Francesco Corbetta à l’honneur sous le jeu de l’ensemble I Bassifondi

Après leur florilège de musiques romaines du seicento italien dans Roma '600, quoi de plus naturel pour l'ensemble à cordes pincées I Bassifondi que de consacrer leur nouvelle proposition discographique aux œuvres du plus célèbre guitariste du XVII^e siècle : Francesco Corbetta.

Seuls deux intrus au tableau : La Généralle de la Garde françoise, musique à percussions de Jean-Baptiste Lully avec qui Francesco Corbetta travailla, notamment pour le ballet de La Galanterie du temps présenté à la cour de Louis XIV et dans lequel il composa une entrée pour plusieurs guitares. Et le Tombeau de Mr. Fran.que que Robert de Visée lui dédia après sa mort. Pour le reste, les trois compères de l'ensemble I Bassifondi, rejoint pour l'occasion par le guitariste baroque Bor Zuljan, jalonnent le parcours du célèbre guitariste Francesco Corbetta, qui n'a pas fait l'objet de tant d'enregistrements discographiques : le disque d'Izhar Elias autour de La Guitarre Royalle (Brilliant Classics, 2018) qui lui est entièrement dédié, et celui moins récent de Rolf Lislevand qui mêle sa musique avec celle de Robert de Visée (ECM New series, 2012).

23 pistes et 5 sources musicales pour aborder un panel synthétique mais complet du répertoire du compositeur : De li scherzi armonici (1639), Varii capricii per la ghitarra spagnuola (1643), La Guitarre Royalle (1671 et 1674) et le Livre de Guittarre dedié au Roy (1682). L'auditeur appréhende ainsi au plus près l'incarnation du guitariste italien voyageur pour la guitare baroque ornée. Ses techniques virtuoses et ses effets coloristes ont permis le flamboiement de cet instrument polyphonique en véritable soliste bien au delà de son humble rôle d'accompagnateur qu'il assurait quasiment jusqu'alors.

A l'inverse de leur source d'inspiration qui se consacra exclusivement à la guitare à cinq chœurs, l'ensemble choisit un instrumentarium varié, entre nombreuses percussions (castagnettes traditionnelles d'Espagne et des Pouilles, triangle traditionnel de Sardaigne, tambourins et tambour militaire), cordes (théorbe, chitarra battente  et colachon de l'Italie méridionale, et plusieurs guitares baroques), et voix avec la participation des sopranos Monica Piccinini et Francesca Boncompagni et de la basse Davide Benetti. Naturellement, l'intérêt se porte particulièrement sur les pièces à deux guitares où Francesco Corbetta fait dialoguer les instruments sans mettre en exergue l'un par rapport à l'autre, mais ce choix permet un renouvellement de l'écoute constant et une diversité musicale appréciable.

Même si le directeur musical de l'ensemble, Simone Vallerotonda, met en lumière dans la note de présentation la « science instrumentale du plus haut niveau » du compositeur italien, évoquant toutes les techniques de jeu entendues dans ce disque, Francesco Corbetta apparait bien ancré dans les musiques et danses populaires de son époque. Cette programmation musicale offre ainsi par des passacailles, fanfares, gigue et autres sarabandes, une écoute variée afin que la musique de Francesco Corbetta satisfasse le plus large auditoire possible.