Plus de détails
Rouen. Théâtre des Arts. 12-III-2024. Gioachino Rossini (1792-1868) : Tancredi, melodrame héroïque en deux actes (1813) sur un livret de Gaetano Rossi d’après la tragédie éponyme de Voltaire. Mise en scène, Scénographie et Costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau. Lumières : Gilles Gentner. Avec : Teresa Iervolino, Tancrède ; Marina Mozó, Amenaïde ; Santiago Ballerini, Argirio ; Giorgi Manoshvili, Orbazzano ; Juliette Mey, Isaura ; Benoît-Joseph Meyer, Roggiero. Chœur Accentus/ Opéra de Rouen. Orchestre de l’Opéra de Rouen/ Normandie, direction : George Petrou
Premier opéra seria de Gioachino Rossini, Tancrède fait son entrée sur la scène de l'Opéra de Rouen dans la mise en scène peu convaincante de Pierre-Emmanuel Rousseau, heureusement sauvé par George Petrou à la baguette et une distribution vocale bien chantante.
Moins fréquenté que les homologues bouffe du même compositeur, Tancrède est un opéra particulièrement exigeant vocalement. La nécessité de réunir une distribution de haute virtuosité vocale s'appuyant sur un chant orné, nuancé, infiniment souple et varié, en a souvent réduit l'usage, aussi ne peut-on que se féliciter de cette nouvelle production qui affiche une distribution homogène et rompue à l'exercice du bel canto rossinien.
Moins d'enthousiasme, en revanche, pour la mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau qui situe l'action dans une scénographie noire et or, assez kitsch, évoquant un moyen-âge imaginaire, stylisé nous, dit-on, pour nous narrer les amours malheureuses et discordantes de Tancrède et Aménaïde, le premier croyant avoir été trompé par la seconde, sur fond de guerre, de rivalité politique, de trahison et de manipulation sournoise, tout cela agrémenté des poncifs habituels : violences gratuites et processions religieuses omniprésentes figurant le contrôle inquisitorial permanent sur le pouvoir politique…Rien de bien neuf en vérité, mais une lecture assez fade se cantonnant finalement à une vision au premier degré sans grand intérêt et dont on regrette le manque d'originalité.
Point de fadeur, en contrepartie, dans la fosse où George Petrou mène l'Orchestre de l'Opéra de Rouen d'une baguette flamboyante, affirmée d'emblée par une ouverture très colorée aux accents héroïques, stigmates d'une direction qui n'aura de cesse de soutenir impeccablement la dramaturgie, de mettre en avant les belles prestations solistes (notamment les vents) de la phalange normande, tout en respectant un parfait équilibre avec les chanteurs.
La distribution vocale, homogène, est largement dominée, scéniquement et vocalement par Marina Monzó dans le rôle d'Aménaïde dont on admire tout à la fois le timbre, la projection, la souplesse, la clarté et la précision des vocalises, autant que l'engagement scénique impressionnant, tout particulièrement dans l'acte II et la dramatique scène finale concluant la version de Ferrare, choisie ce soir. Face à elle, le Tancrède de Teresa Iervolino, tout d'introspection douloureuse, fait plutôt bonne figure même si la projection et l'héroïsme du personnage semblent un peu limités. Le ténor Santiago Ballerini campe un Argirio arrogant et autoritaire, pour l'essentiel bien chantant, même si le chant se durcit progressivement avec le temps pour devenir quelque peu forcé. L'implication théâtrale est, en revanche, souveraine, parfois légèrement surjouée, depuis la vaillance conquérante de l'acte I jusqu'au désespoir chargé de remords de l'acte II. Giorgi Manoshvili, par la profondeur de sa basse donne au personnage d'Orbazzano toute la noirceur et la fourberie nécessaire à l'avancement du drame, tandis que Juliette Mey, récente révélation des Victoires de la Musique 2024, fait des débuts remarqués, bien que discrets en Isaura. Les nombreux ensembles vocaux sont impeccablement construits et parfaitement en place. Benoît-Joseph Meier en Roggiero et le remarquable Chœur Accentus / Opéra de Rouen complètent avec bonheur cette production rouennaise.
Crédit photographique : © Marion Kerno / Agence Albatros
Plus de détails
Rouen. Théâtre des Arts. 12-III-2024. Gioachino Rossini (1792-1868) : Tancredi, melodrame héroïque en deux actes (1813) sur un livret de Gaetano Rossi d’après la tragédie éponyme de Voltaire. Mise en scène, Scénographie et Costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau. Lumières : Gilles Gentner. Avec : Teresa Iervolino, Tancrède ; Marina Mozó, Amenaïde ; Santiago Ballerini, Argirio ; Giorgi Manoshvili, Orbazzano ; Juliette Mey, Isaura ; Benoît-Joseph Meyer, Roggiero. Chœur Accentus/ Opéra de Rouen. Orchestre de l’Opéra de Rouen/ Normandie, direction : George Petrou