Réunis par une amitié musicale complice, Michel Portal et Michel Dalberto exaltent les œuvres pour clarinette et piano de Berg, Brahms, Schumann et Poulenc.
Haute en couleurs, pétillante, espiègle, mais aussi mélancolique, la Sonate pour clarinette et piano de Francis Poulenc (1962) dédiée à Arthur Honneger et crée en 1963, à titre posthume, par Benny Goodmann associé à Leonard Bernstein, est l'occasion pour Michel portal de faire valoir d'emblée la beauté et la rondeur de sa sonorité, son sublime legato, la netteté de son staccato, autant que la souplesse et la virtuosité de son jeu, sans chercher à « jazzifier », porté par l'accompagnement discret et efficace de Michel Dalberto. Les trois Phantasiestücke op. 73 de Robert Schumann (1849) ouvrent, quant à elles, sur un monde éminemment romantique, nocturne et merveilleux, tout à la fois méditatives ou passionnées, composées pour Clara, à l'instar des trois Romances op. 94 (1850) qui leur font suite, habitées d'une sorte de sérénité plus apaisée. Plus conséquente la Sonate pour clarinette et piano n° 2 de Johannes Brahms (1894), inspirée par le clarinettiste Richard Mühlfeld qui en assura la création avec le compositeur au piano, est, ici, impeccablement interprétée dans une émouvante symbiose très équilibrée entre les deux exécutants enchainant un premier mouvement plein de grâce et de fougue contenue qui libèrera toute son ardeur dans un deuxième mouvement empreint d'une poésie passionnée dans laquelle clarinette et piano font jeu égal, avant un troisième mouvement où sagesse, douceur et sérénité retrouvent leur droits. Les Quatre pièces pour clarinette d''Alban Berg referment ce bel album sur une note aphoristique dans l'évocation d'un univers propre à la Seconde école de Vienne.