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Spectacle de l’Ecole de danse de l’Opéra : prêts pour la Compagnie

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Paris. Palais Garnier. 14-IV-2024. Les Forains. Chorégraphie : Roland Petit. Musique : Henri Sauguet. Livret : Boris Kochno. Un ballo. Chorégraphie : Jiří Kylián. Musique : Maurice Ravel (Le Tombeau de Couperin, Pavane pour une infante défunte). Suite en Blanc. Chorégraphie : Serge Lifar. Musique : Edouard Lalo. Ecole de danse de l’Opéra National de Paris. Direction : Elisabeth Platel. Orchestre de l’Opéra National de Paris; direction musicale : Philip Ellis.

Spectacle à part entière dans la saison du Ballet de l'Opéra de Paris, le spectacle de l'École de danse doit obéir à des impératifs artistiques auxquels seront confrontés les jeunes danseurs souhaitant entrer dans la compagnie. Ils doivent parfaitement danser la grammaire classique et connaître les rudiments de la danse contemporaine. Le programme de cette saison, équilibré et éclectique, fait valoir ces différentes facettes des talentueux élèves.


Les forains est un ballet narratif autour d'une troupe de cirque qui se produit dans une ville avec un public peu reconnaissant, ce qui donne à la pièce une sensation aigre-douce et mélancolique, à la façon dont façon savait conclure souvent ses ballets. Toutes les divisions participent à cette pièce d'ouverture et les différents gabarits des danseurs sont usités dans des emplois définis. Ainsi, la petite fille ou les sœurs siamoises évoluent avec le prestidigitateur et le clown. Les lumières changeantes du tableau des visions d'art (Loïe Fuller) apportent une atmosphère onirique tandis que les siamoises suscitent l'émotion liée à leur condition et un corps qui ne leur laisse pas la liberté entière de mouvements. Le clown démontre la capacité à déclencher le rire par le mouvement dansé et est bruyamment applaudi par le public. Il faut saluer la musique d', qui a écrit de belles pièces pour le ballet et qui ne sont guère plus jouées en dehors de leur utilisation scénique.

Un Ballo de est une pièce abstraite courte de douze minutes pour cinq couples. L'atmosphère est d'un recueillement profond où des bougies sont élevées au-dessus du plateau. Tout d'abord, les premiers couples s'élancent successivement avec des physiques travaillés, déjà visiblement habitués à un travail de rapidité, de plasticité et de physicalité pratiquement adulte. La concentration est entière chez les jeunes danseurs dont les capacités techniques sont déroutées par un langage nouveau mais qui semblent se sublimer dans la proximité des couples qui finissent par danser tous ensemble, dans un groupe uni où chacun a sa place et tient compte de l'esprit d'ensemble de façon harmonieuse, comme une manière d'aborder un travail de corps de ballet de façon néoclassique.

Enfin, le morceau de choix classique (mais pas trop quand, il s'agit du facétieux Lifar qui explore les positions de façon plus décalée que d'habitude) avec Suite en Blanc. Que ne faut-il voir danser ce ballet par l'École de danse alors que la Compagnie ne l'a pas dansé depuis 2009 ! Le tableau initial dévoile le faste de l'école, avec toutes les poses des danseurs tout de blanc vêtus contrastant avec le fond noir d'où seules quelques marches d'escaliers se détachent. Quelle émotion cela est que de voir de jeunes artistes mettre leur pas dans ceux de Solange Schwarz, Lycette Darsonval ou Christiane Vaussard ! La difficulté des variations ne semble pas connaître de limites face à la témérité des danseurs dont certains savent jouer de leurs regards pour bien accrocher le public. On repère ça et là les techniciens qui parviennent à telle virtuosité et la concurrence est rude tant le niveau est de très belle composition. Les garçons sont nécessairement un peu plus immatures, tant individuellement que dans le partenariat, que les filles qui s'approprient brillamment les particularités du langage du grand chorégraphe français.

Entre narration et abstraction, ce spectacle dresse un panorama de la danse au XXᵉ siècle, avec un niveau exaltant par des artistes dont l'engagement est toujours entier.

Crédit photographique : © Svetlana Loboff / Opéra national de Paris

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Paris. Palais Garnier. 14-IV-2024. Les Forains. Chorégraphie : Roland Petit. Musique : Henri Sauguet. Livret : Boris Kochno. Un ballo. Chorégraphie : Jiří Kylián. Musique : Maurice Ravel (Le Tombeau de Couperin, Pavane pour une infante défunte). Suite en Blanc. Chorégraphie : Serge Lifar. Musique : Edouard Lalo. Ecole de danse de l’Opéra National de Paris. Direction : Elisabeth Platel. Orchestre de l’Opéra National de Paris; direction musicale : Philip Ellis.

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