Légende du piano depuis plusieurs décennies, Maurizio Pollini vient de nous quitter à l'âge de 82 ans.
Vainqueur du prestigieux Concours Chopin de Varsovie en 1960 avec les félicitations particulières d'Arthur Rubinstein, Pollini a la sagesse de ne pas se précipiter dans la carrière internationale. Il développe dans les années 1970 une conscience politique affirmée, comme d'ailleurs son confrère Claudio Abbado, se produit en opposition aux dictatures d'Amérique latine et à la guerre du Vietnam. Il joue à l'époque dans les quartiers populaires, les usines, les hôpitaux, les universités…
Grâce à des enregistrements publiés essentiellement chez Deutsche Grammophon à partir des années 1970 qui ont marqué l'histoire du disque (en particulier Chopin), il se fait un nom auprès d'un vaste public. Mais dans les Études de Chopin, il convient de chercher plutôt l'enregistrement réalisé au lendemain du Concours de Varsovie et publié par Testament.
Le jeu de Pollini se caractérise par une rigueur, un lyrisme, une prise de risque sur scène absolument fascinante, une curiosité intellectuelle pour un certain répertoire contemporain (Nono, la Seconde école de Vienne, Boulez, Stockhausen…) qu'il met volontiers en regard avec le « grand répertoire », notamment Chopin, Beethoven, Schumann ou Debussy. Il fut également l'adepte de grands cycles qu'il présente aux quatre coins du monde, Le Clavier bien tempéré de Bach, les Sonates pour piano de Beethoven… Il s'est produit en concerto avec plus grands noms de son temps (Karl Böhm, Claudio Abbado, Pierre Boulez…). (JBdLT)