Des femmes qui se sacrifient ou qui sont sacrifiées, un thème prédominant dans l'opéra des XIXe et XXe siècle, qu'on retrouvera au programme de la saison 2024/2025 du Grand Théâtre de Genève, un « mouvement sacrificiel » élargi au registre idéologique, politique ou religieux au travers des œuvres proposées. La saison ouvrira avec Tristan et Isolde dans une mise en scène de Michael Thalheimer qui avait signé le Parsifal de 2023. La maison genevoise proposera encore deux opéras reportés de la période Covid, diffusés en streaming à l'époque : l'émouvante Clémence de Titus par Milo Rau et le spectaculaire Didon et Enée par la compagnie Peeping Tom. Une rareté vériste, Fedora de Giordano, marquera les débuts dans un opéra au GTG de Roberto Alagna et d'Aleksandra Kurzak sur fond d'espionnage russe en Suisse dépeint dans cette production par Arnaud Bernard (à la manœuvre à Liège pour Adriana Lecouvreur en 2023). La soprano russe Olesya Golovneva sera Salomé dans une réalisation de Kornél Mundruczó (Voyage vers l'espoir, 2023). La Khovanchtchina sera présentée dans l'instrumentation de Chostakovitch, les questions politiques n'y seront bien sûr pas très éloignées de notre actualité, ce qui permettra à Calixto Bieito de continuer son cycle d'opéras russes (après une formidable Lady Macbeth) en compagnie du chef Alejo Pérez. Romeo Castellucci livrera pour la première fois une production au GTG, hors les murs à la Cathédrale Saint-Pierre, avec un spectacle associant le Stabat Mater de Pergolèse et trois prières latines de Scelsi. On y retrouvera Barbara Hannigan et Jakub Józef Orliński ; les ensembles Il Pomo d'Oro et Contrechamps seront dirigés par la soprano pour Scelsi. La saison lyrique se terminera avec un destin de femme tragique : La Traviata par la metteuse en scène de théâtre Karin Henkel, l'occasion de réentendre la soprano Ruzan Mantashyan, déjà remarquée plusieurs fois dans les lieux et notamment dans La Juive en 2022.
Trois spectacles seront dansés par le Ballet du Grand Théâtre de Genève. Ihsane de Sidi Larbi Cherkaoui (en coproduction avec le Théâtre du Châtelet) sera le deuxième volet du diptyque après Vlaemsch en 2022 dédié à ses racines flamandes maternelles. Cette nouvelle création évoquera cette fois le sacrifice des ancêtres et appellera à la bienveillance et la spiritualité en hommage à la figure paternelle et à ses origines marocaines, accompagné d'une équipe d'artistes puisant ses influences dans le bassin méditerranéen. Artiste associé, Damien Jalet (après Planet [wanderer]) proposera avec Mirage, sa première création pour le Ballet du GTG. En compagnie du plasticien Kohei Nawa, il confrontera « le corps humain à différents matériaux » et « épluchera les interprètes couche après couche, explorant une variété infinie d'états« . « Onbashira Diptych » (du nom d'un festival japonais à flanc de montagne) rassemblera deux pièces de Damien Jalet : Skid et Thr(o)ugh sur le thème du danger, des « moments inexorables » et de la thérapie, inspirés de l'expérience du chorégraphe témoin des attentats de Paris en 2015. La Compagnie Sasha Waltz and Guests sera l'invitée de la saison avec Beethoven 7 de la chorégraphe, créé en mars 2023 à Berlin (et capté en 2021) et qui sera donné dans le Bâtiment des Forces Motrices. Treize interprètes danseront pour une « réflexion sur les utopies » où dialogueront la symphonie de Beethoven et une création live du compositeur chilien Diego Noguera. Le Ballet du GTG aura par ailleurs plusieurs dates de tournée en France : Outsider à Grenoble en octobre, Via au Volcan du Havre en novembre, Ukiyo-e à Rouen et Saint-Etienne en décembre, et aussi à Paris au Théâtre du Châtelet Ihsane en mars et Strong/Busk/Boléro en avril. (NF)