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Les 1001 corps dansants du festival Everybody

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Paris. Carreau du Temple. 9-II-2024. Festival Everybody
Marta Izquierdo Muñoz : Dioscures. Conception, chorégraphie : Marta Izquierdo Muñoz. Assistant chorégraphie : Éric Martin. Interprètes : Ébène, Mina Serrano.
Nina Vallon : THE WORLD WAS ON FIRE. Chorégraphie, conception : Nina Vallon. Interprètes : Margaux Amoros, Arielle Chauvel-Lévy, Marine Colard, Justine Lebas, Yasminee Lepe, Nina Vallon.
Georges Labat : WHIP. Chorégraphie : Georges Labbat. Interprètes : Synne Elve Enoksen, Letizia Galloni, Georges Labbat. Conseils artistiques : Némo Flouret, Solène Wachter.

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Ouverture de la troisième édition du au Carreau du Temple avec trois propositions de , et . Une nouvelle fois, Everybody donne un coup de fouet à la danse contemporaine en explorant mille et un état de corps.

Dioscures,

Que font deux dieux quand ils descendent de l'Olympe ? Ils tricotent ! En laine vert céladon pour l'un, lilas pour l'autre. Leurs têtes s'ornent de coiffures célestes surmontées d'astres. Lentement, les deux divinités se lancent dans un duo en parfait miroir, explorant leurs reflets respectifs dans des gestes sensuels et parfois érotiques, reprenant une partie des codes visuels dictés par Maurice Béjart pour Le Boléro, dont on devine le thème de Ravel en filigrane dans la musique et que la chorégraphe aurait pu creuser avec intérêt.

Dans la deuxième partie du duo, c'est un vocabulaire emprunté au voguing dont les deux interprètes s'emparent pour un set très cabaret. L'esthétique voguing peut-elle suffire pour un format un peu plus long qu'une soirée animée par Vinii Revlon ? La chorégraphie est-elle réductible à une Battle de poses ? On assiste alors à la rencontre de Mina Serrano le Madrilène et d'Ébène le Toulousain, les prénoms des deux interprètes queer à l'allure androgyne, dont les vies réelles résonnent avec les mythes de Castor et Pollux, les célèbres jumeaux également appelés Dioscures. Peu à peu le duo se fait affrontement et la rivalité mimétique laisse affleurer la violence. La relation compétitive entre les deux performeurs épuise cependant peu à peu ses charmes.

THE WORLD WAS ON FIRE,

prend la tête d'une bande de femmes en robe Renaissance noire, à fraise blanche. Dans les tableaux vivants stylisés et historisants du début du spectacle, elle s'inspire parfaitement de la peinture flamande et des attitudes des groupes de femmes qui y sont représentés. Apartés, messes basses, secrets chuchotés à l'oreille. Munies de longues traînes, qui sont en réalité des pendrillons noir, elles sont liés entre elles par un pacte féminin, une sororité cachée.

La musique électronique live et les chansons donnent une tonalité plus contemporaine à ce pack de mantes religieuses collé comme une mêlée de rugby. Mais, au-delà de la danse, ces charmantes guerrières ont une velléité féministe à travers des listes de mots du quotidien ou d'appareils ménagers. Délaissant leurs oripeaux, les femmes puissantes de ce girls band se lancent dans un strip-tease hot, drôle et rageur qui se transforme en concert final. Avec une succession de niveaux narratifs, dont on ne voit pas toujours la logique ou la finalité, ce spectacle impressionniste est en fait un portrait de femmes.

WHIP,

Comme des lézards qui font leur mue, ils laissent tomber leurs vêtements de peau en tas sur le parquet de la Halle du Carreau du Temple, plongé dans la pénombre. Une danseuse, un danseur, puis une autre danseuse avancent lentement, dévoilant un justaucorps en résille chair, le sexe scotché par du sparadrap. Autour de leur torse est enroulé un long fouet de cuir blanc, qui sera leur unique accessoire pendant les 45 minutes de la performance.

Whip, c'est fouet en anglais, un terme qui évoque aussi le son claquant que fait la lanière en fendant brutalement l'air. Ce claquement lancinant sera la seule bande-son, aussi, entre sifflement sourd et détonations brutales. Jouant sur le rythme et la vitesse de la rotation du fouet, l'excitation ou l'épuisement de leurs corps, les trois interprètes explorent dans ce fascinant trio tout ce qu'un fouet peut avoir de chorégraphique.

Crédits photographiques : Dioscures – © JMC2 Photo ; The World Was On Fire – Nina Vallon © Mireille Huguet ; WHIP – © David Le Borgne

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Marta Izquierdo Muñoz : Dioscures. Conception, chorégraphie : Marta Izquierdo Muñoz. Assistant chorégraphie : Éric Martin. Interprètes : Ébène, Mina Serrano.
Nina Vallon : THE WORLD WAS ON FIRE. Chorégraphie, conception : Nina Vallon. Interprètes : Margaux Amoros, Arielle Chauvel-Lévy, Marine Colard, Justine Lebas, Yasminee Lepe, Nina Vallon.
Georges Labat : WHIP. Chorégraphie : Georges Labbat. Interprètes : Synne Elve Enoksen, Letizia Galloni, Georges Labbat. Conseils artistiques : Némo Flouret, Solène Wachter.

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