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Avec Sadeh21, le Gaga d’Ohad Naharin entre à l’Opéra de Paris

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Paris. Opéra National de Paris. 7-II-2024. Ohad Naharin : Sadeh21. Chorégraphie : Ohad Naharin. Bande son : Maxime Waratt. Lumières : Avi Yona Bueno (Bambi). Costumes : Ariel Cohen. Avec le Corps de ballet de l’Opéra.

Après Decadance en 2018, transmet au Ballet de l'Opéra de Paris Sadeh21, une proposition poétique et sensible portée haut en couleur par un ballet virtuose, quoi qu'un peu à l'étroit.


Sadeh
signifie « champ ». Ce sont donc 21 champs qui nous sont présentés, tous d'une poésie tendre, objets de contemplation plus que de consommation. Ces champs rappellent les « color field » de Rothko et font résonner cette phrase du célèbre peintre : « À moins d'entreprendre le voyage, le spectateur passe réellement à côté de l'expérience essentielle du tableau ». Et de fait, Sadeh21 demande adhésion. Pour appeler cette dernière, les danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris à laquelle transmet aujourd'hui cette création de 2011 donnent de l'ampleur aux mouvements Gaga, la célèbre technique inventée par le chorégraphe israélien.

Parmi les interprètes engagés dans cette entrée au répertoire, Clémence Gross, Caroline Osmont et Ida Viikinkoski brillent particulièrement. Clémence Gross offre une grande délicatesse remarquable à sa danse. Caroline Osmont, après avoir régné dans le dernier Bobbi Jene Smith, présenté en mars 2023 à l'Opéra de Paris, embrasse la scène de sa présence magnétique. Ida Viikinkoski assoit une allégresse savoureuse dans toutes ses interprétations. Les hommes ne sont pas en reste et on note un beau moment de groupe tout en masculinité, fort et maitrisé.

Ohad Naharin devient directeur de la en 1990. Dans sa jeunesse, il découvre Martha Graham, alors en tournée en Israël. C'est un choc. Toute la danse de ce génie du mouvement, à l'origine d'un vocabulaire original devenue une école, le Gaga, puise dans la danse moderne des principes essentiels. Ces bases semblent fuir la tradition néoclassique de certains de ses contemporains.

Enseigné désormais dans le monde entier, le Gaga est fait de mouvements explosifs et tendres, tout en suavité, en rondeur et en élasticité. Chaque geste exprime une intention : on devine une main posée sur les cheveux d'un petit enfant, une étreinte, un baiser, une lutte. Mais loin d'être une danse de sentiments, pourtant revendiquée par son créateur, la danse Gaga propose des intentions spatiales : des mouvements intérieurs remplis d'images, de formes amples. Comme les bases de la modernité, elle est tout en dissymétrie, en déséquilibre, en torsion, en recherche de hauteur. Le tout parait s'inspirer des figures des vases grecs et dépeindre des tableaux de paysages vivants, à l'instar de la danse d'une .

a construit un empire chorégraphique, quitte à s'en vanter parfois avec insistance (on regardera à ce sujet le documentaire réalisé par Tomer Heymann qui lui est consacré : « Mr Gaga : sur les pas d'Ohad Naharin »). La Batsheva Dance Company compte deux troupes qui tournent sans arrêts sur tous les continents, dont la Batsheva – The Young Ensemble, ballet junior de la compagnie, fondé en 1990. Il a formé de nombreux chorégraphes, qui travaillent aujourd'hui aussi avec des compagnies comme le Ballet de l'Opéra de Paris. faisait partie de la création de Sadeh21, Hofesh Shechter et sont passés par la .

A l'image de Sadeh21, partout sur les scènes du globe le style Gaga se propage et marque les esprits. Jusqu'à, peut-être, créer une saturation devant ce vocabulaire excitant mais quelque peu redondant.

Crédit photographiques : © Yonathan Kellerman / Ballet de l'Opéra national de Paris

Lire aussi : notre dossier « Danse en Israël »

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Paris. Opéra National de Paris. 7-II-2024. Ohad Naharin : Sadeh21. Chorégraphie : Ohad Naharin. Bande son : Maxime Waratt. Lumières : Avi Yona Bueno (Bambi). Costumes : Ariel Cohen. Avec le Corps de ballet de l’Opéra.

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