Les deux versions de la Symphonie n° 4 de Robert Schumann par John Axelrod
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Robert Schumann (1810-1856) : Symphonie n° 4 en ré mineur, op. 120 : version originale (1841) ; Symphonie n° 4 en ré mineur, op. 120 : version révisée (1851). Orchestre symphonique de Bucarest, direction : John Axelrod. 1 CD Orchid Classics. Enregistré Sala Gloria, Bucarest (Roumanie), du 18 au 21 mars 2023. Notice de présentation en anglais. Durée : 55:50
Orchid ClassicsJohn Axelrod et l'Orchestre symphonique de Bucarest nous gratifient de l'enregistrement des deux versions de la Symphonie n° 4 en ré mineur de Robert Schumann : la version originale de 1841 et la version révisée de 1851.
C'est un Schumann trentenaire qui compose sa Symphonie n° 4 (la deuxième en réalité), il en a dix de plus lorsqu'il en remanie l'instrumentation. Intervalle de temps durant lequel il achève ses symphonies n° 2 et 3. La première mouture est jouée le 6 décembre 1841 à Leipzig sous le titre de Fantaisie symphonique comprenant quatre mouvements enchainés et déjà on perçoit la présence de plusieurs thèmes identiques, esquissant ainsi une forme cyclique. La version finale voit le jour à Düsseldorf en 1853 et remporte un franc succès avec quatre mouvements notés Introduction-Allegro, Romance, Scherzo et Finale : lent-vif.
La Symphonie n° 4 nous semble, sans hésitation, la plus réussie du cycle schumannien. Riche d'une spacieuse unité confortée par un motif cyclique prégnant parfaitement repérable, elle organise un espace sonore d'une richesse et d'une intensité romantique inoubliables. Les interrelations thématiques et rythmiques inépuisables contribuent à consolider sa monumentale générosité. Elle est bien révolue l'époque où la critique systématique des symphonies du maître rhénan encourageait de nombreux commentateurs à dénigrer une lourdeur et une orchestration discutable. Ces symphonies marquèrent finalement une étape majeure vers la symphonie romantique moderne.
De nombreuses phalanges menées de main de maître ont positionné favorablement ce chef-d'œuvre dans sa forme achevée, aussi bien au concert qu'à l'enregistrement. C'est dire si la concurrence se révèle rude et exige des qualités instrumentales parfaites et une direction particulièrement inspirée. L'Orchestre symphonique de Bucarest, le meilleur de Roumanie, joue depuis 2007 et bénéficie de pupitres de belle qualité sans atteindre toutefois l'excellence suprême. Néanmoins sous la direction du très expérimenté chef américain John Axelrod, l'exécution des deux phases de la Symphonie n° 4 constitue un apport intéressant, autant à titre de comparaison que pour l'interprétation simplement honorable. On pourra néanmoins regretter le choix d'accentuer exagérément, afin de mieux les opposer, les traits propres à chaque extrémité de la décennie qui les sépare.
On retiendra donc en priorité le travail davantage objectif de John Eliot Gardiner en 1997, pour le label Archiv, le soin « autonome » apporté à chaque version conférant un surplus d'intérêt musicologique pour qui souhaite ne desservir ni favoriser « artificiellement » l'une ou l'autre des versions. Quant à la dernière version, jouée plus régulièrement, on proposera la réécoute du Gewandhaus de Leipzig dirigée par Kurt Masur (RCA, 1973), du New York Philharmonic conduit par Leonard Bernstein (Sony, 1960), de la Staatkapelle de Dresde avec Wolfgang Sawallich (EMI, 1972), de l'Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart mené par Sir Neville Marriner (Capriccio, 1986). C'est donc avancer sans grand risque de préciser que cette gravure s'adressera en priorité aux spécialistes et en tout cas aux passionnés et probablement aussi aux curieux.
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Robert Schumann (1810-1856) : Symphonie n° 4 en ré mineur, op. 120 : version originale (1841) ; Symphonie n° 4 en ré mineur, op. 120 : version révisée (1851). Orchestre symphonique de Bucarest, direction : John Axelrod. 1 CD Orchid Classics. Enregistré Sala Gloria, Bucarest (Roumanie), du 18 au 21 mars 2023. Notice de présentation en anglais. Durée : 55:50
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