La Scène, Spectacles divers

Molière et Lully : un réjouissant Mariage forcé

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Avignon. Opéra Grand Avignon. 14-IV-2024. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Le mariage forcé, comédie-ballet en 3 actes de Molière (1664). Direction artistique et mise en scène : Vincent Tavernier. Conception musicale : Hervé Niquet. Chorégraphie : Marie-Geneviève Massé. Par les comédiens des Malins plaisirs, les danseurs de la Compagnie de danse l’Éventail, les solistes du Concert spirituel, Lucie Edel et Yannis François, les instrumentistes du Concert spirituel.

L'esprit fantasque de la comédie-ballet explose sur la scène de l'Opéra d'Avignon, mené avec fougue par le trio Tavernier/Niquet/Massé.

Voulue par Louis XIV, la collaboration des deux génies de la scène offre à la cour et à la postérité une dizaine de comédies-ballets, avant la rupture entre les deux protagonistes en 1672. En 2022, une remarquable exposition à l'Opéra-Garnier retraçait l'histoire de ce genre depuis sa création en 1661. « Ne faire qu'une seule chose du ballet et de la comédie », telle était l'intention de , ainsi qu'il l'exprimait dans la préface des Fâcheux, première comédie du genre. Le Mariage forcé, autre commande royale, date de 1664 et se présente comme une série de « sketches » (rappelant le ballet de cour) où alternent théâtre et danses dans une parfaite continuité scénique. On rapporte que le roi lui-même y dansa le rôle d'un Égyptien. Sganarelle, « vieillard » de 53 ans, s'apprête à épouser la jeune Dorimène, une coquette qui compte bien continuer à jouir de sa liberté. Après avoir consulté les avis de personnages tous plus farfelus les uns que les autres (dont deux philosophes tout à fait savoureux), le malheureux Sganarelle tente vainement de se dédire de son engagement, et tout se termine par les réjouissances d'un mariage loufoque.

La production réunit trois compagnies : les comédiens des Malins plaisirs, les danseurs baroques de la Compagnie de l'Éventail et les musiciens du Concert Spirituel, sous la direction artistique du metteur en scène . Les mêmes nous avaient offert un spectacle remarqué autour des Amants magnifiques en 2017. Après une première tournée en 2022 et l'annulation des représentations prévues fin 2023 pour des raisons techniques, c'est à Avignon que Le Mariage forcé fait son grand retour. Présentée comme une « comédie-mascarade » dès le début du spectacle, la pièce enchaîne les tableaux loufoques autour du personnage de Sganarelle, roublard et ridicule, joué par l'excellent Laurent Prévôt. Un dispositif scénique à transformations propose un décor minimaliste, qui change à vue à chaque divertissement. La soprano et le baryton endossent plusieurs rôles successifs avec un égal bonheur. Les danseurs transcendent les codes parfaitement maîtrisés de la danse baroque pour oser des anachronismes esthétiques qui participent à la fantaisie générale. Ainsi, lorsqu'arrive un cirque au deuxième divertissement, un Arlequin sur pointes (qui n'existaient pas au XVIIᵉ siècle) vient symboliser un funambule dans une chorégraphie très convaincante. Car il ne s'agit jamais d'une reconstitution servile, mais bien d'une re-création moderne s'appuyant sur une parfaite connaissance des règles de l'époque. Et c'est dans les réjouissances du mariage final que toute la troupe nous offre, avec le « concert espagnol », un divertissement burlesque avec force toréadors, débauche de castagnettes et charivari de casseroles. La dizaine de musiciens du Concert spirituel, menés du premier violon par et du clavecin par , maîtrise parfaitement la dynamique des danses et offre aux danseurs un tapis sonore plein d'allant. Gageons que serait satisfait de voir l'esprit de son œuvre ainsi ressuscité.

Crédits photographiques : © Hélène Aubert () /Opéra Grand Avignon

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Avignon. Opéra Grand Avignon. 14-IV-2024. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Le mariage forcé, comédie-ballet en 3 actes de Molière (1664). Direction artistique et mise en scène : Vincent Tavernier. Conception musicale : Hervé Niquet. Chorégraphie : Marie-Geneviève Massé. Par les comédiens des Malins plaisirs, les danseurs de la Compagnie de danse l’Éventail, les solistes du Concert spirituel, Lucie Edel et Yannis François, les instrumentistes du Concert spirituel.

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