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Le National accompagne Seong-Jin Cho dans l’Égyptien de Saint-Saëns

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique. Auditorium. 25-IV-2024. Lili Boulanger (1893-1918) D’un matin de printemps. D’un soir triste. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto pour piano n° 5 en fa majeur « Égyptien », opus 103. Seong-Jin Cho, piano. Claude Debussy (1862-1918) : La Mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre, CD 111. Orchestre National de France, direction musicale : Cristian Măcelaru

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Avec un programme intégralement français destiné ensuite à une courte tournée allemande, reste en surface des partitions de et , pour lesquelles il profite juste des couleurs du National de France, dans un concert encore moins convaincant lors du Concerto n°5 de Saint-Saëns avec .

Prévu dans le même concerto quelques jours plus tard dans deux villes d'Allemagne, aurait peut-être dû inverser l'ouvrage avec celui porté ensuite par Alexandre Kantorow pendant une dizaine de jours en Espagne, toujours en compagnie de l' et de son directeur musical .

Car si les coloris claires des bois et une belle transparence des cordes ressortent bien de l'ensemble pour D'un matin de printemps de en ouverture, la lecture du Concerto pour piano n°5 « Égyptien » de peine à trouver l'inspiration dont l'ouvrage composé à Louxor a besoin. En cause, la direction du chef emmène beaucoup moins loin que dans ses propositions des concertos pour violoncelles ou des symphonies du même compositeur ces dernières années, mais le pianiste sud-coréen n'est pas en reste dans le manque de ferveur global. Aucune faute de goût ni encore moins d'erreurs techniques ne sont à déplorer, mais passer dans l'œuvre quelques mois après Bertrand Chamayou et Alexandre Kantorow nécessite de proposer non seulement de l'agilité, mais aussi une flamme de tous les instants.

Justement, Kantorow sera de la tournée de mai avec le National, mais pour un Concerto n°2 de Chopin que Cho connaît bien et pour lequel le jeu parfaitement adapté au style aurait sans doute plus convaincu, tandis qu'il faut se contenter de cette même approche pour ne trouver avec Saint-Saëns que quelques moments vraiment attirants, et notamment la partie mélancolique de la fin de l'Allegro animato, abordée presque comme une pièce de Chopin. Pour le reste, on a l'impression que le pianiste traite la partition comme il pourrait le faire de n'importe quelle autre, d'un toucher souvent délicat et d'un geste toujours lyrique, mais sans les étincelles ni le feu qu'y mettaient récemment les deux artistes précités. On reste face à cette interprétation toujours un peu en retrait, qu'il s'agisse de l'Andante peu sensible ou du Molto allegro pas assez énergique. Et pour ne rien arranger, malgré le fait de ne jamais être en contradiction de tempi comme ont pu l'être récemment Trifonov et Mäkelä dans le 2ème de Chopin, jamais le soliste et le chef ne parviennent à trouver une véritable cohérence de propos, comme si chacun avançait avec l'autre sans vraiment jamais l'écouter. En bis, la Pavane pour une infante défunte au piano fera un beau pendant à la Pavane de Fauré offerte par l'orchestre à la fin du concert.

Au moins, le concerto aura mis en valeur quelques instruments, dont le hautbois et son thème ensorcelant, ou le premier violon de Sarah Nemtanu, dont on profitera encore plus par la suite. Avec la seconde partie, est encore à l'honneur, comme elle le sera le lendemain avec le Philharmonique de Radio France pour son Psaume 24. Pendant orchestral au matin introductif, D'un soir triste s'adapte bien et permet de faire ressortir les teintes sombres debussystes de l'orchestre, en plus de la clarinette de Patrick Messina dans un beau solo. Cependant et malgré ces plaisirs fugaces, comme ceux des harpes et des percussions parfaitement ajustées – les cors semblent encore parfois un peu en rodage dans les attaques -, il aurait fallu bien plus pour agiter La Mer en fin de soirée, que ni l'aube ni midi ne dynamisent en première partie, ni les trop petites vaguelettes des Jeux de vagues et encore moins un Dialogue du vent et de la mer sans aucun fracas. Bien trop sage, cette lecture laisse un goût d'inachevé avant le bis précité, tendrement joué sans convaincre, comme si le National et Măcelaru avaient déjà perdu le plaisir qu'ils avaient trouvé il y a deux ans à jouer ensemble.

Crédits photographiques : © ResMusica

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