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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 26-IV-2024. Lili Boulanger (1893-1918) : Psaume 24 ; Romualdas Gražinis (né en 1962) : Sutartiné ; Anton Bruckner (1824-1896) : Psaume 150 ; Symphonie n° 6 en la majeur. Mary Elisabeth Williams, soprano. Chœur et Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Mirga Gražynité-Tyla.
Un programme rare pour le Chœur et l'Orchestre Philharmonique de Radio-France qui regroupe des œuvres chorales peu connues de Lili Boulanger et Romualdas Gražinis autour de la Symphonie n° 6 et du Psaume 150 d'Anton Bruckner sous la direction de Mirga Gražynité-Tyla.
Les concerts se suivent mais ne se ressemblent pas à la Philharmonie… Après l'émotion du concert donné la veille par Herbert Blomstedt avec l'Orchestre de Paris, c'est ce soir la déception qui est au rendez-vous devant la prestation en demi-teinte de Mirga Gražynité-Tyla à la tête du Chœur et de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, malgré un programme très alléchant…
Si la première partie dédiée à la musique chorale regroupant trois œuvres rares (Psaume 24 de Lili Boulanger, Sutartiné de Romualdas Gražinis et Psaume 150 de Bruckner) emportent notre adhésion par l'excellence bien connue du Chœur de Radio-France et l'expérience de Mirga Gražynité-Tyla comme Cheffe de chœur, la seconde partie purement symphonique déçoit amèrement par la lecture fragmentée et sans tension de la Sixième de Bruckner.
Le Psaume 24 de Lili Boulanger (1916) qui ouvre la soirée surprend tant par sa violence que sa brièveté : chant de victoire d'un élan irrésistible, les voix d'hommes y sont dominantes avec un beau solo de ténor tandis que les voix de femmes s'y montrent plus discrètes. L'accompagnement orchestral fortement cuivré et les timbales véhémentes en renforcent l'impact émotionnel et l'éclat sidérant.
Sutartiné (2018) est une œuvre pour chœur mixte à huit voix a capella, composée par Romualdas Gražinis, le père de Mirga : très belle pièce d'inspiration folklorique lituanienne arguant d'une superbe polyphonie et comprenant plusieurs sections qui impressionnent par leur sublime legato alternant avec des passages plus agités.
Le Psaume 150 d'Anton Bruckner (1892) conclut cette première partie : motet triomphant composé pour chœur mixte, soprano (Mary Elisabeth Williams) et orchestre, dont le texte extrait de la Bible de Luther reprend l'inventaire de l'instrumentarium ! Le Psaume 150 sorte de Te deum avant l'heure, se présente comme une grande hymne jubilatoire puissamment cuivrée soutenue par de retentissantes timbales qui contrastent avec la ferveur douloureuse de la cantilène du violon solo et de la soprano.
Décevante, la seconde partie est totalement dévolue à la Symphonie n° 6 (1881) d'Anton Bruckner dont Mirga Gražynité-Tyla donne une lecture en patchwork, associant le bon et le moins bon, avec des premiers et derniers mouvements peu convaincants et des mouvements centraux mieux négociés. Malgré une belle entame, le Majestoso initial parait rapidement confus avec des cuivres mal contenus, un excès de nuances et une discutable gestion de l'agogique préjudiciable à la continuité du discours qui parait, dès lors, assez fade, sans tension, ni souffle épique unificateur des différents thèmes. Restent quelques beaux moments comme le dialogue entre cor et cuivres ou certains passages lyriques portés par les cordes. L'Adagio, plus satisfaisant, séduit par le lyrisme et le legato des cordes (altos) comme par les belles prestations de la petite harmonie (hautbois) ou de superbes contrechants de cor. Admirablement mené le Scherzo se développe selon un phrasé mordant au rythme implacable dont on admire la mise en place au cordeau et les couleurs fantasmagoriques. Contrebasses, petite harmonie, cuivres et timbales sont des acteurs essentiels de cette progression pleine d'urgence qui contraste avec le Trio plus apaisé des trois cors. Là encore après un début prometteur par son engagement, ses couleurs (presque galantes), le Finale retombe rapidement dans les travers du premier mouvement par son aspect décousu. On retiendra toutefois un beau solo de cor et une coda pleine de verve avec de puissants trombones.
Crédit photographique : © Astrid Ackermann
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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 26-IV-2024. Lili Boulanger (1893-1918) : Psaume 24 ; Romualdas Gražinis (né en 1962) : Sutartiné ; Anton Bruckner (1824-1896) : Psaume 150 ; Symphonie n° 6 en la majeur. Mary Elisabeth Williams, soprano. Chœur et Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Mirga Gražynité-Tyla.