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Strasbourg. Opéra National du Rhin. 3-V-2024. Hugo Wolf (1860-1903) : Die Spröde, der Rattenfänger, Die Bekehrte. Augusta Holmes (1847-1903): La Guerrière, La Princesse sans cœur. Maurice Ravel (1875-1937) : Ondine, Asie, la Flûte enchantée, l’indifférent. Gabriel Fauré (1845-1924) : La Fée aux chansons, Sérénade toscane, Après un rêve. Henry Purcell (1659-1699) : One charming night (ext. de The Fairy Queen). Stephen Sondheim (1930-2021): Last Midnight, No One is Alone (ext. de Into the Woods). Joni Mitchell (née en 1943): Both Sides Now. Julie Fuchs, soprano et Alphonse Cemin, piano
Dans le genre anti-diva rigolote, Julie Fuchs fait un personnage très réussi et donne à Strasbourg une soirée aussi plaisante que variée.
A l'aise sur scène, la belle soprano parle, déambule, présente ses choix, plaisante avec le pianiste ou le public, et fait montre d'une joie de vivre communicative. Son répertoire aussi fait fi des conventions et des barrières : baroque, mélodie, lied, musical et folk, tout est bon à chanter, tout lui plait et tout lui va bien. C'est donc une bonne soirée qui s'annonce, décontractée, éclectique et raffinée.
Elle commence avec trois Goethe Lieder d'Hugo Wolf, bien sentis et bien articulés, mais chantés de façon un peu passe-partout : le chic viennois, l'ambiguïté des sentiments entre humour et nostalgie font un peu défaut. Avec les Ravel, au contraire, la cible est atteinte en plein centre. Aidée par le piano ondoyant et frémissant d'Alphonse Cemin, Julie Fuchs nous emmène dans un voyage rêvé riche d'émotion, de poésie, voire de fantasmes, avec sa belle voix argentée et bien timbrée, et une déclamation transparente. Augusta Holmès et Gabriel Fauré bénéficient du même traitement distingué. Mais dans Après un rêve, au demeurant parfaitement diaphane, une note pianissimo dévoile une brisure mal venue dans la voix. Un accident, certes, mais qui a tendance à se répéter dans la suite du récital, et qu'il faudra traiter.
Un air de Purcell extrait de The Fairy Queen semble un peu sec avec l'accompagnement du piano, mais permet une transition habile vers le répertoire américain contemporain. Voici en fin de programme deux longs extraits de la comédie musicale In the Woods et une chanson de Joni Mitchell, où la cantatrice s'assoit au bord de la scène comme pour se rapprocher au maximum du public, et prend un plaisir évident à chanter en anglais, dans une tessiture qui ne sollicite ni grave ni aigu. C'est le moment de faire miroiter un médium radieux dans un très beau mezza-voce. Le public accueille avec joie ces « songs », et même donne une réplique ponctuelle d'une très belle voix de baryton (ha mais…, n'est-ce pas Stéphane Degout que nous apercevons dans la loge de l'empereur ? Il est vrai que le récital a lieu entre deux représentations de Guercoeur…). La soirée se conclut agréablement avec trois bis, toujours avec le même charme et le même éclectisme : l'excellent tango Youkali de Kurt Weil, donné avec un goût parfait sans tic de cabaret, Une petite cantate de Barbara, pudique et émouvante, et l'aria nocturne de Susanna.
Crédits photographiques © Gérard Uféras
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Strasbourg. Opéra National du Rhin. 3-V-2024. Hugo Wolf (1860-1903) : Die Spröde, der Rattenfänger, Die Bekehrte. Augusta Holmes (1847-1903): La Guerrière, La Princesse sans cœur. Maurice Ravel (1875-1937) : Ondine, Asie, la Flûte enchantée, l’indifférent. Gabriel Fauré (1845-1924) : La Fée aux chansons, Sérénade toscane, Après un rêve. Henry Purcell (1659-1699) : One charming night (ext. de The Fairy Queen). Stephen Sondheim (1930-2021): Last Midnight, No One is Alone (ext. de Into the Woods). Joni Mitchell (née en 1943): Both Sides Now. Julie Fuchs, soprano et Alphonse Cemin, piano