Les Dirty Dancers d’Anna Chirescu et Grégoire Schaller à Beaubourg

Dans le cadre de l'Olympiade culturelle, le Centre Pompidou programme une série de spectacles vivants autour des règles du sport. L'occasion pour la chorégraphe Anna Chirescu et le plasticien Grégoire Schaller de proposer Dirty Dancers, leur performance créée cet automne à la Ménagerie de Verre, mêlant Nadia Comaneci et Yvonne Rainer.

Quel est le point commun entre la gymnaste Roumaine Nadia Comaneci et la chorégraphe américaine Yvonne Rainer ? Toutes les deux ont voulu se placer en dehors du système. La première, en quittant son pays pour s'entraîner en Occident, devenant ainsi une paria en Roumanie, la deuxième en inventant, via des consignes aléatoires, une nouvelle forme de composition du mouvement. Anna Chirescu et Grégoire Schaller s'emparent de ces deux icônes rarement associées à partir de deux de leurs moments phares : la création de Trio A (1966), par Yvonne Rainer, manifeste de la postmodern dance, et l'exploit de Nadia Comaneci aux Jeux olympiques de Montréal, en 1976, auxquels les juges, pour la première fois dans l'histoire des Jeux, attribuent la note parfaite de 10.

Anna Chirescu, Grégoire Schaller et le comédien Florian Pautasso croisent, à l'occasion de cette performance sportive, deux corpus chorégraphiques et sémantiques, celui de la gymnastique féminine, et celui de la théoricienne et chorégraphe américaine, en répétant un extrait de Trio A, soit une même phrase chorégraphique pour les trois interprètes.
Au milieu d'un gymnase improvisé, sur une moquette bleu nuit, Anna Chirescu reprend dans son enchaînement presque gymnique les codes d'entrée, de salut et de sortie. Poussant encore plus loin l'illusion, elle évolue dans un costume copiant le maillot officiel de la gymnaste. Elle détourne le vocabulaire de la gymnastique, la fente, le pont, l'arabesque, le saut, le salut, conjuguant l'ensemble de ses recherches de mouvements dans un solo final où elle fait preuve d'énergie et de détermination.

Non sans humour et avec intelligence, la danseuse et ses deux acolytes alternent tout au long du spectacle le sérieux et le pastiche, le conceptuel et le drôle. Mixant culture populaire, en interprétant des chansons poussées à leur paroxysme, et duos savants, dont l'exécution parfaite repose sur la grande technicité de la danseuse.

Crédits photographiques : © Vinciane Lebrun

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