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Réédition d’une somme sur la vie et l’œuvre de Roland de Lassus

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Charles van den Borren : Roland de Lassus. Publicatoin originelle 1930. Collection Horizons, Bleu Nuit éditeur. 175 pages. 25 €. 2023

 
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Le présent volume de l'encyclopédique collection « Horizons » de l'éditeur Bleu Nuit est une nouvelle édition de l'ouvrage du musicologue belge Charles van der Borren, qui fait référence depuis plus de 90 ans.

Spécialiste de la musique baroque, (1874-1966), présida la Société belge de Musicologie. Parmi ses nombreux ouvrages, on trouve des études musicales sur le XVᵉ siècle, ainsi que des biographies de Lassus, Dufay, mais aussi Franck.

Après un survol rapide en une quarantaine de pages, basé sur sa correspondance, de la vie de Lassus, au gré de ses déplacements et ses différents postes en Italie (Mantoue, Milan, Sicile, Naples, Rome), ses voyages aux Pays-Bas, en France et en Angleterre, puis son ancrage à la cour de Bavière, où il demeura jusqu'à sa mort, l'auteur parcourt en détail l'ensemble de son œuvre monumentale.

était peut-être le musicien le plus connu et adulé en Europe dans la deuxième moitié du XVIᵉ siècle, avec un impressionnant catalogue d'environ deux mille œuvres, tant sacrées que profanes. 1 600 œuvres sont signées ou attribuées avec certitude dont 530 motets, 175 madrigaux italiens, plus de 50 messes, 4 passions, 50 chansons françaises, 90 Lieder allemands…

Dès les premiers motets publiés dans le Magnus Opus à Anvers en 1555, sa capacité de trouver des motifs d'un relief quasi sculptural se manifeste déjà. S'il est novateur sous de nombreux aspects en utilisant des motifs et des combinaisons inouïes jusque-là, Lassus utilise aussi l'ancienne technique du cantus firmus, particulièrement dans ses nombreux motets à la Vierge, où la mélodie grégorienne donne lieu à des développements d'une grande richesse musicale. Par son style polyphonique raffiné, il est considéré comme le peintre des cœurs et des choses. Les motets à deux, trois, quatre, cinq, six, sept et même huit voix sont analysés avec science, mais cela n'empêche pas l'auteur d'exprimer sa grande admiration pour l'écriture savante et complexe de Lassus, qui a développé au plus haut point la forme harmonique du madrigal, d'une façon extrêmement audacieuse, voire parfois outrancière. Il illustre ses propos par des extraits de partitions afin de souligner certains effets remarquables. À propos du motet Edite Caesareo, à la gloire du duc Albert de Bavière, il n'hésite pas à affirmer que « l'intensité du contraste entre l'ombre et la lumière fait pressentir l'art wagnérien » !

Si les messes sont moins nombreuses que celles de son contemporain Palestrina, on en compte tout de même une cinquantaine. a pratiqué avec prédilection la messe-parodie qui prend pour point départ un motet latin, soit une pièces profane française, italienne ou allemande, dont il développe les cinq parties en étirant la substance thématique en y adaptant le texte de l'ordinaire. L'auteur relève parfois des facilités dans l'écriture de certaines messes où l'aisance du métier de Lassus l'emporte sur le sérieux de l'expression liturgique. C'est le cas de la messe Amar donna, qui s'appuie sur une pièce italienne plus proche de la villanelle ou de la canzonetta que du madrigal, selon « un esprit profane accentué par le caquet rapide des répétitions de notes, donnant une impression générale d'agréable superficialité ». Il se rattrape toutefois avec la messe Io con ferito, basée sur un motet célèbre de Palestrina, dont les quatre voix du Confiteor font penser à un « concert d'anges ».

Le Requiem s'appuie quant à lui sur un cantus firmus grégorien, dont estime que cette contrainte entrave l'inspiration de Lassus. Pour lui, « cela manque du feu intérieur qui donne la vie aux productions analogues de Josquin ou Palestrina ».

D'une piété mariale profonde en ces temps de vives controverses, voire de guerres de religions, composa environ 150 Magnificat, même si à l'époque on ne composait qu'à titre exceptionnel le texte entier du Magnificat. L'usage était de confier au choral monodique les versets impairs et au chœur polyphonique les versets pairs. Si les Magnificat à quatre voix déroulent une série de brefs épisodes dans un style mi religieux, mi profane, ceux à cinq voix présentent une plus grande complexité de facture avec d'amples développements provenant directement de l'écriture du motet.

La vie artistique de Lassus s'étale sur la seconde moitié du XVIe siècle, qui coïncide avec la période de suprême épanouissement de la polyphonie franco-flamande. Il aura été l'exact contemporain de Giovanni Perluigi da Palestrina, qui joua un rôle parallèle, bien que ce dernier fût essentiellement un musicien d'église. Tous deux ont synthétisé divers aspects d'une forme d'art qui disparaîtra après eux.

Tout au long de l'ouvrage, détaille l'ensemble monumental du grand œuvre de Roland de Lassus d'une façon parfois assez subjective, où il exprime son goût prononcé pour la grande inspiration du maître malgré des modèles contraints et sa complexité d'écriture. D'une lecture pas toujours aisée, il s'agit d'un vaste exercice d'admiration à l'égard d'un des plus grands compositeurs de la Renaissance.

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