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À Genève, Beatrice Berrut compositrice et pianiste

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Genève. Victoria Hall. 21-V-2024. Beatrice Berrut (née en 1985) : Clepsydres (Création mondiale). Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre no. 4 en sol majeur, op.58. Robert Schumann (1810-1856) : Ouverture, Scherzo et Finale en mi majeur, op. 52. Johannes Brahms (1833-1897) : Variations sur un thème de Haydn, op.56. Beatrice Berrut (piano). Orchestre Nexus, direction musicale : Guillaume Berney

Le Victoria Hall ouvrait ses portes à un concert où la pianiste Béatrice Berrut, outre sa prestation dans le Concerto n°4 de Beethoven proposait, en création mondiale, Clepsydres, une composition orchestrale qui lui a été commandée par l'.

Après de brefs discours pour ouvrir ce concert donné sous l'égide de 123 Action, une ONG qui se donne pour but d'apporter par forage de l'eau potable aux populations du Togo, du Zimbabwe et du nord de la Thaïlande, explique en quelques mots modestes les sources d'inspiration de cette œuvre orchestrale. La clepsydre était au temps de l'Egypte des pharaons, une horloge à eau, sorte de sablier où l'eau remplacerait le sable. L'eau qui coule, se fige au froid, puis bouillirait pour enfin exploser en vapeur.

Dans cette composition aux accents post-romantiques, les premières mesures illustrent admirablement l'écoulement joyeux de l'eau. Peut-être la sent-on plus comme celle d'un ruisseau bondissant que ce que laisserait entendre le flux contrôlé de l'écoulement d'une vasque de laquelle l'eau s'échapperait. Mais bientôt quelques martèlements des timbales ramènent chacun à l'évocation du temps qui passe. Peut-être aurait-on aimé que l'orchestre joue plus subtilement, avec plus de contrastes, plus de musicalité, voir plus d'inspiration pour qu'on puisse mieux encore apprécier les beaux entremêlements de timbres que l'écriture musicale de laisse entendre.

Les premières mesures du Concerto pour piano et orchestre n°4 en sol majeur op.58 de Beethoven confirment les failles ressenties plus tôt avec l' et son chef . Le musique proposée est brutale, sévère, cassante même. A l'observer, le chef a des attitudes suffisantes, presque hautaines ; ses gestes sont péremptoires, d'une énergie volontaire manquant sensiblement d'harmonie. Au lieu d'inspirer ses musiciens, il les bouscule, les pousse, les tire alors qu'on aimerait qu'il les élève. Bien sûr, l'ensemble Nexus est formé d'instrumentistes de moins de 30 ans. Ils manquent donc de «bouteille», de cette expérience, de cette écoute des autres qui fait le son d'un orchestre. Avec cet ensemble encore trop vert, les départs sont souvent hésitants, les raccords cassent le rythme, l'unité de l'oeuvre, alors que dans un concerto, la continuité musicale reste primordiale. Si tout le début est apparu en rythme, dès que la soliste interprète, avec d'inévitables «rallentando», le chef et l'orchestre semblent déstabilisés et font en sorte que tout rentre dans l'ordre. De la rigueur jusqu'à la froideur d'une interprétation mécanisée. Pourtant, au toucher pianistique d'une grande finesse, tente de donner des couleurs, du lyrisme à son interprétation. Ramenée à la stricte observance de la partition, elle cède peu à peu. On la sent comme crispée, mal à l'aise. On espère que le sublime Andante moderato donnera de l'air à l'expressivité de la pianiste. Las, l'attaque de l'orchestre est d'une sécheresse terrible et Beatrice Berrut aura beau faire de jouer son piano en retenues, en demi-teintes admirables, l'orchestre sous la baguette de son chef reste ancré dans sa musique sans inspiration. Le mouvement final voit la pianiste se plier à la rigueur sèche de l'ensemble orchestral.

Le public certes applaudit mais la ferveur n'y est pas. Deux rappels et Beatrice Berrut s'en retourne en coulisses sans qu'elle offre un bis. Et pourtant, entre son intéressante composition orchestrale donnée en première mondiale et sa belle interprétation du concerto de Beethoven, elle aurait mérité un accueil enthousiaste. Malheureusement, le public, paraissant peu habitué à l'écoute d'œuvres contemporaines, n'a pas réalisé l'importance de l'enjeu musical qu'a offert la compositrice et pianiste suisse. Espérons qu'elle aura su faire la part des choses et qu'elle continuera à composer ses musiques inspirées.

Avec Ouverture, Scherzo et Finale op.52 de Robert Schumann, et ensuite avec les Variations sur un thème de Haydn op.56 de , l' et son chef nous permettent d'entendre deux pièces orchestrales rarement interprétées. Difficile d'en estimer l'interprétation avec le peu de place que le chef laisse à la fantaisie, restant dans l'expression rigide de musiques exprimées sans grandes variations de volume sonore. Tout juste si les ultimes Variations de Brahms à l'écriture musicale inspirée se voient comme le meilleur moment de cette deuxième partie de soirée.

Crédits photographiques : © Christian Meuwly

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Genève. Victoria Hall. 21-V-2024. Beatrice Berrut (née en 1985) : Clepsydres (Création mondiale). Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour piano et orchestre no. 4 en sol majeur, op.58. Robert Schumann (1810-1856) : Ouverture, Scherzo et Finale en mi majeur, op. 52. Johannes Brahms (1833-1897) : Variations sur un thème de Haydn, op.56. Beatrice Berrut (piano). Orchestre Nexus, direction musicale : Guillaume Berney

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