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Zubin Mehta ouvre le Mai musical florentin avec Turandot de Puccini

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Florence. Festival del Maggio musicale Fiorentino. 21-IV-2024. Giacomo Puccini (1858-1924) : Turandot, opéra en 3 actes et cinq tableaux (1926) sur un livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après Gozzi. Mise en scène : Zhang Yimou. Avec : Olga Maslova, Turandot ; Carlo Bosi, Altoum ; Simon Lim, Timur ; SeokJong Baek, Calaf ; Valeria Sepe, Liù ; Ludovico Filippo Ravizza, Ping ; Lorenzo Martelli, Pang ; Orozo d’Urso, Pong ; Qianming Dou, le Mandarin. Orchestre et Chœur du Mai musical florentin, direction : Zubin Mehta.

Pour l'ouverture de la 86eme édition du Maggio musicale fiorentino et le centenaire de la mort de Puccini, le maestro , dans la salle qui porte son nom, reprend la flamboyante et inusable production de Turandot mise en scène par le cinéaste chinois avec la soprano dans le rôle -titre.

Il faut bien avouer qu'une longue histoire unit , aujourd'hui âgé de 87 ans, ancien directeur du Mai florentin de 1985 à 2017 à cette mise en scène de puisqu'elle fut créée ici même en 1997, avant de parcourir le monde, dont le stade olympique et la Cité interdite de Pékin furent les étapes les plus emblématiques, sans oublier la grandiose production du Stade de France…

Dernier opéra de , laissé inachevé, créé à titre posthume en 1926 après l'adjonction du duo final composé par Franco Alfano, avant que Luciano Berio ne propose plus tard sa propre version, le moteur de l'intrigue s'appuie sur une vengeance ancienne et le refus de la princesse Turandot d'accepter un époux, repoussant chaque prétendant à l'aide de trois énigmes dont seul Calaf, le prince inconnu, trouvera la solution, autorisant ainsi une fin heureuse qui, dans le contexte, après le sacrifice de son père et de son esclave bien aimée, sonne étonnamment faux !

Monumentale, la mise en scène de , auteur d'Epouses et concubines, impressionne par son faste et sa théâtralité grandiose dans une lecture au premier degré dont la somptuosité des costumes, les ballets multiples apportant une touche de sensualité et la scénographie très colorée frôlent parfois le kitsch d'une « chinoiserie » outrancière oscillant entre Cité interdite et Moulin rouge !

Mais l'important est sans doute ailleurs, dans la musique et la distribution vocale : La musique de Turandot est assez particulière dans la production puccinienne par sa modernité, par sa variété de styles, par son langage harmonique audacieux, par l'utilisation de quelques thèmes originaux chinois avec un recours fréquent à la gamme pentatonique, toutes caractéristiques portées par une orchestration luxuriante riche en timbres dont exalte toutes les possibilités expressives, mélodiques et dramatiques par une direction magistrale de bout en bout, limpide, fluide et contrastée, équilibrée et constamment au service des chanteurs et de la dramaturgie. Tout comme l'orchestre, le Chœur du Maggio musicale fiorentino n'est pas pour rien dans la réussite de cette production. Acteur à part entière à l'acte I, il le demeurera lors des actes suivants, lors de la scène des énigmes ou lors du trio des mandarins, jusqu'à l'ultime contrition devant le suicide de Liù.

La distribution vocale est d'une honorable homogénéité si l'on excepte , remplaçant Angelos Samartzis dans le rôle de Calaf, qui peine à convaincre par la rigidité de sa ligne de chant et son manque de legato, nous gratifiant d'un « Nessum dorma » bien prosaïque aux aigus forcés. Face à lui, possède indiscutablement toutes les qualités vocales requises pour le rôle-titre, avec des ascensions vertigineuses dans l'aigu auxquelles répondent des graves bien timbrés, expressions de sa cruauté et de son inaccessibilité. On lui reprochera toutefois un certain manque de nuances dans son engagement scénique, échouant à nous révéler toutes les fissures du personnages (vulnérabilité, désir et sensualité refoulée) rendant de ce fait le « happy end » final d'autant plus inattendu et hasardeux. Personnage sans doute le plus attachant, Liù, magnifiquement interprété par incarne l'archétype puccinien par excellence, rejoignant Mimi et Butterfly par son dévouement, son esprit de sacrifice et sa dignité dans le désespoir s'exprimant dans un chant magistral, sans aucun vibrato. Son suicide à l'acte III marque tout à la fois l‘acmé émotionnel et la fin de la partition écrite par Puccini. Les trois Mandarins, Ping (), Pang (), Pong () parfaitement définis et complémentaires vocalement, apportent une touche d'humour au drame lui permettant d'échapper à une certaine grandiloquence menaçante et rappelant sa filiation avec Commedia dell'arte par l'intermédiaire du conte de Gozzi qui inspira les deux librettistes. La belle basse de (Timur) chargé d'humanité, (Empereur Altoum) et le Chœur d'enfants complètent avec éclat cette production qui, malgré les années, n'a pas pris une ride.

Crédit photographique : © Michele Monasta / Maggio musicale fiorentino       

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Florence. Festival del Maggio musicale Fiorentino. 21-IV-2024. Giacomo Puccini (1858-1924) : Turandot, opéra en 3 actes et cinq tableaux (1926) sur un livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après Gozzi. Mise en scène : Zhang Yimou. Avec : Olga Maslova, Turandot ; Carlo Bosi, Altoum ; Simon Lim, Timur ; SeokJong Baek, Calaf ; Valeria Sepe, Liù ; Ludovico Filippo Ravizza, Ping ; Lorenzo Martelli, Pang ; Orozo d’Urso, Pong ; Qianming Dou, le Mandarin. Orchestre et Chœur du Mai musical florentin, direction : Zubin Mehta.

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