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Début de jubilé pas jubilant pour l’OnF avec la Damnation de Faust

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Paris, Théâtre des Champs-Élysées. 21-III-2024. Hector Berlioz (1803-1869) : La Damnation de Faust, légende dramatique en 4 parties. Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière, d’après la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Johann Wolfgang von Goethe. John Irvin, Faust ; Paul Gay, Méphistophélès ; Stéphanie d´Oustrac, Marguerite ; Frédéric Caton, Brander. Chœur de Radio France (direction : Josep Vila i Casañas). Orchestre national de France, direction : Cristian Măcelaru

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Belle idée que d'entamer le jubilé (de 90 ans) de l' avec la Damnation de Faust, comme un manifeste de musique française. Une distribution mal assortie et une direction nuancée mais manquant d'urgence dramatique auront eu raison des espoirs suscités. 

Pour fêter les 90 ans de l'Orchestre National de la RTF, devenu en 1975, a imaginé une série de quatre concerts en dix jours offrant un panorama de musique française de Berlioz à Dutilleux en passant par Bizet, Dukas, Debussy, Ravel, Messiaen ou le plus rare Jacques Ibert. Le coup d'envoi était donné avec la Damnation de Faust, dont la distribution entièrement française était prometteuse avec Stanislas de Barbeyrac en Faust et en Marguerite. Hélas le ténor souffrant fût remplacé par un chanteur, , au profil vocal si différent que l'équilibre de la distribution en fut déstabilisé, et vraisemblablement aussi le parti pris interprétatif de l'ensemble de l'oeuvre.

Face au Méphisto de qui prend un plaisir évident à jouer le rôle du méchant et déclame avec une noirceur gourmande et tonnante, au Brander parfait et drôle de (ah, quel dommage que sa partie soit si courte !), et à la Marguerite incarnée de qui connait son métier et s'impose au moins autant scéniquement que vocalement, le Faust tout en délicatesse du plus jeune étonne et paraît pâle. Surtout que, peut-être sous le coup de l'émotion lié à son rôle de doublure et sous la pression de ses trois acolytes, eux très en voix, il manque singulièrement de projection en première partie. À l'ouverture de la 3ème partie, après l'entracte, intéresse avec un « Merci, doux crépuscule » d'une finesse inhabituelle, alla Benjamin Bernheim, tendant à démontrer qu'une autre approche de ce rôle est possible. Mais dans le duo qui suit, les timbres ne sont pas appariés, c'est comme si Carmen chantait avec Werther. La succession des deux grands airs, à elle « D'amour l'ardente flamme », à lui « Nature immense », ne convainc pas plus. L'un et autre passent l'épreuve sans dommage, mais également sans prise de risque. On peut saluer un ultra-attentif à ne pas brusquer la mezzo (le passage si redouté « mon cœur bat et se presse », où chanteuse et auditeur doivent être au bord de la suffocation, comme on l'est quand on est réellement amoureux, palpite ici à guère plus de 50 battements par minute) et à ne pas couvrir la voix du ténor, mais c'est à peu près tout l'effet attendu qui s'évapore.

Confronté à une distribution inégale dans le style et le volume sonore, Măcelaru est en mission pour que la salle ne perde pas son Faust. Il redouble de nuances et veille à ce que l'orchestre ne domine pas la scène. On a le temps d'écouter tous les détails de la partition, mais aussi de perdre le fil de l'histoire, tant le tempo est lent, très lent. Heureusement les interventions du sont un vrai bonheur. On aurait juste apprécié plus de gouaille et de débraillé dans la scène de la taverne d'Auerbach, car il y a de l'humour dans cette Damnation, ce que et ont bien compris, mais rien qui gâche le plaisir. In extremis, la course à l'abîme, les chants infernaux et la scène céleste finale sont restitués avec toute l'énergie et les couleurs requises, montrant chef, orchestre et chœur à leur meilleur.

La représentation a été filmée et est disponible en ligne sur ARTE Concert jusqu'en septembre 2024.

Crédit photographique : © Christophe Abramowitz

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Paris, Théâtre des Champs-Élysées. 21-III-2024. Hector Berlioz (1803-1869) : La Damnation de Faust, légende dramatique en 4 parties. Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière, d’après la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Johann Wolfgang von Goethe. John Irvin, Faust ; Paul Gay, Méphistophélès ; Stéphanie d´Oustrac, Marguerite ; Frédéric Caton, Brander. Chœur de Radio France (direction : Josep Vila i Casañas). Orchestre national de France, direction : Cristian Măcelaru

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