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Le réveil de deux féeries chantées de Jane Vieu

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Paris. Cité de la Musique, Salle des concerts. 10-II-2024. Jane Vieu (1872-1955) : La Belle au bois dormant, féerie chantée en 19 tableaux lumineux. Aladin, ombres chinoises en 15 tableaux. Marie Oppert, récitante, soprano. Pierre Créac’h, dessins. Orchestre de chambre de Paris, direction : Karel Deseure

Comme la belle endormie, la musique de s'est éveillée ce samedi à la Cité de la Musique à Paris, à l'occasion de la représentation, par l', de deux féeries chantées créées au début du XXe siècle : Aladin, ombres chinoises en 15 tableaux et La Belle au bois dormant, féerie chantée en 19 tableaux lumineux.

Si les spectateurs de la Belle Époque étaient fascinés par les lanternes magiques, les ombres chinoises et les tableaux lumineux, ce sont aujourd'hui les illustrations en direct filmées et projetées sur grand écran, qui accompagnent le concert. Fidèle aux illustrations originales de Lucien Métivet, dont les éditions musicales gardent la trace, l'artiste Pierre Créac'h a recours à différentes techniques : craie, encre de chine, aquarelle… sur fond neutre ou déjà préparé, sur papier ou sur supports transparents, recréant parfois des effets d'ombres chinoises et de tableaux en trois dimensions. Le pouvoir d'évocation fonctionne : quelques traits et c'est un feu d'artifice qui apparaît, quelques gouttes de peintures et un arbre en fleur s'épanouit, un coup de pinceau et une forme, jusque là indistincte, devient bateau. Ces petits tableaux accompagnent le texte en vers du même Lucien Métivet : le satiriste des journaux de son temps (l'Assiette au beurre, le Rire…) s'inspire très librement des contes d'origine, et les réinvente avec humour. Le prince charmant de la Belle au bois dormant arrive à bicyclette et la princesse, effarée par les laideurs du monde moderne, préfère aller se recoucher. Aladin, transposé en Chine, est un prétexte à une succession de tableaux dans lequel triomphent la beauté et la poésie, car si le héros se défait de la lampe après avoir obtenu la main de la princesse, le Poète conserve l'objet magique pour les temps à venir puisqu'il « est roi dans le pays du songe ».

La musique de la compositrice est une redécouverte. Quasi oubliée aujourd'hui, elle fut pourtant l'auteur de près de 150 opus parmi lesquelles des opérettes très jouées en son temps. De très belle facture et admirablement orchestrées, ces deux féeries évoquent à la fois les valses d'opérette (la sérénade d'Aladin à la princesse) et la mélodie française de Georges Bizet ou Léo Delibes. On aurait pu s'attendre à quelques chinoiseries dans Aladin, comme chez Ravel par exemple, mais elles sont très discrètes et l'humour se trouve plutôt du côté de la citation amusante de l'air Sur le pont d'Avignon, devenu Sur le pont de bambou… L' dirigé par , accompagne , pensionnaire à la Comédie française, qui interprète à la fois le texte et les mélodies. Quoique parfois couverte par l'orchestre (en dépit du micro), elle passe avec aisance du récit au chant, en prenant soin d'incarner l'un et l'autre.

L'initiative dans son ensemble, ouverte au jeune public comme au public en situation de handicap, est une franche réussite et la reprise en bis (en l'occurrence de la sérénade d'Aladin, dessin en direct compris) est un fait suffisamment rare dans les concerts jeunes publics pour être remarqué.

Crédits photographiques :  Illustration © Lucien Métivet ; © Simon Fowler

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Paris. Cité de la Musique, Salle des concerts. 10-II-2024. Jane Vieu (1872-1955) : La Belle au bois dormant, féerie chantée en 19 tableaux lumineux. Aladin, ombres chinoises en 15 tableaux. Marie Oppert, récitante, soprano. Pierre Créac’h, dessins. Orchestre de chambre de Paris, direction : Karel Deseure

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