Musique, sciences et santé, ou tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la musique

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Musique, sciences et santé. Ouvrage collectif sous la direction d’Emmanuel Bigand et Gérard Mick. Editions Dunod. 2024. 332 p. 32 euros

 

Voilà un livre exigeant et passionnant qui ne manquera pas de raviver douloureusement l’humilité de certains musicographes, mais qui saura également répondre, dans le même temps, aux nombreuses questions que peuvent se poser le musicien et l’auditeur, sans avoir jamais osé les formuler… concernant notamment les neurosciences.

Très intelligemment structuré en quatre parties (La musique éclairée par la science ; Effets biologiques de la musique chez l’humain ; La musique comme outil thérapeutique ; Bon usage et mésusage en écoute et en pratique musicale) et bénéficiant d’un support éditorial irréprochable avec de larges bibliographies attachées à chaque chapitre, cet ouvrage collectif fait état des recherches les plus récentes en la matière.

Il faut partir d’un invariant ethnomusicologique : il n’y a pas de société sans musique ! Elle est universelle, le plus métaphysique des arts, puisqu’elle conjure et aménage le temps. Mais au-delà, la musique a également une fonction sociale (chansons, airs de danse, prières, musicothérapie…) de même qu’elle contribue par l’intermédiaire de la création contemporaine à développer nos systèmes cognitifs, apparaissant ainsi comme un véritable moteur de l’évolution.

Que les doigts du musicien se souviennent ou que l’auditeur expérimente le frisson musical, cela relève du travail sophistiqué de la mémoire, pointant du doigt l’importance de notre cerveau dans la réception de la musique. L’étude des rapports étroits entre la mémoire et l’expérience musicale a largement et récemment bénéficié des avancées des neurosciences et de la neuro-imagerie cognitive fonctionnelle. Ce sont ces dernières qui permettent de définir précisément le rôle spécifique de différentes régions cérébrales dans la fonction musicale. La cartographie du cerveau musicien est complexe et ne peut se résumer à la localisation de régions cérébrales spécialisées et isolées dans la perception de la hauteur, des rythmes ou des timbres… au contraire, elle ne peut se concevoir que comme la contribution fonctionnelle de différentes régions critiques correspondant à des réseaux neuronaux complexes modulables par l’expérience individuelle et la neuroplasticité cérébrale. Le lobe temporal s’affirmant comme un élément essentiel dans la perception musicale, la mémoire musicale et dans les émotions musicales.

Si l’on considère la musique comme une structure acoustique complexe (durée, hauteur, timbre, dynamique) non verbale, il est possible d’étudier comment le cerveau perçoit cette structure et ses conséquences dans l’apprentissage, la mémoire, le mouvement, les émotions et le plaisir musical qui, lui, implique un réseau neuronal spécifique appelé « circuit de la récompense » associé à la libération de dopamine, l’hormone du plaisir immédiat.

Ces connaissances dans le domaine des neurosciences cognitives peuvent également être élargies à des applications thérapeutiques : outil d’éveil dans la petite enfance ; musicothérapie dans la maladie d’Alzheimer ; dans la maladie de Parkinson ; prise en charge et soulagement de la douleur ; soins palliatifs ; pathologies et troubles du développement de l’enfant, surdité…

Rédigé de façon particulièrement claire et didactique, ce livre saura passionner jusqu’au plus exigeant des lecteurs, indispensable à quiconque s’intéresse de près ou de loin à la musique !

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Musique, sciences et santé. Ouvrage collectif sous la direction d’Emmanuel Bigand et Gérard Mick. Editions Dunod. 2024. 332 p. 32 euros

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