David Christoffel gagne au jeu des petits malins de la grande musique

D'une érudition et d'une curiosité infatigable, l'essayiste, enseignant et producteur de l'émission Metaclassique explore dans son dernier livre tous les marginaux et à-côtés de la grande musique. 

Derrière le titre léger, amusant et pour tout dire attirant de son essai Les petits malins de la grande musique, David Christoffel reste fidèle à lui-même, curieux, sérieux, stimulant dans ses réflexions, d'une rigueur musicologique jamais prise en défaut. En quelque sorte, un anti-Christian Morin et ses Notes légères chez First Éditions. Ici, on est aux Presses Universitaires de France, autant dire que les amateurs d'anecdotes cocasses passeront prudemment leur chemin.

Si l'ouvrage traite effectivement de ces petits malins qui ont fait preuve de supercherie, d'entourloupe, de pastiche, de recours aux esprits, à l'intelligence artificielle, aux mathématiques, pour amuser la galerie, se faire connaître ou faire passer des vessies pour des lanternes, les plus de 300 pages brossent en vérité un panorama beaucoup plus vaste sur les manières par lesquelles une pièce de musique ou un compositeur échappe à l'oubli.

Ainsi des pages consacrées aux compositrices et aux cheffes et à leur difficile chemin à être reconnues pour elles-mêmes : l'auteur montre avec efficacité comment leur art est vu – encore aujourd'hui – à travers une mentalité et une grille de lecture masculines, tour à tour consternantes et amusantes (pour qui aime rire sur la bêtise humaine). Mais en quoi ces musiciennes qui ont survécu au conservatisme et à la crétinerie entrent-elles dans le cénacle de ces « petits malins »?

Au jeu du petit malin de la grande musique, c'est en fait David Christoffel le gagnant. Au risque de décevoir les amateurs de lecture simplement drolatique, et de ne pas attirer les mélomanes qui s'intéressent à ces mille et une manières par lesquelles la musique est composée, attribuée, réécrite, interprétée et reçue.