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L’Ensemble Links fête les 70 ans de la Maison de Norvège

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Paris. Maison de Norvège, Cité universitaire internationale de Paris. 28.IV.2024. Sven-Lyder Kahrs (né en 1959) : 5 Intermezzi (1998), pour quatuor à cordes ; Anna Berg (née en 1992) : Earthward, Ever Circling (2023), pour trio à cordes ; Rune Rebne (né en 1961) : Ssadee-ee (2022), pour quatuor à cordes ; Lanqing Ding (née en 1990) : Gris, pour quatuor à cordes (CM) ; Didier Rotella (né en 1982) : Fragrances, mouvements 1-2, pour quatuor à cordes (CM). Quatuor Links : Constance Ronzatti et Laurine Rochut, violon ; Elodie Gaudet, alto ; Anne Mousserion, violoncelle.

À l'initiative de la compositrice norvégienne , le concert en quatuor de l' fête les 70 ans de la Maison de Norvège à la Cité universitaire internationale de Paris : cinq pièces au programme et autant de compositeurs présents dans les rangs du public.

Installées devant la baie vitrée de la salle de concert dont on n'a pas tiré les rideaux, les quatre musiciennes – Constance Ronzatti et Laurine Rochut, violon, Elodie Gaudet, alto et Anne Mousserion, violoncelle – débutent par les Cinq intermezzi (1998) du compositeur norvégien Sven-Lyder Kahrs. Dans l'esthétique d'un Webern, l'écriture mêle sons et silence, articulant les figures sonores comme les mots dans un poème : musique de l'essentiel, procédant par éclats successifs, ces cinq miniatures sont restituées avec beaucoup de sensibilité par nos quatre musiciennes. D', Earthward, Ever Circling (« Vers la terre, toujours en cercle ») est une pièce récente (2023) pour trio à cordes d'un seul mouvement ; les voix en polyphonie sondent différents registres, la répétition est litanique et le rythme iambique (brève-longue) presque obsessionnel : une « cavatine » pourrait-on dire, s'agissant d'une pièce où affleure le lyrisme et où l'errance et le champ introspectif entretiennent le mystère. a travaillé avec en Norvège, dont le Quatuor Links interprète Ssadee-ee. Si le sens du titre nous échappe, la musique affiche une dimension ludique, avec des motifs qui se répètent et varient selon les modes de jeu envisagés. L'écriture est pulsée, instaurant des jeux rythmiques d'une belle complexité.

C'est le « gris » d'un automne à Paris que la compositrice chinoise veut « dépeindre » dans sa pièce pour quatuor. La texture est fragile, au bord du silence, tissée finement par les quatre archets solidaires dans une première partie où Lanqing nous invite à écouter entre les sons. La seconde partie, plus animée, culmine dans les aigus avant de réinstaurer l'atmosphère poétique du début.

La dernière pièce, Fragrances, du Français est la plus développée (près de 25′). L'accord du deuxième violon a été modifié, l'instrument jouant 5/4 de ton plus bas que le premier, dans une position intermédiaire entre violon et alto. Telle est l'exigence du compositeur qui, au côté de Rémi Durupt, co-fondateur de l', vient présenter sa pièce. Comme le titre, Fragrances, le laisse (prés)sentir, il est question de parfums et de correspondances subtiles (synesthésiques) entre sons et odeurs : une aventure sensorielle qui, de toute évidence, enflamme l'imagination du compositeur. De fait, l'écriture y est effervescente, où la fragrance se convertit en énergie sonore et en mouvement dans l'espace. La première partie est éruptive, mêlant impacts bruités (sur la caisse des instruments), sons saturés, filtrés, matière dense ou atomisée, engageant le geste virtuose de nos quatre musiciennes très réactives. La seconde partie croise, combine, superpose les figures, entre lignes pures et densité des trames, sons écrasés et bruits recherchés (le craquement boisé obtenu sur le dos du violon de Constance Ronzatti est superbe !), coups d'accélération et ralentissements subits. La musique est à haute tension et la concentration des interprètes sans faille pour dessiner une trajectoire dont les dernières minutes enclenchent un processus de filtrage et d'élimination qui anticipe de belle manière la retombée dans le silence.

La pièce a été enregistrée il y a quelques semaines. Elle est l'affiche d'un CD monographique chez Kairos prévu au printemps 2025.

Crédit photographique : © Célia Boutilier

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Paris. Maison de Norvège, Cité universitaire internationale de Paris. 28.IV.2024. Sven-Lyder Kahrs (né en 1959) : 5 Intermezzi (1998), pour quatuor à cordes ; Anna Berg (née en 1992) : Earthward, Ever Circling (2023), pour trio à cordes ; Rune Rebne (né en 1961) : Ssadee-ee (2022), pour quatuor à cordes ; Lanqing Ding (née en 1990) : Gris, pour quatuor à cordes (CM) ; Didier Rotella (né en 1982) : Fragrances, mouvements 1-2, pour quatuor à cordes (CM). Quatuor Links : Constance Ronzatti et Laurine Rochut, violon ; Elodie Gaudet, alto ; Anne Mousserion, violoncelle.

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