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Le LSO et Pappano joue Ravel, Raksin et Vaughan Williams au Barbican

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London. Barbican. 18-IV-2024. David Raksin (1912-2004) : The Bad and the Beautiful – Suite. Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto en sol majeur. Bertrand Chamayou, piano. Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : Symphonie n°5 en ré majeur. London Symphony Orchestra, direction musicale : Sir Antonio Pappano.

En plus d’accompagner au Barbican Bertrand Chamayou dans le Concerto en Sol de Ravel, le London Symphony Orchestra et son directeur musicalAntonio Pappano portent avec caractère une suite de musique de films de David Raksin, puis la Symphonie n° 5 de Ralph Vaughan Williams.

Si le London Symphony Orchestra est un habitué de la scène parisienne, il faut aller l’entendre chez lui au Barbican pour profiter de son répertoire anglo-saxon, très rarement amené en France. Alors, à seulement quatre jours d’un hommage à Claudio Abbado à la Philharmonie de Paris avec Martha Argerich, pouvons-nous entendre l’orchestre et son directeur musical Antonio Pappano dans des œuvres du compositeur américain David Raksin et de l’Anglais Ralph Vaughan Williams, en plus d’un concerto de Ravel magnifié une fois de plus par Bertrand Chamayou.

Présent la saison prochaine à Paris pour la même œuvre avec le même chef, mais devant le Chamber Orchestra of Europe, le pianiste français revient au Concerto en Sol majeur pour en exalter encore une fois chaque instant. Dans l’Allegramente bien initié par un clap net et le piccolo, le piano prend rapidement l’ascendant pour développer un discours passionné. Toujours aussi agile dans les arpèges, Chamayou apporte ensuite facilement de l’émotion à la partie plus calme, avant de retrouver une incroyable dynamique dans les rythmes syncopés, puis de procurer à nouveau une superbe sensibilité à sa main gauche avant d’utiliser la fantastique dextérité de sa main droite pour sublimer la cadence.

Moins à l’aise que l’on aurait pu le penser avec les tonalités jazz, les cuivres du LSO séduisent moins que les cordes et les percussions, les bois se démarquant surtout à l’Adagio assai. Toujours parfaitement suivi par Pappano, dont l’expérience de chef d’opéra permet de s’adapter avec évidence au geste du pianiste sans presque jamais le regarder, Chamayou peut d’abord s’épancher en solitaire dans un tempo assez altier, avant d’être rejoint par l’orchestre pour un moment planant avec le cor anglais. Le Presto finale reprend l’énergie du début, même si la dynamique et la tension sont surtout créées par le clavier, l’orchestre restant pour sa part plus rond et un peu trop léger dans sa partie. En bis, Bertrand Chamayou aurait sans doute dû rester sur une pièce de Ravel, car il prend avec la même clarté le Prélude de Debussy La Fille aux cheveux de lin, sans y trouver assez de mystère.


Juste avant, la Suite The Bad and the Beautiful – qui regroupe quatre passages musicaux principaux du film éponyme (Les Ensorcelés pour titre français) de Vincente Minnelli – introduisait le concert. Écrite en 1952 par David Raksin – compositeur parmi les plus recherché dans l’âge d’or d’Hollywood -, cette partition sans autre prétention que celle de dynamiser l’action à l’écran s’affiche dans la pleine continuité du style des maîtres exilés comme Korngold, même si Raksin préfère citer pour sa part Arenski, en plus d’utiliser aussi des influences jazz – beau saxophone pour Love Is for Very Young – ou des rythmes syncopés – très bien gérés par Pappano dans The Quickies and the Sneak Preview. Nocturne and Theme final – avec un bon trombone bouché – nous fait découvrir chez le chef britannique d’origine italienne une éloquence que l’on ne pensait pas retrouver aussi facilement à ce podium juste après le départ de Simon Rattle.

En dernière partie de soirée, la Symphonie n°5 de Ralph Vaughan Williams – également reprogrammée ici en janvier 2025 par Rattle – offre à nos oreilles françaises la possibilité d’entendre ce compositeur rarement interprété en dehors de sa patrie. Sans être aussi génial que son contemporain finlandais Jean Sibelius, l’Anglais n’en reste pas moins un artiste intéressant, dont la Symphonie n° 5 – la seule sans programme de sa part – est l’une des masterpiece. Avant de pouvoir entendre aussi la 9ème en décembre dans cette même salle par le chef, peut-on profiter ce soir au Barbican d’un LSO échauffé, aux sonorités très adaptées à cette partition créée par le compositeur lui-même en 1943, avec le LPO au Royal Albert Hall, et dont l’enregistrement existe.


Toujours attentif envers ses instrumentistes, Pappano les entraîne dans un Preludio aux tonalités sereines, avec un beau développement du premier thème par les violons, jusqu’à décupler le son pour emplir totalement l’acoustique d’une salle plus favorable au public du parterre. Le Scherzo est considéré comme le point culminant de l’œuvre, mais comme dans le finale du concerto auparavant, le geste du chef n’est pas assez tendu pour en faire un grand moment, de même qu’il ne tente pas de caractériser plus franchement le début de la Passacaglia conclusive – les thèmes de ces deux mouvements seront réutilisés dans l’opéra The Pilmgrim’s Progress. Alors se démarque avant tout de cette interprétation la coda parfaitement apaisée, ou plus encore la longue Romanza, troisième mouvement transporté tant par les cordes que par les flûtes-clarinettes et les cors du magnifique London Symphony Orchestra.

Crédits photographiques : © Mark Allan/LSO

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London. Barbican. 18-IV-2024. David Raksin (1912-2004) : The Bad and the Beautiful – Suite. Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto en sol majeur. Bertrand Chamayou, piano. Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : Symphonie n°5 en ré majeur. London Symphony Orchestra, direction musicale : Sir Antonio Pappano.

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