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Semyon Bychkov, la Philharmonie tchèque et Dvořák : What else ?

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 22-III-2024. Antonín Dvořák (1841-1904) : Concerto pour violoncelle en si mineur op. 104 ; Symphonie n° 8 en sol majeur op. 88. Pablo Ferrández, violoncelle. Orchestre Philharmonique tchèque, direction : Semyon Bychkov

Toute ressemblance entre un célèbre acteur américain et le chef d'orchestre officiant ce soir serait purement fortuite, et pourtant voilà un programme qui se suffit à lui-même, sonnant comme une évidence, dévolu au compositeur tchèque  avec deux de ses « tubes » : le Concerto pour violoncelle avec Pablo Ferrández en soliste et la Symphonie n° 8, interprétés par l', dirigé par son directeur musical .

Si cette tournée européenne de l' ne surprend pas par son programme emblématique car véritablement inscrit dans son ADN, elle nous permet toutefois de découvrir à Paris le jeune violoncelliste espagnol , soutenu par la fondation de la violoniste Anne-Sophie Mutter, présenté comme la nouvelle étoile montante du violoncelle…

L'enjeu est d'importance et le pari audacieux de s'attaquer au monumental et très prisé Concerto pour violoncelle (1896) de Dvořák qui a jalonné à de multiple reprises le parcours des plus grands, à la scène comme au disque. Alors ?… Il faut bien avouer que ne manque pas d'atouts dans son jeu : projection puissante, belle sonorité, jeu ardent, legato sublime et virtuosité à toute épreuve. Autant d'arguments qui concourent à une interprétation très romantique oscillant entre passion et élégie, éclat et intimité, accompagné avec précision, souplesse et force rubato par . Le premier mouvement entamé par le cor et la clarinette va rapidement s'épanouir dans un dialogue serré, virtuose et très coloré, avec l'orchestre et tout particulièrement la flute et la petite harmonie. Le deuxième mouvement impressionne par sa profondeur d'intonation dans un discours fervent et habité avec les bois, teinté d'une pointe de dramatisme (cuivres), avant que la coda quasi cadenza, magnifique par son dépouillement ne conclut dans une sereine majesté. Le Finale, de structure complexe, tout à la fois martial, dansant, rythmique et mélodique, renoue avec la virtuosité du soliste et de l'orchestre dans une belle complicité pour s'achever diminuendo sur un court et surprenant solo de violon extrait du chant « Puisse mon âme » que Dvořák introduisit secondairement lors de son retour en Tchécoslovaquie à la mémoire de sa belle-sœur, récemment décédée. Un flamboyant arrangement pour violoncelle d'Asturias d'Albéniz donné en « bis » conclut en beauté cette première partie.

Toute de vitalité, de poésie, dans une orchestration allégée, la Symphonie n° 8 (1890) se construit sur une succession de thèmes d'une grande inventivité mélodique, immédiatement accessibles à l'oreille, qui en ont fait le succès. nous en livre une interprétation très convaincante, très slave, mêlant lyrisme éperdu et mélancolie prégnante, mélodies enjouées et rythme de danse, en laissant chanter l'orchestre de tous ses pupitres (bois et cordes) dans un climat de liberté, parfaitement contrôlé ! Riche en couleurs, tour à tour joyeux, exalté, épique, l'Allegro initial fait, une fois encore, la part belle aux somptueuses cordes et à la rutilante petite harmonie. Moins convaincant car manquant un rien de tension, l'Adagio peine à enchainer de façon concluante les différents thèmes de danse et de méditation. L'Allegretto développe ensuite sa célèbre mélodie aux cordes reprise aux bois, avant que le Finale, annoncé par un appel de trompettes n'emporte le tutti dans une bacchanale aux accents brahmsiens marqués.

En bis, la Danse hongroise n° 1 de Brahms conclut ce très bel exercice d'orchestre et de direction.

Crédit photographique : © Marco Borgreeve

Modifié le 25/03/2024 à 10h10

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