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Écho et résonance au festival de Musique Sacrée de Perpignan

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Perpignan. Festival de Musique Sacrée. 22/24-III-2024. Église des Dominicains.
22-III : 18h30 : Gioachino Rossini (1792-1868) : ouverture du Barbier de Séville (transcription), György Ligeti (1923-2006) : Six bagatelles pour quintette à vent ; Ludwig van Beethoven (1770-1827); Quintette à vent (transcription) Quintette Diablo : Gladys Avignon, flûte ; Tatsiana Revina, hautbois ; Victor Guémy, clarinette ; Pierre-Antoine Lalande, cor ; Antoine Aboyans-Billiet, basson.
22-III : 21h : Domenico Scarlatti (1685-1757) : Missa Quatuor vocum ou Messe de Madrid ; Sonate pour clavier K 30 en sol mineur ; Te Deum à double chœur ; Stabat Mater à 10 voix et basse continue ; Ensemble Caravansérail ; direction Bertrand Cuiller.
24-III : 18h30 : Le chant de la montagne : Waed Bouhassoun, oud, voix ; Ruşan Filiztek, saz, voix, percussions ; Neşet Kutas, percussions.

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Emmenée par sa directrice Elisabeth Doms, la 38ᵉ édition du festival de Musique Sacrée de Perpignan, essaime dans divers lieux culturels et patrimoniaux de la ville.

Les concerts du deuxième week-end ont investi l'espace somptueux de l'Église des Dominicains, haut lieu de l'art gothique dont l'acoustique porteuse magnifie les voix autant que les instruments.

L'affiche du week-end est riche et diversifiée, pour tous les âges et les goûts, allant des musiques du monde à la création contemporaine, de la séance de méditation au DJ set en passant par les joyaux du répertoire vocal et instrumental du XVIIIᵉ siècle ; à raison de deux voire trois rendez-vous par jour et un accès libre sauf pour le concert du soir. Rencontres avec les artistes autour d'un verre, restauration et autres moments musicaux (en plein air cette fois) sont proposés au « Village du festival », lieu de convivialité fort sympathique installé au niveau du chevet de l'église.

La présence du quintette à vent Diablo (nom d'un vent sec et chaud) sur le plateau des Dominicains est le fruit d'un partenariat reconduit chaque année avec le Festival Pablo Casals où la phalange était en résidence. Portés sur le devant de la scène depuis 2023, grâce au Concours Carl Nielsen qui les a fait connaître, les cinq musiciens se sont rencontrés au Conservatoire de Paris où certains d'entre eux terminent encore leur cursus.

Le programme de la soirée est habilement choisi, entre transcription et œuvre originale. Il débute par l'ouverture du Barbier de Séville, une page connue du grand public, tout en rebond et réparties alertes qui laissent apprécier le brillant des sonorités et la synergie du groupe. Des qualités qui se confirment dans les Six Bagatelles de : énergie du son et acuité des lignes, équilibre des pupitres et raffinement de l'émission, avec cette pointe d'humour ligetienne que les musiciens ne manquent pas de souligner. Le quintette de Beethoven en mib majeur est une transcription de son Octuor à vent de jeunesse, une pièce qui se coule dans le moule classique, bien rodée et finement abordée par le quintette. Noté menuet, le troisième mouvement est un pur scherzo beethovénien, petit théâtre de sons admirablement ciselé par les cinq musiciens : Gladys Avignon, flûtiste et leader fait face à Tatsiana Revina, hautboïste ; entre elles, Victor Guémy (clarinette), Antoine Aboyans-Billiet (basson) et Pierre-Antoine Lalande (cor). Ils sont enthousiastes, talentueux et pleins de ressources !

L'Église des Dominicains (près de 600 places) est comble, à 21 heures, pour le concert du soir affichant le Stabat Mater de (1685-1757). Si le compositeur italien et claveciniste virtuose a fait sa réputation avec ses 555 sonates (Esercizi) pour le clavecin, son corpus vocal religieux est moins répandu. L'ensemble baroque Caravansérail et son chef et claveciniste , pour la première fois sur la scène perpignanaise, ont gravé le Stabat mater en 2022 chez Harmonia mundi. Le chœur est distribué en demi cercle, avec, au centre du plateau, les musiciens du continuo, orgue, violoncelle et contrebasse ; on s'interroge sur la présence de la harpe à gauche du chef qui peine à se faire entendre. Les musiciens débutent par la Missa brevis quatuor vocum ou Messe de Madrid, une messe à quatre voix avec Credo, malgré son appellation de messe brève. Écrite dans le « stilo antico », sur le modèle très académique d'un Palestrina, l'œuvre, certes bien chantée, ne stimule pas toujours l'intérêt de l'écoute. Plus libre dans sa facture, le Te deum et son double chœur, très court quant à lui, offre des configurations vocales moins attendues et une écriture plus verticale et ciselée au service de la louange dont le chœur communique l'élan et la ferveur.

Une courte pause est ménagée pour les voix tandis que l'organiste joue la Sonate K 30 en sol mineur dont l'écriture fuguée manque un rien de nervures sous les doigts de l'interprète.

La partition du Stabat Mater pour dix voix solistes et continuo est foisonnante, déployant un contrepoint complexe et un éventail très large de timbres auxquels participent les lignes instrumentales autonomes : chromatisme expressif, jeu d'imitation entre les voix, écriture solistique, mobilité des tempi, On sent le compositeur rivé au texte, qui en traduit toutes les intentions dans un élan toujours contenu cependant. Le chant ne se libère vraiment (floraison de vocalises à toutes les voix) que dans les dernières strophes (« Faites que la gloire du paradis soit donnée à notre esprit ») et dans l'Amen final. Les voix sont ferventes, l'engagement sans faille et le geste de énergétique pour mener son équipe et fédérer les énergies au sein d'une écriture si exigeante.

L'écho de la montagne

Musicienne et chanteuse syrienne, originaire de la montagne druze du sud de la Syrie, s'est entourée du joueur de saz (luth à manche long) et chanteur kurde Rusan Filiztek ainsi que du percussionniste, kurde également, Nezet Kutas. Les deux derniers se sont rencontrés à Paris et sont devenus compagnons de scène, ayant notamment participé au projet Orpheus XXI piloté par Jordi Savall, un artiste qui a également croisé le chemin de .

C'est la montagne en tant que lieu sacré qu'ils chantent, lieu privilégié pour la communication avec le divin. Les poèmes sont en persan et les chants sacrés (soufis) sont des louanges à Dieu : musique intérieure et voix douce et envoûtante de s'accompagnant de son oud qu'elle joue avec un plectre. Elle est parfois rejointe par Ruşan Filiztek, dont la ligne vocale répétitive et incantatoire s'aventure davantage vers l'aigu. Son jeu sur le saz (luth à sept cordes) est virtuose, engageant des joutes sonores animées avec les tambours de Neşet Kutas. Pour terminer la soirée dans une ambiance chaleureuse et participative, Rusan Filiztek et Waed Bouhassoun invitent le public à chanter avec eux le refrain d'une dernière chanson.

Crédit photographique : © Michel Aguilar

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Perpignan. Festival de Musique Sacrée. 22/24-III-2024. Église des Dominicains.
22-III : 18h30 : Gioachino Rossini (1792-1868) : ouverture du Barbier de Séville (transcription), György Ligeti (1923-2006) : Six bagatelles pour quintette à vent ; Ludwig van Beethoven (1770-1827); Quintette à vent (transcription) Quintette Diablo : Gladys Avignon, flûte ; Tatsiana Revina, hautbois ; Victor Guémy, clarinette ; Pierre-Antoine Lalande, cor ; Antoine Aboyans-Billiet, basson.
22-III : 21h : Domenico Scarlatti (1685-1757) : Missa Quatuor vocum ou Messe de Madrid ; Sonate pour clavier K 30 en sol mineur ; Te Deum à double chœur ; Stabat Mater à 10 voix et basse continue ; Ensemble Caravansérail ; direction Bertrand Cuiller.
24-III : 18h30 : Le chant de la montagne : Waed Bouhassoun, oud, voix ; Ruşan Filiztek, saz, voix, percussions ; Neşet Kutas, percussions.

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