Pour la quatrième fois, le printemps franc-comtois sort de sa léthargie hivernale en vibrant aux fragrances musicales des Dimanches D'Avril. Quatre rendez-vous dominicaux entre Vêpres et Complies, généralement donnés dans les églises de la proche périphérie bisontine. C'est l'occasion de faire revenir au pays des talents déjà célébrés ailleurs (William Shelton), d'en retrouver d'autres déjà familiers du festival (la soprano Caroline Michel, le luthiste Parsival Castro), mais aussi d'œuvrer en pionnier comme en témoigne, en ouverture dimanche 7 avril, le formidable Bleu nuit donné par la soprano Mélanie Gavand et le harpiste Louis Leuba.
On venait pour elle, dont le soprano à l'ambitus puissant et radieux, du Miserere d'Allegri à Princesse Mononoké d'Hisaishi, avait illuminé plus d'un concert. On le découvre lui, prodige de 16 ans, qui, secondé par l'acoustique généreuse de l'église de Pirey, use de sa harpe en écrin orchestral, d'une splendeur que serait bien en peine d'atteindre l'habituel piano des tours de chant. Louis Leuba est en outre compositeur et son Crépuscule ne dépareille aucunement un programme d'une étonnante maturité (de Schubert à Hersant). Quant à Mélanie Gavand, qui semble avoir retenue la leçon de plus grandes (masterclass avec Sandrine Piau, Isabelle Druet), elle affronte haut la main le grand format du récital, comme le confirme l'envoi final d'une Invocation à la lune tiré de la Rusalka de Dvořák, d'une opulence toute opératique. A l'évidence, après William Shelton, après Léo Vermot-Desroches (récemment nommé aux Victoires de la Musique Classique), voilà deux autres noms (francs-comtois, ma foi) à suivre déjà de très près… (JLC)