La Tendresse : une invitation à l’introspection masculine par la Compagnie Les Cambrioleurs
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Le Parvis, scène nationale Tarbes Pyrénées. 13-V-2024. Cie Les Cambrioleurs : La Tendresse. Conception et mise en scène : Julie Berès. Écriture et dramaturgie : Kevin Keiss, Julie Berès, Lisa Guez avec la collaboration d’Alice Zeniter. Chorégraphe : Jessica Noita. Référentes artistiques : Alice Gozlan, Béatrice Chéramy. Scénographie : Goury. Création costumes : Caroline Tavernier, Marjolaine Mansot. Création lumière : Kélig Le Bars assistée par Mathilde Domarle. Création son et musique : Colombine Jacquemont. Assistant à la composition : Martin Leterme. Avec : Bboy Junior (Junior Bosila), Natan Bouzy, Charmine Fariborzi, Alexandre Liberati, Tigran Mekhitarian, Djamil Mohamed, Romain Scheiner, Mohamed Seddiki en binôme avec Ryad Ferrad, Saïd Ghanem, Guillaume Jacquemont.
Le Parvis Scène Nationale Tarbes Pyrénées accueillait, le temps d'un soir, la pièce La Tendresse, deuxième volet du diptyque sur le genre de la metteuse en scène Julie Berès.
Après avoir donné la parole aux femmes dans Désobéir, en tournée depuis 2017, c'est au tour des hommes de s'exprimer dans La Tendresse de Julie Berès. Fondée en 2001 par la metteuse en scène, la Compagnie Les Cambrioleurs tente depuis sa création de proposer une écriture scénique hybride qui, dans ce spectacle, créé en 2021 et déjà bien rôdé, prend la forme d'une pièce de théâtre intimiste, parsemée de séquences dansées.
Le rapport au corps masculin étant une des questions centrales de la pièce, cette utilisation des acteurs/danseurs s'avère très pertinente, car elle permet d'appuyer les confessions très personnelles de chaque personnage. On retiendra notamment un monologue sur la force, récité en effectuant des acrobaties très contrôlées, ou une expression de la virilité alternative incarnée par un danseur classique.
Le dispositif est simple, un groupe de sept jeunes hommes d'une trentaine d'années entre énergiquement sur le plateau et captive immédiatement l'attention du public en s'enjaillant sur un morceau de rap marseillais particulièrement entraînant. Ils prennent ensuite place au milieu de leur décor, une structure noire urbaine à mi-chemin entre le bunker et le hall d'immeuble, qui sera le lieu de leurs échanges autour de leur rapport à la masculinité. Pendant environ 1h30, les sept amis déroulent une longue discussion abordant des thématiques comme le rapport aux femmes, à la violence ou encore la fierté masculine, tour à tour sur le ton de la raillerie, de la dispute ou de la confession.
Portée par des interprètes d'une justesse et d'une sincérité très touchante, la pièce de Julie Berès est d'une efficacité redoutable, notamment grâce à des dialogues et à des transitions au rythme parfaitement maîtrisé. La Tendresse fait aussi montre de trouvailles de mise en scène très ingénieuses, comme entre autres la réalisation d'un clip de rap à l'aide d'un smartphone, projeté en temps réel sur une partie du décor. Ce dernier est également astucieusement utilisé de deux grandes manières : tantôt, en tant que sorte de devant d'immeuble éclairé par des lumières blanches de type néon, tantôt comme une structure verticale sur laquelle les acteurs grimpent pour donner vie à toute sorte de situations imaginaires illustrant la thématique du moment (scène de guerre pour le rapport à la violence, podium de boîte de nuit pour le rapport au corps masculin).
Déconstruite, sans être trop lisse ni moralisatrice, la pièce s'autorise la mise en lumière de ressentis extrêmement sensibles, comme la colère contre les femmes, la peur d'être accusé de viol ou la culpabilité d'appartenir au groupe des hommes, si souvent destructeurs et agressifs. Chaque personnage nourrissant chaque sujet de son propre point de vue et de sa propre histoire, la pièce aboutit à un discours global nuancé, néanmoins clairement en faveur de la libération, des femmes comme des hommes, des injonctions insoutenables et contradictoires du patriarcat.
Déstabilisés par la récente libération de la parole des femmes avec des évènements comme le mouvement #MeToo, nombreux sont les artistes désireux d'aborder la question du genre sous l'angle féminin, masculin ou LGBT. Cependant, peu sont parvenus à un résultat aussi fin, constructif et porteur d'espoir que Julie Berès avec La Tendresse.
Crédit photographique : © Axelle de Russé
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Le Parvis, scène nationale Tarbes Pyrénées. 13-V-2024. Cie Les Cambrioleurs : La Tendresse. Conception et mise en scène : Julie Berès. Écriture et dramaturgie : Kevin Keiss, Julie Berès, Lisa Guez avec la collaboration d’Alice Zeniter. Chorégraphe : Jessica Noita. Référentes artistiques : Alice Gozlan, Béatrice Chéramy. Scénographie : Goury. Création costumes : Caroline Tavernier, Marjolaine Mansot. Création lumière : Kélig Le Bars assistée par Mathilde Domarle. Création son et musique : Colombine Jacquemont. Assistant à la composition : Martin Leterme. Avec : Bboy Junior (Junior Bosila), Natan Bouzy, Charmine Fariborzi, Alexandre Liberati, Tigran Mekhitarian, Djamil Mohamed, Romain Scheiner, Mohamed Seddiki en binôme avec Ryad Ferrad, Saïd Ghanem, Guillaume Jacquemont.