Les Musicales de Bagatelle aux couleurs des JO de Paris et de sept accordéons
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Paris. Orangerie de Bagatelle. 19-V-2024.
« Musique et sport » : Œuvres de Alexandre Tcherepnine (1899-1977), Felix Mendelssohn (1809-1847), Franz Schubert (1797-1828), Antonio Vivaldi (1678-1741), Erik Satie (1866-1925), Claude Debussy (1862-1918), Maurice Ravel (1875-1937), Emile Waldteufel (1837-1915), Gioachino Rossini (1792-1868). Avec : Rodolphe Bruneau-Boulmier, présentation ; David Moreau, violon ; Raphaël Pagnon, alto ; Virgile Roche, piano ; Trio Zeliha : Manon Galy, piano ; Maxime Quennesson, violoncelle, Jorge Gonzalez Buajasan, piano.
« Bagatelle d’accordéons » : Toshio Hosokawa (né en 1955) : Melodia. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Casse-noisette (extraits). Jukka Tiensuu: Mutta. Franz Liszt : La Campanella (d’après Niccolò Paganini). Matteo Franceschini (né en 1979) : Marea. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto pour quatre clavecins en la mineur BWV 1065. Mauricio Kagel (1931-2008) : Pandora’s box. Régis Campo (né en 1968) : Pagamania!. Fanny Vicens, Vincent Lhermet, Théo Ould, Ambre Vuillermoz, Basha Slavinska, Yohann Juhel, Jean-Etienne Sotty
Chaque année, les Musicales de Bagatelle sont l'occasion pour les jeunes artistes lauréats de la Fondation Banque Populaire de se produire en concert à l'orangerie des jardins de Bagatelle au cœur du bois de Boulogne. L'édition 2024 se distingue par sa thématique sportive et sa mise en valeur de 7 talents de l'accordéon.
Le premier concert de ce dimanche avait pour titre « Musique et sport ». Par sa thématique, il a d'ailleurs été labellisé par Paris 2024 dans le cadre des « Olympiades culturelles ». Ainsi deux Phryges géants – mascottes des JOP – ornent la scène de part et d'autre des musiciens. Ces derniers se sont pris au jeu de la thématique revêtant chacun un bas noir de concert et un haut coloré d'allure plus sportive. Le programme éclectique, en lien plus ou moins évident avec le sport, va de Vivaldi à Alexandre Tchérépnine avec de nombreux arrangements. Il oscille entre tubes et œuvres moins connues comme la Sinfonia de l'Olimpiade de Vivaldi ou la Sonate sportive de Tchérépnine, pièce au style beaucoup plus académique que son titre ne pourrait le faire penser.
Les six interprètes (David Moreau, Raphaël Pagnon, Virgile Roche et les musiciens du trio Zeliha : Manon Galy, Maxime Quennesson et Jorge Gonzalez Buajasan) ne sont pas forcément tous habitués à jouer ensemble, cela peut parfois se ressentir pendant le concert, mais leur talent et leur plaisir d'être sur scène prévalent largement. Le programme permet une mise en valeur de chacun de ces jeunes talents, tous déjà lauréats de plusieurs concours. Le concert est présenté par Rodolphe Bruneau-Boulmier qui a parfois du mal à faire entendre sa voix au milieu des accords d'instruments en coulisse. Ses interventions courtes et pertinentes permettent de délivrer aux spectateurs quelques anecdotes sur le rapport à la musique de certains sportifs célèbres comme Novak Djokovic ou Kylian Mbappé et, inversement, sur le goût prononcé pour le sport qu'avaient Debussy, Gershwin ou encore Chostakovitch. (MP)
Le second concert réunissait tous les accordéonistes lauréats de la Fondation Banque Populaire depuis une quinzaine d'années, soit pas moins de sept ! Le titre « Bagatelle d'accordéons » est aussi amusant que trompeur, que l'on prenne le mot bagatelle dans son acception de « chose sans importance ». Car la doyenne des lauréats accordéonistes de la Fondation, la trentenaire Fanny Vicens, a concocté un programme qui démontre que la musique pour accordéon peut rivaliser avec d'autres instruments polyphoniques tels l'orgue et le piano, pour peu qu'il soit défendu par des musiciens passionnés à lui faire exprimer tout son potentiel. Une profession de foi à laquelle le public de ce bel après-midi ensoleillé dans le cadre élégant des jardins de roses et des parterres d'iris, ne s'attendait probablement pas.
Le programme était composée de huit pièces, une partition exigeante suivie d'une pièce plus récréative. Du côté riant, on trouve successivement trois extraits ravissants de Casse-Noisette (Théo Ould et Yohann Juhel), une Campenella virtuose de Franz Liszt d'après Niccolò Paganini par l'idoine Basha Slavinska (née – en France – de parents polonais et hongrois) qui donne à entendre tout ce que le public attendait, la transcription d'un concerto pour clavecins transcrit par Bach d'un concerto de Vivaldi (Fanny Vicens, Vincent Lhermet, Théo Ould, Ambre Vuillermoz) qui fait sonner l'accordéon comme de l'orgue de Bach (un retour aux sources, en somme), et pour finir l'espiègle et bondissant Pagamania! (2023) pour accordéon sur bande enregistrée de Régis Campo par Théo Ould (qui a fait l'objet d'un amusant clip vidéo à l'occasion de son album Laterna Magica chez Alpha). Du côté âpre, Melodia de Toshio Hosokawa fait l'ouverture et donne le ton. Elle présente tous les accordéonistes (ce sera la seule fois) en mode spatialisé, répartis sur toute la salle de l'orangerie. Pas de mélodie, mais une atmosphère suspendue en notes aiguës, puis graves avec un épisode tourmenté et un retour à l'ambiance initiale sur 12 minutes pour cette œuvre de 1979, écrite pour accordéon soliste, qui ne fait pas son âge. Mutta (1985), du Finlandais Jukka Tiensuu, a été composée pour trois accordéonistes, ici Fanny Vicens, Ambre Vuillermoz et Jean-Etienne Sotty, la pièce est tout en zébrures, hérissements et raucité, on est loin du bal musette. Marea de Matteo Franceschini, donnée par Vincent Lhermet est la partition la la plus politique du programme. Composée en 2022, elle évoque la mer, les voyages et… Lampedusa. Non pas les voyages des plaisanciers, mais on l'aura compris celui des migrants d'Afrique, et l'accordéon se fait évocateur des fusées de détresse, animal marin ou corne de brume, rehaussé par le rythme marqué par l'instrumentiste sur les blocs de son instrument, symbole de dénuement matériel et de force spirituelle. L'avant-dernière pièce, la Pandora's box de Mauricio Kagel est la pièce la plus théâtrale et visuelle du concert, interprétée, le mot n'est pas trop fort, par Jean-Etienne Sotty. Composée en 1960, elle montre un musicien en prise avec un bandonéon, jouant avec lui, jouant de lui, puis en devenant son jouet, sans qu'on sache si cela est potentiellement comique ou réellement dramatique. En toute hypothèse, on ressort de ce concert avec la conviction qu'une nouvelle génération d'accordéonistes se développe sous nos yeux, et que le meilleur du répertoire pour cet enregistrement est à venir, et très bientôt. (JCLT)
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Paris. Orangerie de Bagatelle. 19-V-2024.
« Musique et sport » : Œuvres de Alexandre Tcherepnine (1899-1977), Felix Mendelssohn (1809-1847), Franz Schubert (1797-1828), Antonio Vivaldi (1678-1741), Erik Satie (1866-1925), Claude Debussy (1862-1918), Maurice Ravel (1875-1937), Emile Waldteufel (1837-1915), Gioachino Rossini (1792-1868). Avec : Rodolphe Bruneau-Boulmier, présentation ; David Moreau, violon ; Raphaël Pagnon, alto ; Virgile Roche, piano ; Trio Zeliha : Manon Galy, piano ; Maxime Quennesson, violoncelle, Jorge Gonzalez Buajasan, piano.
« Bagatelle d’accordéons » : Toshio Hosokawa (né en 1955) : Melodia. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Casse-noisette (extraits). Jukka Tiensuu: Mutta. Franz Liszt : La Campanella (d’après Niccolò Paganini). Matteo Franceschini (né en 1979) : Marea. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto pour quatre clavecins en la mineur BWV 1065. Mauricio Kagel (1931-2008) : Pandora’s box. Régis Campo (né en 1968) : Pagamania!. Fanny Vicens, Vincent Lhermet, Théo Ould, Ambre Vuillermoz, Basha Slavinska, Yohann Juhel, Jean-Etienne Sotty