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Depuis 2018, la jeune guitariste Cassie Martin parcourt le monde pour remporter multiples prix et participer à de nombreux festivals. Son répertoire allie musique ancienne et contemporaine ainsi que les musiques du monde. Artiste Eurostrings en 2020, elle participe à la tournée de Gautier Capuçon « un été en France 2022 » pour ensuite représenter la France dans le projet de Sergio Assad « The Woman and the guitar ». La voici encore victorieuse cette année en tant que lauréate ICMA pour le prix Classeek destiné aux jeunes artistes.
RM : Votre répertoire va de Bach aux musiques traditionnelles du monde : brésilienne, autrichienne, italienne et française. Dans quelle nouvelle contrée projetez-vous de vous aventurer dans votre prochain projet, qu'il soit scénique ou discographique ?
Cassie Martin : J'ai plein de projets. Bien-sûr continuer à faire découvrir au public le vaste répertoire méconnu de la guitare, allant de l'époque baroque à l'époque contemporaine. Un de mes programmes actuel de concert s'intitule : « La guitare à travers les siècles », durant lequel j'emmène les auditeurs dans un voyage temporel, montrant toutes les facettes de ce bel instrument. Je vais avoir la chance prochainement d'aller me produire en Chine, en Thaïlande, en Argentine, à Taiwan, en Italie et autres destinations afin de partager cette richesse musicale avec un public international.
Quant à mon projet discographique encore secret, il est probable que le disque soit baptisé « RE-cital ». Je compte explorer les tonalités de ré mineur et ré majeur, mettant notamment en lumière les œuvres de Mario Castelnuovo-Tedesco, un compositeur que j'apprécie beaucoup, auquel je dédie d'ailleurs mon récital de fin de Master.
RM : Dans les entretiens, on parle souvent des interprètes et finalement assez peu de leur compagnon de route. Pouvez-vous nous parler de votre instrument de musique, une guitare du luthier Daniel Friederich ?
CM : En effet, ma guitare qui a été fabriquée par le luthier Daniel Friederich en 1994, aujourd'hui décédé, est véritablement mon compagnon de route. C'est un instrument extraordinaire qui allie à la perfection une qualité de fabrication artisanale avec une sonorité riche et profonde. Chaque fois que je la prends en main, je ressens une connexion profonde avec elle, et c'est grâce à sa précision et sa sensibilité que je suis capable de m'exprimer pleinement en tant que musicienne. C'est un privilège de partager un voyage musical avec un instrument d'une telle exception.
RM : En qualité d'étudiante au CNSM de Paris dans la classe d'Olivier Chassain qui va prendre sa retraite à la fin de cette année scolaire, vous vous êtes naturellement positionnée contre la réduction d'heures d'enseignement de la guitare que son non-remplacement engendre. Au-delà de l'impact sur ce cursus, qu'est-ce que cette situation révèle selon vous de la place de votre instrument dans les établissements d'enseignement supérieurs de musique en France et sur les perspectives données aux guitaristes de votre génération ?
CM : La réduction d'heures d'enseignement de la guitare au CNSM de Paris suite au départ à la retraite d'Olivier Chassain est préoccupante car elle révèle un défi plus large concernant la reconnaissance et la valorisation de la guitare dans les établissements d'enseignement supérieur de musique en France. Cette situation met en lumière les défis auxquels les guitaristes de ma génération sont confrontés, notamment en termes de visibilité, de ressources et d'opportunités d'apprentissage. Il est crucial que les institutions reconnaissent l'importance de la guitare et investissent dans son enseignement pour permettre aux guitaristes émergents de s'épanouir pleinement dans leur parcours musical.
RM : Vous avez remporté une multitude de prix et vous êtes lauréate de nombreux concours internationaux qu'il serait trop long de retracer en quelques mots. En tant que guitariste, que cherchez-vous personnellement par ce biais ? Et l'avez-vous trouvé ?
CM : Je cherche constamment à explorer de nouvelles expressions musicales et à repousser les limites artistiques. Les récompenses et les concours internationaux sont pour moi des moyens de mesurer ma progression, de partager ma passion avec un public plus vaste et de me produire davantage sur scène ; les premiers prix de concours offrant souvent des concerts. J'ai trouvé dans ces expériences une source d'inspiration continue et une validation gratifiante de mon travail acharné.
RM : Vous vous produisez avec orchestre pour des concertos mais aussi en formation de musique de chambre en duo guitare-violon. Pouvez-vous nous dire ce que vous apporte cette polyvalence ?
CM : La polyvalence de ma pratique musicale constitue une source d'enrichissement artistique exceptionnelle. Cette diversité me permet d'explorer un large éventail de styles, d'expressions et de répertoire, nourrissant ma créativité et offrant une expérience musicale variée tant pour le public que pour moi. En particulier, jouer en formation guitare-violon avec Camille Théveneau ouvre de nouvelles perspectives pour la guitare, lui permettant de s'épanouir au-delà des frontières habituelles, notamment en participant à des festivals de musique classique, élargissant ainsi son influence et offrant une expérience auditive novatrice aux publics non connaisseurs de la guitare.
RM : Vous venez de recevoir le prix ICMA Classeek pour les jeunes musiciens, pouvez-vous nous parler de votre relation avec Classeek ?
CM : Classeek est une plateforme qui attire mon attention depuis plusieurs années et qui offre un soutien précieux aux jeunes musiciens classiques. J'ai donc candidaté au programme et ai été sélectionnée en tant que finaliste avant d'être nominée pour le prix ICMA. Recevoir ce prix représente une reconnaissance significative de mes efforts et renforce ma motivation à contribuer au monde de la musique classique. C'est une opportunité exceptionnelle qui ouvre de nouvelles portes à la guitare classique et me pousse à continuer mon cheminement artistique avec détermination.
[NDLR : Cassie Martin recevra son prix lors de la cérémonie ICMA qui aura lieu le 12 avril à Valencia. A cette occasion, elle se produira lors du concert de gala avec l'Orquesta de València dirigé par Alexander Liebreich. La cérémonie et le concert pourront être visionnés en ligne. Pour plus d'informations, consultez le site web des ICMA.]
