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Herbert Blomstedt dans la Huitième de Bruckner : l’âge ne fait rien à l’affaire !

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 25-IV-2024 . Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 8 en ut mineur (version Haas). Orchestre de Paris, direction : Herbert Blomstedt.

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Habituel invité de l', livre à l'occasion de cette nouvelle rencontre avec la phalange parisienne une interprétation très émouvante de la Symphonie n° 8 d'.

Comment ne pas se souvenir, à la faveur de ce beau concert, de la mémorable lecture de cette symphonie déjà donnée par par un soir de septembre 2012, Salle Pleyel, avec ce même orchestre, juste avant le départ pour la Brucknerfest de Linz ; une interprétation admirable par sa puissance envoûtante, par sa justesse de ton, par sa clarté et par son équilibre qui avait fait lever la salle pendant de longues minutes. Aujourd'hui le maestro, âgé de 96 ans révolus, qui fête cette année ses 70 ans de carrière, remet une fois encore cette monumentale et mythique symphonie du maitre de Saint-Florian sur le métier…Les années passent, la fatigue s'accumule, mais l'envie, l'amour de cette musique et l'excellence demeurent.

Ce qui frappe dans l'interprétation donnée ce soir, c'est sa hauteur de vue témoignant d'une connaissance profonde de l'œuvre, son naturel dans la progression dynamique constamment tendue et sa vitalité impressionnante soutenue par la complicité et l'adhésion totale de la phalange parisienne. Contre toute attente, l'âge ne faisant rien à l'affaire, le maestro, encore diminué physiquement depuis sa dernière apparition sur scène en 2023 pour son concert totalement dédié à Schubert, dirigeant assis, nous gratifie une fois encore d'une formidable interprétation, parfaitement juste, alliant puissance et dévotion, menée avec une gestique économe et une précision confondante.

L'Allegro moderato est abordé avec vigueur sur un tempo moyen dans une grande ampleur sonore, péremptoire et fortement cuivrée avec des trompettes véhémentes (un peu trop ?) avant que le phrasé ne s'y développe avec souplesse, chargé de nuances dynamiques, exalté par une lumineuse clarté et une transparence de texture qui dégagent les timbres (harpe), les détails de l'orchestration et les nombreux contrechants. Si le sens de la construction apparait moins marqué que chez certains (Haitink notamment), la progression est constamment tendue dans une alternance contrastée et sans lissage (typiquement brucknérienne) d'épisodes lyriques (cordes) et de crescendos puissants savamment amenés (cuivres et timbales) avant que la coda ne s'éteigne sur le désespoir tragique d'une lointaine scansion de timbales surlignée par de légers pizzicatos des cordes graves.

Inexorable, massif, terrifiant et chargé d'urgence, l'haletant Scherzo impressionne par sa puissance et par la précision de sa mise en place. La scansion rythmique ensorcelante et implacable des cuivres et timbales y établit un contraste saisissant avec un trio étonnamment lyrique confié aux altos, à la petite harmonie, au cor et à la harpe.

Le gigantesque Adagio, mouvement lent le plus long de tout le répertoire symphonique, redouté par de nombreux chefs du fait de la difficulté à y maintenir la tension, est, ce soir, magnifiquement négocié par , vaste moment de recueillement imprégné de drame et de déploration. Véritablement habité de bout en bout, le maestro en fait une vaste prière, sans effusion excessive, mais constamment tendue, d'un lyrisme à faire pleurer les pierres, parfaitement équilibrée entre les différents pupitres (cordes, tubas wagnériens, harpes, petite harmonie) avant de laisser place à une coda grandiose regroupant le tutti dans un grand crescendo conclu par de cinglantes cymbales.

Mené tambour battant, très contrasté et récapitulatif, alternant tension et détente, le Finale couronne cette belle interprétation dans une succession resplendissante de thèmes qui recrutent tous les pupitres de l'orchestre sur des rythmes variés de chevauchées convoquant d'impétueuses fanfares de cuivres auxquelles répondent des passages plus statiques empreints d'une solennité méditative, avant que ne s'amorce la coda comme un point de convergence contrapuntique jusque-là sans précédent, grandiose, répondant en creux à la coda exténuée de l'Allegro initial , mais de signification toute différente puisque signant une véritable « Transfiguration » qui marque la fin du voyage et la fin d'une vie créatrice car Bruckner ne composera plus d'autre Finale avant sa mort, laissant la Neuvième inachevée…

Crédit photographique : © Mathias Benguigui / Pasco And Co

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Les Bruckner d'Herbert Blomstedt au Gewandhaus de Leipzig

 

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