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Rita Strohl : premier volume découverte enthousiasmant d’une compositrice de la démesure

La direction artistique de ce projet sur la compositrice bretonne , avec un premier volume de sa musique vocale, se défend d'un quelconque effet de mode « compositrice », et c'est bien la joie de la découverte qui l'emporte. 

Si le poème en douze chants extrait des « Chansons de Bilitis » de Pierre Louÿs a déjà été gravé, ce n'est pas le cas pour tout le reste du programme. On mesurera à l'aune de sa production dans ce premier volume thématique (deux autres suivront) comment cette génération contemporaine de Debussy nourrie au wagnérisme s'est positionnée pour ou contre ces deux figures majeures. Et la voie suivie par brille par son originalité : ni pour ni contre ni entre-deux, voilà une belle performance ! Non, simplement originale de bout en bout.

Le chant ne vocalise pas, ne brode pas, n'est ni chant absolu ni parlé-chanté. Suivant les intentions de la langue française, la musique naît d'une espèce de ligne mélodique très naturelle dégagée par la diction et le sens du texte. Une syllabe donne une note, pourrait-on dire. Le piano se refuse un rôle d'accompagnateur ou d'imitateur, puisqu'il créé lui-même avec une économie de moyens remarquables un habit sur-mesure à la vocalité, aussi sobre et minimaliste qu'extrêmement précis dans ses couleurs et libre dans ses harmonies. Jamais on ne sentira une contrainte formelle ou une concession au style belle-époque ; le salon de musique bourgeois où le piano est un meuble et le chanteur un figurant, où une musique superficielle brille dans un écrin conventionnel sont complètement hors sujet.

La soprano possède une voix très subtile, aérienne, tout en douceur. Les attaques des notes aiguës se font dans la souplesse, se posent comme une plume. Sa diction est globalement claire, contrairement à la mezzo-soprano qui demande un effort constant de compréhension, alors que le timbre reste séduisant. Le baryton donne beaucoup de poids à la noirceur baudelairienne avec une diction à la hauteur. Les pianistes , et trouvent un bel équilibre avec leurs chanteurs respectifs.

Pour compléter ce programme original, la poésie Quand la flûte de Pan propose un texte avec récitant et piano. Les deux ne se mélangent que pour quelques notes de transition, hormis pour la dernière partie. Olivia Dalric fait vivre le texte de Sophie de Courpon avec bonheur, d'une voix souriante, maligne et lumineuse. La présentation en livre-disque, très documentée et très soignée, mérite une mention particulière.

On pourrait chercher dans ce double album la « démesure » annoncée en tête de collection. Ce sera davantage dans ses oratorios, symphonies lyriques avec chœurs ou ses mystères sacrés que nous la rencontrerons sans doute. Le but est atteint : l'auditeur de ce double volume attendra avec patience et gourmandise la suite.

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