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François-Xavier Roth et les Siècles dans un curieux programme Rameau / Mahler

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Metz. Grande salle de l’Arsenal Jean-Marie Rausch. 22-III-2024. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : suite d’orchestre tirée des Indes galantes. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Avec Marie-Nicole Lemieux, contralto ; Andrew Staples, ténor. Les Siècles, direction : François-Xavier Roth

Une soirée à Metz qui a permis d'entendre une superbe interprétation du Chant de la terre de avec dans une partition qui lui va comme un gant.

Étrange couplage que celui qui donne à entendre au cours de la même soirée la suite d'orchestre extraite des Indes galantes et Le Chant de la terre. Le fossé qui sépare les deux esthétiques est béant, et l'on peine à être convaincu par l'argument présenté en début de concert par selon lequel les deux ouvrages, dans leur célébration de la nature, sont tous deux l'expression d'une quête du lointain et de l'ailleurs. Privée du soutien de la danse et de la magie du spectacle, retirée du contexte dramatique qui est le sien, la musique de Rameau exprime assez difficilement, en soi, le sentiment d'exotisme que l'on peut plus facilement représenter à la scène. On n'en reste pas moins sensible à la variété rythmique de cette sélection de danses, ainsi qu'à la richesse de l'instrumentation. Avec près de soixante instrumentistes réunis sur le plateau, la partition de Rameau, que l'on entend souvent aujourd'hui interprétée par des formations baroques à l'effectif plus réduit, aura rarement sonné avec autant de précision, d'éclat et de vivacité.

On était surtout venu, avouons-le, pour se délecter du chef d'œuvre de Mahler. Comme à l'accoutumée, Les Siècles avait fait le choix de jouer sur des instruments contemporains de la période de création de l'œuvre, à l'instar d'ailleurs de la suite de Rameau jouée précédemment sur des copies d'instruments anciens. A-t-on jamais entendu Le Chant de la terre, partition à l'orchestration luxuriante, joué avec une telle variété de couleurs ? Les vents, notamment, savent trouver les accents les plus suaves pour accompagner le chant, notamment celui de la contralto au moment de l'« Abschied ». Plus impressionnante encore est la souplesse et la plasticité rythmiques de ce qu'il faut bien appeler une symphonie, que pour une fois on entend bel et bien comme un tout unifié, et non comme une succession de six mouvements. Beau contraste en effet entre les morceaux réservés à la voix de ténor, d'une rare tension dramatique, et les pages plus souples composées pour celle de contralto. Moins à l'aise que dans une version récemment entendue pour orchestre de chambre, le ténor éprouve quelques difficultés en tout début de concert pour ne pas être couvert par un orchestre qui parait, en ouverture, presque tonitruant. Les troisième et cinquième mouvements permettent néanmoins au public d'entendre une vraie voix mozartienne, et non wagnérienne, à l'aise dans cette tessiture assez tendue et capable du plus beau legato. domine une partition qui n'a plus de secrets pour elle. Outre la beauté naturelle de son instrument, aux couleurs ombrées et ambrées et avec des réserves de puissance devenues rares de nos jours, elle sait plier sa voix à la dynamique et à la musicalité insufflées par le chef, faisant de son « Abschied » le clou de la soirée. Murmurés du bout des lèvres, les derniers « Ewig… ewig ! » ouvrent notre imaginaire sur un infini aux indicibles possibilités. Le public de l'Arsenal de Metz, dans une salle comble, réserve un triomphe  à ce concert généreux, intrigant par son programme et enthousiasmant pour sa deuxième partie. On nous annonce un enregistrement discographique pour l'œuvre de Mahler, il faudra faire preuve d'un peu patience…

Crédit photographique : © Geneviève Lesieur

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Metz. Grande salle de l’Arsenal Jean-Marie Rausch. 22-III-2024. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : suite d’orchestre tirée des Indes galantes. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Avec Marie-Nicole Lemieux, contralto ; Andrew Staples, ténor. Les Siècles, direction : François-Xavier Roth

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