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Myung-Whun Chung dans la Cinquième de Mahler : qui trop embrasse, mal étreint…

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-V-2024. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 5 en ut dièse mineur. Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Myung-Whun Chung

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Après une bouleversante Neuvième, ici même en 2022, , visiblement heureux, retrouve une nouvelle fois le « Philhar », dont il est chef honoraire, pour une Symphonie n° 5 de survitaminée, pénalisée par une ardeur excessive.

Il serait bien vain de rappeler les liens étroits unissant à l'Orchestre Philharmonique de Radio-France et au corpus symphonique du compositeur autrichien, tout particulièrement à la Cinquième, maintes fois remise sur le métier à la scène (Auditorium de Radio-France en 2015) comme au disque avec différentes phalanges.

Créée en 1904, plusieurs fois révisée, elle constitue le premier volet de la trilogie instrumentale regroupant les symphonie n° 5, 6, et 7. Composée dans une période mouvementée marquée, par deux événements majeurs, une hémorragie intestinale qui failli lui couter la vie et l'amoureuse rencontre avec Alma, elle retrace un long cheminement de l'ombre vers la lumière depuis une marche funèbre initiale jusqu' à un vigoureux rondo conclusif.

Les interprétations mahlériennes se suivent à la Philharmonie mais ne se ressemblent pas : si Klaus Mäkelä avait, hier, figé la joie de la Quatrième dans un phrasé lourd et monolithique, Myung-Whung Chung, offre, ce soir, de la Cinquième, une lecture survitaminée, quasi expressionniste, bien différente de celle proposée en 2015, menée sur un tempo beaucoup plus rapide (10 minutes de moins) très théâtralisée avec des nuances dynamiques variant du forte au triple forte, superbement servie par un Philhar superlatif, avec une mention particulière pour le cor et la trompette solo, ainsi que pour les cordes particulièrement engagées et réactives (quatuor et contrebasses).

Bien que purement instrumentale, elle se nourrit de nombreux thèmes empruntés au Wunderhorn, et se décline en cinq mouvements répartis en trois parties.

La première partie regroupe le premier mouvement et le deuxième mouvement, le premier apparaissant comme une introduction au second. La Marche funèbre ouvre la symphonie par une entame saisissante de la trompette avant que le phrasé ne se développe, très contrasté et tendu, sans statisme aucun, dans une alternance d'épisodes lyriques plus élégiaques que funèbres (cordes et petite harmonie) et de moments plus engagés fortement cuivrés (trompettes, trombones et percussions). Le deuxième mouvement, tourmenté et agité, confirme la dynamique soutenue, le phrasé quelque peu chaotique avec des contrastes très appuyés et des cuivres véhéments (un peu trop !) On y admire, tout à la fois, la précision de la direction qui fait briller tous les pupitres, autant que la puissance sonore du tutti d'où se dégagent toutefois de beaux contrechants de cor.

La deuxième partie est constitué par un immense Scherzo, énoncé avec force, sans presser. Immense, complexe et disparate, dépourvu d'ironie, il associe des fragments de Ländler, de valse et de trio aux allures pastorales où le maestro peine à maintenir la continuité du discours, laissant la part belle aux performances solistiques remarquables de la phalange parisienne, parmi lesquelles on retiendra la magnifique prestation, irréprochable de bout en bout, d'Antoine Dreyfuss au cor solo. On regrettera, toutefois, que le Ländler y manque un peu de rusticité peinant à s'individualiser dans ce maelstrom musical mené avec une fougue parfois démesurée.

La troisième partie regroupe l'Adagietto qui met en avant des cordes somptueuses au sublime legato et une harpe nostalgique dans une cantilène poignante et recueillie où certains ont vu une déclaration d'amour à Alma et le Rondo final au ton pastoral et populaire, plein d'entrain que Chung négocie dans l'urgence, l'attente et la joie, recrutant tous les pupitres (cor, petite harmonie, cordes graves et cuivres) avant de se résoudre dans une coda grandiose et solennelle qui met un point final à cette interprétation échevelée.

Crédit photographique : © Riccardo Musacchio

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