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Chabrier, « un musicien de la tête aux pieds », par Didier da Silva

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Musique adorable, Chabrier malgré lui. Didier da Silva. Éditions MF. 233 pages. 16€. Janvier 2024

 
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Didier da Silva retrace la carrière d' dont il nous fait aimer l'homme et la musique.

Le titre de l'ouvrage, Musique adorable. Chabrier malgré lui, donne le ton. Da Silva, qui connait son Chabrier par cœur (à la lumière de sa correspondance notamment) n'a pas l'intention d'être trop sérieux car Mavel (le surnom inventé par la nourrice qu'adopte à dessein l'auteur) était drôle sous ses airs de petit bourgeois rangé. Collectionneur d'œuvres d'art et ami de Manet, « le vieux frère », qui a laissé de lui deux portraits au fusain, il a fréquenté durant vingt ans les bureaux du Ministère de l'Intérieur où, quoique rentier (là n'est pas son seul paradoxe !), il a gagné sa vie avant de mener une carrière de compositeur à plein temps. Autodidacte (il n'a pas fait ses classes au Conservatoire), il traînera toute sa vie une réputation d'amateur. Chabrier n'en voue pas moins une passion immodérée pour Richard Wagner, « le Saint-Père ». Il fait le pèlerinage à Bayreuth et bien d'autres voyages pour voir et revoir ses opéras, contribuant, avec le chef Charles Lamoureux dont il est l'assistant, à la programmation de sa musique en France. Mais Mavel est un « déveinard », nous dit da Silva. Contractant la syphilis à trente ans (qui le tuera à petit feu), il accumule les catastrophes (victime de la faillite de La Monnaie, alors que son Gwendoline est à l'affiche, de l'incendie de l'Opéra Comique qui a failli ravager sa partition du Roi malgré lui) et subit la médiocrité de ses librettistes, celle de Catule Mendes avec qui il collabore par deux fois : « Les poèmes d'opéras sont tous assommants », reconnaît Chabrier alors que la musique, elle, « coulait comme un torrent », écrit da Silva. De ses sept ouvrages lyriques dont le dernier, Briséis ou les amants de Corinthe, reste inachevé, seul L'Étoile, opéra bouffe brillant par sa musique autant que par son intrigue, est passé à la postérité. Mais échouer, c'est aussi arriver… Et avec Espaňa, sa rapsodie pour orchestre, son nom sort enfin de l'obscurité. Chabrier est aussi un fameux pianiste (« Il improvise comme il respire », nous dit l'auteur) et nous laisse quelques très belles pages pour son instrument (Impromptu, Dix pièces pittoresques et la célèbre Bourrée fantasque (1891) : « une musique inflammable », lance da Silva, écrite pour un jeune virtuose juste après sa page chorale,

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