre chaque version d'Archipel 5d. En effet, malgré les 50 ans qui séparent ces nouvelles œuvres de celle d'André Boucourechliev, les différences esthétiques sont minimes entre les générations de compositeurs. Mais d'une trop grande cohérence, d'une trop grande ressemblance vient à un moment l'ennui, d'autant plus que la prise de son est très sèche, donnant un son presque métallique, froid au piano malgré la virtuosité de Nicolas Hodges. L'arrivée de la voix sur bande dans la pièce de Rolf Riehm sort heureusement un instant l'auditeur de la douce torpeur dans laquelle il est plongé.

Le livret est complété par des photos des compositeurs et un fac-similé d'Archipels 5d, partition qui, outre son intérêt musical intrinsèque, est également un plaisir pour les yeux. Les disques édités par Bastille musique sont de plus présentés comme des objets de collection, numérotés et soigneusement emballés dans un souci d'esthétisme et d'écologie. Il est cependant dommage qu'on en vienne à contempler davantage l'objet que son contenu enregistré.