Le corniste Georges Barboteu compositeur pour son instrument

La carrière prestigieuse du corniste français Georges Barboteu l'a conduit à assumer d'inoubliables participations au sein de formations orchestrales de grande renommée. De la passion qu'il nourrissait pour son instrument il nous a légué un certain nombre de partitions que les instrumentistes impliqués et brillants de cette réalisation nous invitent à découvrir.

Fils d'un professeur de cor à Alger, Georges Barboteu commence à travailler cet instrument dès l'âge de neuf ans et rejoint l'Orchestre symphonique de la Radio d'Alger cinq années plus tard, à l'âge de quatorze ans! Une rencontre avec l'immense Charles Munch le conduit à entreprendre des études de composition (1938). Une décennie plus tard (1948) il intègre l'Orchestre national de France (second soliste) et entre au Conservatoire national de musique en 1950. Son activité ne faiblit pas, après avoir remporté le Concours de Genève (1951), il joue au sein de l'Orchestre Lamoureux, puis de l'Orchestre de Paris à la demande de Karajan. Il enseigne au CNSM de Paris (1969-1989), fonde le quintette de cuivre Ars Nova (1964) et compte de nombreux élèves dont Hervé Joulain qui offre son talent au présent enregistrement.

En tant que corniste de premier plan il bâtit une discographie très remarquée allant du XVIIᵉ siècle à l'époque contemporaine. Il laisse également des livres d'études pour cor et une quarantaine de pièces pour son instrument seul mais aussi avec d'autres instruments comme le piano et le quatuor à cordes. Certaines pages ont été utilisées pour les examens du Conservatoire.

La maîtrise de l'instrument et sa mise en valeur, caractéristiques spécifiques de Georges Barboteu, bénéficient de l'implication de très haut niveau des interprètes de cette livraison, très attentifs à respecter l'esthétique du compositeur. Cette dernière, dans son ensemble paisible, pacifique, joliment euphonique, simplement mélodique et attisée par une énergie authentique sans cesse contrôlée se retrouve dans ce travail fidèle et chevronné.

Le corniste Hervé Joulain se retrouve en première ligne dans les dix partitions de ce programme. Son jeu remarquable s'adapte aux désirs de Barboteu et ainsi lui rend un hommage authentique et brillant. Dans les Quartetto n° 1 et 2 (1972), dans Sologne (1981) et Noël (1961) qui exigent quatre cors, il joue toutes les parties sans lourdeur aucune. On le retrouve seul dans la Suite Concertante (1963) et dans l'Étude Classique n° 1 (1969) où il embellit les qualités du compositeur soulignées plus haut. Les pièces pour cor et piano ne déméritent nullement avec la participation efficace de Tatiana Chernichka. Le sommet de ce programme revient sans doute au Triptyque pour cor et quatuor à cordes (1993), dédié à Hervé Joulain, dont les trois mouvements, Andante, Moderato « Pastorale » et Allegro Moderato élargissent agréablement la palette créatrice de Georges Barboteu.

Une réhabilitation bienvenue de l'œuvre du fameux corniste Georges Barboteu.