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De la poésie sauvage à un rite de Saaba, le Ballet danois de Göteborg a le vent en poupe

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Lyon. Maison de la danse. 14-V-2024. Wild Poetry. Première en France de la création 2023. Hofesh Shechter : chorégraphe et compositeur. Pour 16 interprètes de la GöteborgsOperas Danskompani. Lumières : Tom Visser. Costumes : Osnat Kelner Kedem. Assistante à la chorégraphie : Kim Kohlmann
SAABA, Sharon Eyal : chorégraphie. Co-création : Gal Behar. Pour 13 interprètes de la GöteborgsOperas Danskompani. Assistante à la chorégraphie : Rebecca Hylting. Musique : Ori Lichtik. Lumières : Alon Cohen. Costumes : Maria Grazia Chiuri

La compagnie GöteborgsOperans présentait à la Maison de la danse de Lyon un double programme de et composé de Wild Poetry et SAABA.


Wild Poetry est une ode à la poésie sauvage et non l'inverse. Comme souvent grâce au chorégraphe, les corps se déchaînent, en une transe étudiée, seize danseurs ici de haut-vol d'un des ballets les plus prisés en Europe, le Ballet suédois de Göteborg, dont la renommée n'est plus à faire. a créé pour eux, et avec eux, une impulsion très méditative, qui met en mouvement de groupe le plus souvent, un conte. Ce dernier commence par un cercle au sol de danseurs qui se forme, assis, un conteur se lève, désigne chacun un à un, comme pour leur expliquer… la vie ; mais très vite un autre danseur, moins grand peut-être, plus expressif, prend sa place et fait le clown, singe une pitrerie animalesque, bref c'est simiesque. Moins didactique, ce dernier a sans doute plus de charisme, en fait, comme le suggérera le final qui lui rendra hommage. En montrant peut-être à l'humanité, dégradée par la barbarie, qu'il ne suffit pas de se donner en spectacle pour avoir de l'ascendant sur les autres. La bienveillance, tout au contraire, et/ou l'entraide, suffisent ou plutôt sont des requisits. Ce que semble vouloir le chorégraphe, qu'il obtient toujours envers et contre tout, est le sentiment d'une histoire qui commence avec l'humanité, dans la culture (conter), qui passe par la nature (se démener, lever les bras au ciel, vouloir, pouvoir, aimer, haïr, etc.) et qui s'achève en une réflexion jamais primitive sur notre capacité à écouter ce que l'altérité a à nous dire.


Wild Poetry, poésie sauvage, nous transporte plus loin que toutes formes de mots, grâce à notre véhicule le plus mobile et le plus lourd parfois, notre corps ; en nous encourageant, semble-t-il, en solo ou à plusieurs, le plus souvent tous ensemble dans cette pièce jubilatoire sur une partition de percussions électroniques, dont le chorégraphe a l'expertise et le secret, d'aller plus loin. Bref ce chorégraphe orchestral fait danser nos peurs et nos souffrances en laissant advenir toujours beaucoup de joie. Ce qui le rend unique, ainsi que les danseurs qu'il embarque avec lui. Leurs costumes très street-wear vont dans le sens d'une décontraction sans l'être, leur dominante rouge et verte dynamise encore l'ensemble, qui nous laisse sans voix. Avec de la matière à penser. Il en irait d'un jonglage savant avec les autres, nous nous mouvons, vous vous mouvez, elles, ils, se meuvent. Sous des halos de lumières et de fumigènes, parfois de trop, jamais inutiles.

Avec la chorégraphe , ensuite, qui a écrit pour les danseurs du grand Ballet de Göteborg SAABA en 2021, il est difficile de ne pas évoquer d'emblée les costumes des treize danseurs, tant ils marquent l'action même de danser, en ces secondes peaux, de couleurs plus ou moins chair, voire quasi blanc pour la « soliste ». Ce sont des justaucorps signés par la styliste de Dior, Maria Grazia Chiuri, incrustés de broderies en dentelles, qui épousent les corps filiformes et athlétiques des danseurs, rendant leur être-sur-scène problématique. En effet les lumières les donnent à voir et penser comme des chairs à vif. Les danseurs sont sur pointes et se contorsionnent constamment comme en grande souffrance. Nulle joie ne se dégage ici de leurs rythmes. Plutôt l'impression que la souffrance est éternelle et qu'elle ne s'achèvera que dans la mort. Sorcellerie ou danse de mort, notre corps balance encore, en faveur plutôt d'une pluie de larmes qui se déverserait très lentement comme pour nous rappeler que l'humanité est à repenser à chaque instant pour ne pas sombrer. et sont de la même génération, nés tous deux à Jérusalem,  et durablement marqués par la Batsheva Company que Sharon Eyal a d'ailleurs dirigée pendant plusieurs années. Leur créativité s'est affinée auprès du chorégraphe Ohad Naharin, mais chacun trace son chemin de chorégraphe touché par la grâce, s'il en est.

Crédits photographes : © Tilo Stengel

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Lyon. Maison de la danse. 14-V-2024. Wild Poetry. Première en France de la création 2023. Hofesh Shechter : chorégraphe et compositeur. Pour 16 interprètes de la GöteborgsOperas Danskompani. Lumières : Tom Visser. Costumes : Osnat Kelner Kedem. Assistante à la chorégraphie : Kim Kohlmann
SAABA, Sharon Eyal : chorégraphie. Co-création : Gal Behar. Pour 13 interprètes de la GöteborgsOperas Danskompani. Assistante à la chorégraphie : Rebecca Hylting. Musique : Ori Lichtik. Lumières : Alon Cohen. Costumes : Maria Grazia Chiuri

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