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En compagnie de Judith et de Sémélé, redécouverte d’Élisabeth Jacquet de La Guerre

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Metz. Salle de l’Esplanade de l’Arsenal Jean-Marie Rausch. 16-IV-2024. Élisabeth Jacquet de La Guerre (1664-1729) : Sonate en trio n°4 en sol mineur ; cantate Judith ; suite n°2 extraite de Pièces de clavecin pouvant se jouer sur le violon ; cantate Sémélé. Avec Maïlys de Villoutreys, soprano. Ensemble Amarillis, direction : Ophélie Gaillard

Programme-découverte pour un concert consacré à une figure majeure de la musique baroque française. Très belle prestation de Maïlys de Villoutreys et de l'.


À l'époque où l'on découvre tant de compositrices injustement négligées par la postérité, il était temps que l'on s'intéresse de plus près à la figure d'. Claveciniste de talent, l'enfant prodige avait été très tôt, dès l'âge de cinq ans, présentée à Louis XIV. Appréciée par le souverain, elle eut l'honneur de résider plusieurs années à Versailles, sous la bienveillante protection de Madame de Montespan. En dépit des hauts et des bas de sa carrière de compositrice, elle réalisa une œuvre tout à fait appréciable que, grâce à un certain nombre d'initiatives récentes, le grand public a le plaisir de redécouvrir aujourd'hui. L'opéra Céphale et Procris, par exemple, compte parmi les grandes réalisations de ces derniers mois.

Le concert donné à la Cité Musicale de Metz permet notamment de faire entendre deux cantates extraites de deux des principaux recueils publiés par Jacquet de la Guerre, Judith et Sémélé. Les deux titres datent respectivement de 1708 et de 1715. Intéressante perspective que de faire entendre dans la même soirée une œuvre tirée d'un épisode biblique, mettant en scène une héroïne triomphante qui sait user de ses charmes pour vaincre un général des armées, et une deuxième œuvre composée sur un sujet mythologique montrant l'échec d'une jeune mortelle, victime de son désir fou de pouvoir regarder Jupiter dans tout l'éclat de sa divine majesté. Courage, audace et victoire d'un côté ; hubris, défaite et châtiment de l'autre. Musicalement, les deux cantates sont écrites selon un modèle assez semblable alternant airs et récitatifs, parfois entrecoupés d'intermèdes instrumentaux censés signaler le passage du temps. On notera une instrumentation riche et variée, notamment dans les parties de violon, hautbois et flûte à bec. L'écriture vocale est parfaitement maîtrisée, dans un souci constant de rendre facilement compréhensible le texte verbal, essentiel dans ce type d'évocation. Donnée en début de concert, la Sonate en trio n°4 en sol mineur atteste un véritable talent dans l'art de la construction instrumentale, et l'on préfèrera presque encore la Suite n°2 extraite du recueil Pièces de clavecin pouvant se jouer sur le violon, en raison peut-être de l'élégance de l'instrumentation concoctée par et l'ensemble de ses complices.

Bien connu du public depuis un certain nombre d'années maintenant, l' semble être la phalange idéale pour ce genre de répertoire. L'entente entre ce qui semble être davantage une réunion de cinq solistes est totale, et l'osmose entre le clavecin, le violon, le théorbe, la viole de gambe et la partie de flûte à bec ou de hautbois en tout point idéale. Qu'elle joue de la flûte ou du hautbois, dirige avec discrétion et efficacité. Dans les deux cantates, Maïlys de Villoutreys trouve les accents justes, trouvant un bel équilibre entre les récitatifs déclamés dont elle sait souligner l'inhérente musicalité, et les airs plus chantés dont elle traduit la subtile expressivité. L'instrument est d'un très beau grain, et la noblesse de la diction rend parfaitement justice à des pages récemment enregistrées, qu'on se réjouit de pouvoir réentendre en dehors de la salle de concert. En bis, le « If love's a sweet passion » extrait du Fairy Queen de Purcell, qui ouvre de nouvelles perspectives à l'issue de ce programme 100% français consacré à une grande figure de notre répertoire musical. Public peu fourni, mais visiblement conquis par la qualité de la musique et de l'interprétation.

Crédit photographique : © Jeff Rabillon

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Metz. Salle de l’Esplanade de l’Arsenal Jean-Marie Rausch. 16-IV-2024. Élisabeth Jacquet de La Guerre (1664-1729) : Sonate en trio n°4 en sol mineur ; cantate Judith ; suite n°2 extraite de Pièces de clavecin pouvant se jouer sur le violon ; cantate Sémélé. Avec Maïlys de Villoutreys, soprano. Ensemble Amarillis, direction : Ophélie Gaillard

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