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L’Enlèvement au Sérail sort de la routine grâce à Ivor Bolton et Dovlet Nurgeldiyev

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Munich. Staatsoper. 2-II-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Die Entführung aus dem Serail (L’enlèvement au sérail), opéra en trois actes sur un livret de Gottlieb Stephanie d. J. Mise en scène : Martin Duncan ; décors et costumes : Ultz. Avec Brenda Rae (Konstanze) ; Caroline Wettergreen (Blonde) ; Dovlet Nurgeldiyev (Belmonte) ; Liam Bonthrone (Pedrillo) ; Franz-Josef Selig (Osmin) ; Bernd Schmidt (Bassa Selim). Choeur de l’Opéra de Bavière ; Bayerisches Staatsorchester ; direction : Ivor Bolton

À Munich, un chef visiblement heureux d'être là et un remarquable ténor mozartien font le bonheur du public, dans une mise en scène vénérable mais pas sans qualités.

La mise en scène de n'a pas très bonne réputation à Munich : la simplicité des moyens théâtraux qu'elle met en œuvre passe volontiers pour du simplisme. Et comme elle est peu exigeante en moyens techniques – et donc en machinistes – elle est souvent utilisée pour occuper la scène pendant que de nouvelles productions s'approchent de leur première – c'est le cas ici, avec une nouvelle Dame de Pique dont nous parlerons. Le spectacle est désormais vénérable, 21 ans après sa première et plus très loin d'une centaine de représentations : on peut toujours faire la fine bouche, mais au moins le public munichois peut-il à loisir entendre cette partition admirable que la plupart des autres scènes boudent, jusqu'au festival de Salzbourg qui l'ignore sur scène depuis 2006. La raison de ce désamour est évidente : l'orientalisme naïf du livret, avec ses stéréotypes primaires, ne passe plus aujourd'hui.

C'est un des grands mérites de la mise en scène de Duncan, précisément, que de mettre à distance, avec une sorte d'ironie indulgente, les aspects problématiques du sujet. Il le fait par l'intermédiaire d'une narratrice (ici Gonca de Haas) qui remplace efficacement les dialogues, en racontant l'histoire et en la situant dans les cours successives du palais de Topkapı à Istanbul, non sans incises en turc. Certes, il n'y a pas vraiment de décor à part les divans de couleur vive qui se balancent depuis les cintres, mais qu'importe : avec ces moyens modestes, Duncan sait raconter une histoire, et de façon suffisamment claire pour que ce spectacle soit utilisé par le Staatsoper comme manière d'amener les enfants à l'opéra.

Cette reprise vaut surtout pour deux noms, ceux d' et . Le premier est un pilier de l'opéra de Munich, et un mozartien hors pair ; le second est de ces chanteurs de troupe qui ne font pas parler d'eux sur les grandes scènes mondiales, mais valent bien mieux que beaucoup de leurs collègues gyrovagues. ne suffit pas à donner à cette représentation de routine la perfection que donnent des répétitions plus approfondies, mais sa longue collaboration avec l'orchestre permet de sauvegarder l'essentiel, la joie pour ainsi dire enfantine que donne cette partition inépuisable, même dans ses moments les plus douloureux : on prend plaisir à suivre le travail des vents comme si on entendait la partition pour la première fois. Nurgeldiyev est un ténor mozartien comme on en rêve, et comme on avait pu l'entrevoir à Munich avec Orlando Paladino de Haydn : dès son premier Konstanze! on admire sa capacité à alléger sa voix, dont le timbre immédiatement séduisant ne s'accompagne pas de mièvrerie. Il n'a rien du tenorino d'opérette, mais il a toute la souplesse qu'il faut et tout lui semble facile.

Le reste de la distribution n'est pas tout à fait de ce niveau : le couple de serviteurs formé par et est peu surprenant mais efficace, tandis que , qui a le mérite de ne pas dessiner un Osmin caricatural, manque décidément de projection. Dans ce qui est peut-être le plus beau rôle de soprano de tout le répertoire mozartien, convainc beaucoup plus que l'été dernier dans le rôle-titre de Semele de Haendel, avec un réel sens du style, une diction convenable et des nuances de dynamique et de couleurs qui font vivre le personnage, mais la précision des vocalises laisse souvent à désirer, ce qui n'est ici pas qu'accessoire.

Crédits photographiques : © Wilfried Hösl (2022)

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Munich. Staatsoper. 2-II-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Die Entführung aus dem Serail (L’enlèvement au sérail), opéra en trois actes sur un livret de Gottlieb Stephanie d. J. Mise en scène : Martin Duncan ; décors et costumes : Ultz. Avec Brenda Rae (Konstanze) ; Caroline Wettergreen (Blonde) ; Dovlet Nurgeldiyev (Belmonte) ; Liam Bonthrone (Pedrillo) ; Franz-Josef Selig (Osmin) ; Bernd Schmidt (Bassa Selim). Choeur de l’Opéra de Bavière ; Bayerisches Staatsorchester ; direction : Ivor Bolton

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