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Beate Vollack, une directrice de ballet tournée vers l’innovation

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Depuis sa nomination à la tête de en septembre 2023, n'a pas chômé et compte bien continuer sur sa lancée. L'annonce de la programmation de sa première saison fut l'occasion de faire le bilan de ses réalisations jusqu'ici et d'évoquer ses ambitions futures pour le ballet.

ResMusica : Comment se sont déroulées les répétitions avec pour cette entrée au répertoire du Chant de la Terre ?

: Recevoir une telle légende a été un moment inoubliable pour toute l'équipe. Au-delà de la forme, se focalise dans cette pièce avant tout sur les émotions et cette approche différente nous a beaucoup apporté. tient absolument à aborder systématiquement sa pièce comme s'il la voyait pour la première fois et souhaite que celle-ci reste « vivante ». Chaque danseur ayant ses propres spécificités et sensibilités, il l'adapte à leur personnalité pour que la chorégraphie reste organique. Il a fait beaucoup de changements pour nous.

RM : Connaissez-vous bien le chorégraphe et avez-vous déjà travaillé avec lui ?

BV : Oui, j'ai travaillé avec John Neumeier au , où j'ai eu la chance de danser trois de ses pièces. Mais cette fois-ci, l'expérience fut d'autant plus enthousiasmante que je n'exerce désormais plus les mêmes fonctions : je l'ai reçu en tant que directrice de compagnie. Ce fut un moment extraordinaire. Nous avons particulièrement apprécié sa générosité, sa bienveillance et son immense savoir.

RM : Vous avez pris vos nouvelles fonctions de directrice de la danse de l'Opéra national du Capitole de Toulouse en septembre dernier, quel est votre bilan jusqu'ici et qu'attendez-vous de la saison 24-25 ?

BV : Toute cette expérience a été un voyage émotionnel très intense. En arrivant, j'ai dû assimiler une immense quantité d'informations : une nouvelle langue, le fonctionnement de la compagnie, etc. Cela fait maintenant six mois que j'occupe mes fonctions ici et je peux dire que les choses s'apaisent, car je connais désormais mes danseurs et nous nous sommes habitués à travailler ensemble. Je tiens à les décharger complètement des problèmes pour qu'ils n'aient à se préoccuper que de la danse.

Avec la saison 24-25, je souhaite commencer à mettre en œuvre ma vision pour la compagnie. Les danseurs du sont très polyvalents et capables d'incarner toute la diversité du répertoire classique, moderne et contemporain. C'est pour ça que j'ai choisi de ne pas articuler ma programmation autour d'un grand thème, mais plutôt de puiser dans des époques différentes de l'histoire de la compagnie. Coppélia est un grand classique de l'histoire du ballet français et Balanchine est également peu dansé en France, alors pourquoi pas nous ? Du côté de la musique, en plus de , nous danserons aussi sur , et .

RM : Vous avez choisi d'ouvrir la prochaine saison par un programme réunissant deux créations autour du compositeur . Quelle a été votre motivation derrière ce choix de mêler l'ancien et le nouveau ?

BV : C'est qui a été le moteur de cette production. Personnellement, j'aime le fait que les ballets Sémiramis et Don Juan n'ont encore jamais été présentés ensemble. Pour moi, la musique ancienne possède la grande qualité d'être intemporelle. Elle fonctionne toujours avec une écriture chorégraphique contemporaine.

RM : Les 4 et 5 juillet 2025, vous allez donner la possibilité aux danseurs de la compagnie de présenter leurs propres créations au couvent des Jacobins. Comment la compagnie a-t-elle réagi à cette proposition ?

BV : Les danseurs en sont très heureux. Ils sont nombreux à avoir envie de créer, mais ils m'ont aussi confié qu'en France il est difficile de passer le cap de la première création. Lorsqu'ils souhaitent proposer un premier projet, on leur demande toujours d'avoir de l'expérience. Pourtant, paradoxalement, les chorégraphes ont pris l'habitude de s'appuyer sur la créativité de leurs interprètes pour construire leurs pièces. Les danseurs sont donc déjà expérimentés, ils ont simplement besoin d'un espace pour s'exprimer.

RM : Parmi les chorégraphes annoncés dans la saison 24-25, seule Morgann Runacre-Temple est une femme. Comment abordez-vous cette question ainsi que celle de la diversité ?

BV : Ce sont deux problématiques très importantes pour moi. J'ai cherché autant que possible à programmer des chorégraphes femmes, mais malheureusement, dans le répertoire d'une compagnie comme celle-ci, on ne trouve quasiment que des hommes. Je remarque d'ailleurs que je suis la seule directrice de ballet en France actuellement. J'ai reçu un accueil très chaleureux à Toulouse, mais par le passé on m'a reproché d'être trop jeune, d'être une fille et de ne pas avoir assez d'expérience. Pourtant, il faut bien que l'on nous fasse confiance une première fois. Les femmes ne sont plus simplement des muses de la danse. Je veux prouver que me choisir était la bonne décision.

En ce qui concerne la diversité, je souhaite que la compagnie s'internationalise, mais les candidats avec des profils divers se font rares. Plutôt que d'attendre que ce type de personnes viennent à nous, je veux que la compagnie aille vers eux en espérant parvenir à déclencher des vocations. C'est un point sur lequel je réfléchis encore.

RM : La création d'un pôle santé danse a également été annoncée. Quels sont les besoins spécifiques identifiés dans la compagnie qui ont motivé un tel projet ?

BV : Quand je suis arrivée, les besoins en matière de santé me sont apparus évidents. La protection et la prévention sont des choses essentielles pour une compagnie de 35 danseurs. Pourtant, ces derniers ne disposaient que de quelques heures de permanence de kinésithérapie. Aujourd'hui, deux kinés sont présents toute la semaine et à l'issue des représentations. C'était une première mesure simple à mettre en place et je compte continuer sur cette lancée, car je dispose du total soutien de sur ce point. La prochaine étape consistera à acquérir du matériel de fitness, d'étirement et de récupération. Nous projetons aussi de collaborer avec un médecin du sport. Toutes ces choses se font en consultation avec les danseurs et ils sont soulagés de ces évolutions.

RM : Vous avez exprimé votre volonté d'être à l'écoute de vos danseurs, sur quelles problématiques la génération actuelle souhaite-t-elle attirer votre attention ?

BV : À vrai dire, je suis encore en train de découvrir le système français. Ici, durant les deux semaines que dure chaque spectacle, les danseurs commencent à midi et enchaînent leur cours technique, les répétitions et les représentations d'une seule traite. Je les admire d'être capables d'une telle performance. J'ai néanmoins fait un choix qui change beaucoup de choses pour eux. Je n'interviens pas dans l'attribution des rôles et c'est désormais à eux de choisir d'auditionner ou non. Je les laisse être maître de leur carrière en leur offrant cette liberté. Le choix final de la distribution revient au chorégraphe. C'est une nouvelle façon de faire à laquelle ils s'habituent encore et qui me permet de conserver une certaine neutralité dans mes rapports avec eux.

Crédits photographiques : © Werner Kmetitsch et Ian Whalen

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