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Second soir du Philharmonique Tchèque avec Bertrand Chamayou

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Paris. Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez. 23-III-2024. Antonín Dvořák (1841-1904) : Concerto pour piano et orchestre en sol mineur op.33. Bertrand Chamayou, piano. Symphonie n° 9 en mi mineur,op.95 « Du Nouveau Monde ». Orchestre philharmonique tchèque, direction musicale : Semyon Bychkov

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Pour deux soirs à la Philharmonie de Paris avec des programmes intégralement constitués d'œuvres de Dvořák, le Philharmonique Tchèque et invitent au second concert dans le Concerto pour piano, avant une Symphonie du Nouveau Monde de belle ampleur.

La veille dans le Concerto pour violoncelle et la Symphonie n°8, la Česká filharmonie et son directeur musical proposent le second soir le plus rare Concerto pour piano, avant la géniale Symphonie du Nouveau Monde d'. Pour soliste a été choisi, plutôt qu'un artiste slave, .

Moins célèbre que son pendant plus tardif pour violoncelle, le Concerto pour piano est à l'évidence moins brillant, un peu trop long dans son premier mouvement, dont le relatif déséquilibre thématique peine à faire ressortir distinctement une ligne conductrice. Malgré tout, cette partition garde un véritable charme, surtout quand elle est portée avec l'engagement des artistes en présence à Paris et des couleurs telles que celles du sublime Philharmonique Tchèque. De l'introduction ressortent les cordes amples mais toujours souples, et déjà quelques bois, qui feront des merveilles (le basson solo !) tout au long de l'interprétation. D'une dextérité presque trop impressionnante pour sa partie, bien qu'il ne l'exagère jamais, Chamayou entre à son tour dans l'œuvre avec de magnifiques coloris, plus cristallins et un peu plus lumineux que ceux de l'orchestre. Dans l'extrême aigu du Steinway – l'un des plus nets parmi les cinq de la Philharmonie – le style presque ravélien apporte un éclairage parfois assez inédit à certaines parties, bien accompagné par Bychkov, d'un geste naturel qui ne cherche qu'à développer la partition dans sa plus pure évidence.

L'Andante sostenuto est l'occasion de profiter d'un jeu qui donne toujours un véritable poids émotionnel aux œuvres. Et cela même s'il apparaît (avec la partition devant lui) qu'il est tout de même moins familier avec ce concerto que dans les nombreux autres entendus sous son toucher ces dernières années. L'Allegro con fuoco trouve dans une approche plus percussive du piano une introduction bien relayée par les attaques puissantes de l'orchestre. Chamayou peut alors y déployer sa redoutable agilité, beaucoup plus réservé au bis ensuite. En voulant rendre hommage à Maurizio Pollini, décédé le matin même, il apprend la nouvelle à la moitié de la salle, émue dans un grand cri de tristesse. Dobrou noc (Bonne Nuit) de Leoš Janáček, pièce n° 7 du cycle Sur un sentier broussailleux utilisée déjà pour ouvrir son récent album Good Night (Warner), trouve alors une résonance émotionnelle particulière.

En seconde partie, , comme Jiří Bělohlávek avant lui quand il interprétait le chef-d'œuvre absolu de Dvořák, ne cherche pas à renouveler notre vision d'une Nouveau Monde déjà tant réinterprétée. Il lui laisse au contraire tout ce qu'elle doit à l'école tchèque, profitant pour cela de sa formation, dont la tradition et la sonorité sont restées intactes ces dernières décennies. Aux violons aérés mais capables d'un grand volume sonore s'accorde la clarté de la petite harmonie, dont il faut louer tous les instrumentistes et plus particulièrement les solos, à commencer par le basson encore, la flûte et le superbe cor anglais. Les premiers cors de chaque section (une en mi et une en ut) ainsi que les pupitres de trombones sont aussi souvent déterminants notamment au finale, en accord avec la gravité des violoncelles et contrebasses dont l'accelerando parfaitement géré par le directeur musical permet d'attaquer avec brio le thème le plus célèbre du compositeur.

Contrairement à la veille, Bychkov ne piège pas les auditeurs sur le bis et reste bien avec Dvořák grâce à l'une de ses Danses Slaves, en l'occurrence la n°2 de la 2e série, opus 72. Mais il revient aussi à Brahms, avec la même Danses Hongroises n° 1 que le vendredi, dont la souplesse, la rigueur rythmique avec un léger rubato ne dépareraient pas lors d'un concert du Nouvel an à Vienne !

Crédits photographiques : © ResMusica

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