Une transposition de Fidelio en BD

Guy Delvaux et Antonio Ferrara signent une adaptation en bande dessinée de l'opéra Fidelio de Beethoven.

La transposition en bande dessinée de romans, de récits ou autre ouvrage littéraire est de plus en plus en vogue. Avec leur collection « Si l'opéra m'était dessiné », l'auteur Guy Delvaux  et le dessinateur Antonio Ferrara souhaitent mettre en image les livrets des plus grands opéras du répertoire. Après l'adaptation d'Alcina, de Norma et de Thaïs vient la mise en image d'un autre opéra au rôle principal féminin – même si ici dans un rôle de travesti – Fidelio.

Unique opéra achevé de Ludwig van Beethoven, Fidelio raconte la libération du prisonnier Florestan par son épouse Léonore qui, en se déguisant en un jeune homme prénommé Fidelio, est venue travailler à la prison où son mari est détenu. Outre l'amour conjugal, l'opéra célèbre la justice et la liberté, thèmes chers à Beethoven. Si la dramaturgie du livret est adaptée à la scène, les invraisemblances en sont plus criantes quand le récit est transposé graphiquement, et peine à entraîner le lecteur dans les enjeux de l'histoire.

Guy Delvaux a traduit et versifié le livret en français permettant une lecture en même temps que l'écoute. La disposition des bulles est claire et inventive, on peut facilement distinguer les airs et les ensembles ; elles envahissent cependant souvent trop l'espace. Le dessin à l'aquarelle d'Antonio Ferrara ancre les personnages dans l'époque de l'histoire avec des décors que l'on aurait espérés plus travaillés. Cependant, même si certains personnages comme celui de Rocco sont réussis, exprimant une grande palette de sentiments, d'autres sont plus stylisés, notamment le personnage de Fidelio.

La volonté de ce genre d'ouvrages est toujours louable, celle d'amener le lecteur à franchir les portes d'un opéra. Il n'est cependant pas sûr que le public novice accroche tant du fait du récit que de sa mise en page. Pour le lecteur mélomane, l'ouvrage est une curiosité mais n'ajoute rien à une écoute en disque sans parler d'une représentation scénique. Pour que cela fonctionne, peut-être faut-il oser un pas de côté plus audacieux en se réappropriant et en adaptant davantage l'œuvre originale comme l'avaient fait les éditions Golf Stream avec La Traviata et La Flûte Enchantée.