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Escapade en Orient avec trois harpes et une cithare

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Paris. Galerie 19 Paul Fort. 26-III-2024. Lou Harisson (1917-2003) : Avalokieshvara, pour harpe et petites percussions ; Tôn Thât Tiet (né en 1933) : Hoang Dziep, pour deux harpes ; Escapade, pour trois harpes (CM) ; Attila Reményi (né en 1959) : Obstinate D ; Hommage à G. Kurtag, extraits de Miniatures, pour harpe ; Toshio Hosokawa (né en 1955) : Renka I, pour harpe extrait du cycle Renka I-II-III. Vincent-Raphaël Carinola (né en 1965) : Sanjo, pour deux harpes ; Hélène Breschand (née en 1966) : Au-delà des paupières, l’azur, pour 2 harpes et tranh ; Caroline Lizotte (née en 1969) : Raga pour deux harpes. Élodie Reibaud, Frédérique Cambreling, Laurence Bancaud, harpes

Le lieu est bien connu du milieu expérimental ; c'est la galerie 19 Paul Fort d' que , et ont choisie pour donner leur premier concert en trio d'un nouveau genre.

Trois harpes, quelques petites percussions à portée de main des interprètes et une cithare vietnamienne (le tranh) composent cette formation quasi inouïe pour laquelle les musiciennes aguerries ont bien l'intention de constituer un répertoire. Pour l'heure, elles nous convient à un voyage en direction de l'Asie avec des pièces pour une, deux et trois harpes, écrites par des compositeurs asiatiques (japonais et vietnamien) et des Occidentaux regardant vers l'Orient à travers la lutherie traditionnelle et les modes de jeu qui s'y rapportent.

C'est le cas de l'Américain (1917-2003) qui jouait du gamelan et intégrait dans sa musique les échelles naturelles pentatoniques. Le doux Avalokiteshara pour harpe et deux petites percussions sert de « mantra d'accueil » à ce voyage dépaysant où s'enchaînent sans applaudissement les huit autres pièces comme autant d'escales aventureuses où la poésie (des haïkus) devance parfois la musique.

Hoang Dziep (2015) de Tôn-Thât Tiet est une œuvre d'une belle envergure jouée en duo par et à qui l'œuvre est dédiée. Le compositeur vietnamien installé en France depuis fort longtemps (il est l'élève d'André Jolivet) a beaucoup composé pour la harpe, un instrument qu'il assimile aux cordes pincées traditionnelles (gestes et caractère bruité) même si la technique compositionnelle regarde vers l'Occident. enchaîne avec Obstinate D (extrait de « Miniatures ») du Hongrois , une courte pièce où s'exercent répétition et énergie du geste comme le titre le laisse deviner.

Renka I du Japonais est une musique méditative. frotte la corde de sa harpe avec un objet métallique pour obtenir les sons glissés et vibrants d'un koto et chante en jouant, soulignant l'aspect rituel d'une musique du temps long. Laurence Boucaud fait résonner le bol tibétain avant Sanjo de Vincent Carinola, un hommage aux sonorités de certains instruments à cordes pincées de tradition asiatique, et plus particulièrement à la cithare coréenne Geomungo : trémolos et sons glissés comme chez Hosokawa, visent ici une dimension plus ludique et virtuose, voire parfois théâtrale lorsque la sonorité semble imiter la voix.

On ne nous dit rien des poètes auteurs d'haïkus qui jalonnent le parcours : Tou-Fou ou Li-Taï-Po, peut-être, quand il est question de la lune et ses reflets. est harpiste et joueuse de tranh, la cithare vietnamienne installée sur le devant de la scène qu'elle fait sonner magnifiquement en jouant un air traditionnel… juste avant la pièce d'. Au-delà des paupières, l'azur, pour deux harpes et tranh est donnée en création mondiale et inaugure le répertoire en trio de nos harpistes. Dans cette musique où les sons et les mots tournent dans l'air, la compositrice (et harpiste, rappelons-le) s'ingénie à brouiller les sources : les cordes des harpes sont préparées (pâte à fixe et pinces), sonnant comme de petits tambours de bois ; celles du tranh sont étouffées, rappelant le jeu bruité du luth et engageant une joute rythmique avec les harpes : nocturne étrange et saisissant protégeant le mystère…

Résonance des crotales, bruissement voluptueux des grappes de bambous que l'on n'avait pas encore entendues et voix en relais assurent la transition, le temps pour d'accrocher un bracelet de grelots à sa cheville. Raga, la pièce pour deux harpes de la Canadienne , intègre à l'écriture instrumentale le jeu des percussions, chocs sur la caisse de l'instrument, cymbale pour Laurence Bancaud, crotale et grelots pour sa partenaire. La chorégraphie de sons est bien rodée par nos deux interprètes virtuoses qui s'arrêtent net au signal de la crotale. Se résumant à quelques gestes qui croisent les dimensions verticale et horizontale, l'Hommage à Kurtag, second solo d'Attila Remény (moins asiatique mais tout aussi dépaysant) est une perle aussi fine que délicate.

Seconde création de la soirée, Escapade pour trois harpes de Tôn Thât Tiet, écrite en 2020, semblait attendre la formation du Trio pour être entendue. La pièce est un bijou oscillant entre ombre et lumière, énergie du geste et stases plus méditatives. Ainsi s'achève le voyage, sous les doigts experts des trois harpistes en parfaite synergie.

 

Crédit photographique : © ResMusica

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Paris. Galerie 19 Paul Fort. 26-III-2024. Lou Harisson (1917-2003) : Avalokieshvara, pour harpe et petites percussions ; Tôn Thât Tiet (né en 1933) : Hoang Dziep, pour deux harpes ; Escapade, pour trois harpes (CM) ; Attila Reményi (né en 1959) : Obstinate D ; Hommage à G. Kurtag, extraits de Miniatures, pour harpe ; Toshio Hosokawa (né en 1955) : Renka I, pour harpe extrait du cycle Renka I-II-III. Vincent-Raphaël Carinola (né en 1965) : Sanjo, pour deux harpes ; Hélène Breschand (née en 1966) : Au-delà des paupières, l’azur, pour 2 harpes et tranh ; Caroline Lizotte (née en 1969) : Raga pour deux harpes. Élodie Reibaud, Frédérique Cambreling, Laurence Bancaud, harpes

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