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La ferveur des cantates italiennes par Philippe Jaroussky

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Montpellier. Opéra Comédie. 2-II-2024. Cantates italiennes. La gelosia. Domenico Scarlatti (1685-1757) : sinfonia en do. Alessandro Scarlatti (1660-1725) : cantate Ombre tacite e sole. Francesco Durante (1684-1785) : sinfonia en mi mineur. Baldassare Galuppi (1706-1785) : cantate La gelosia. Nicola Porpora (1686-1768) : cantate La gelosia. Antonio Vivaldi (1678-1741) : concerto pour cordes en sol mineur, cantate Cessate, omai cessate. Ensemble Artaserse. Philippe Jaroussky, contre-ténor et direction artistique.

A la tête de son , retrouve la scène de l'Opéra Comédie de Montpellier pour quatre cantates italiennes du XVIIIᵉ siècle, autour du thème de la jalousie.


La jalousie est, tout au long de la période baroque, un prétexte à décrire les passions humaines les plus exacerbées. Qu'ils soient dieux ou mortels, les amoureux jaloux peuplent le panthéon de tous les arts, et offrent à la musique ses accents les plus passionnés, en particulier sur les scènes d'opéra ou dans leur forme réduite que sont les cantates. La cantate à voix seule est la forme musicale la plus répandue dans l'Italie du settecento. Avec plus de 700 œuvres, en est le maître incontesté. De Scarlatti à Galuppi en passant par Porpora et Vivaldi, le programme balaye un siècle de cantates italiennes, ponctuées d'intermèdes instrumentaux.

Pour sa troisième saison de résidence à Montpellier, s'entoure ici de son en petit effectif : deux violons, un alto, un violoncelle et un continuo de cordes pincées avec le clavecin, le théorbe ou la guitare. On sent une grande complicité entre le contre-ténor et ses musiciens, dans un dialogue où chacun fait assaut d'expressivité.

La courte symphonie de Domenico Scarlatti qui introduit la cantate de son père servait probablement d'ouverture à un opéra aujourd'hui perdu. La cantate Ombre tacite e sole d' a ceci de remarquable que les cordes participent aux récitatifs : pas de recitativo secco, mais des récitatifs accompagnés, qui renforcent la dimension dramatique ( ce sera le cas dans chacune des cantates du programme). Nous faisons un grand écart chronologique avec la cantate de Galuppi, datant des années 1780, qui nous emmène du côté du style galant. Trente-six ans plus tôt, Porpora avait écrit une cantate sur le même livret de Metastasio; elle fait appel à une grande virtuosité de la voix, comme toujours chez celui qui fut un grand professeur de chant. C'est Vivaldi qui conclut ce programme, introduit par un concerto pour cordes qui met en avant le dialogue des deux violons. Dans l'allegro final, on admire la virtuosité sans faille de Ruth Verona au violoncelle. La cantate Cessate, omai cessate! est le clou de ce programme, avec un dernier air où la voix appelle à la vengeance sur une tempête des cordes, exigeant du contre-ténor d'impressionnants sauts d'ambitus, du grave barytonant à l'aigu le plus agile.

C'est un programme très exigeant pour la voix que nous offre ici . Sa musicalité irréprochable compense un certain manque de puissance dans le medium du registre. Mais c'est dans les pianissimi dans l'aigu qu'il est le plus remarquable. En bis, il nous offre le très bel air Alto giove du Polifemo de Porpora, qui s'ouvre sur un extraordinaire son filé a capella. Tout au long du programme, l'osmose avec les instrumentistes est parfaite : l'ornementation, la dynamique, les ruptures de tempi, les silences, tout est au service d'une expressivité jamais mise en défaut.

Crédit photographique : © OONM

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Montpellier. Opéra Comédie. 2-II-2024. Cantates italiennes. La gelosia. Domenico Scarlatti (1685-1757) : sinfonia en do. Alessandro Scarlatti (1660-1725) : cantate Ombre tacite e sole. Francesco Durante (1684-1785) : sinfonia en mi mineur. Baldassare Galuppi (1706-1785) : cantate La gelosia. Nicola Porpora (1686-1768) : cantate La gelosia. Antonio Vivaldi (1678-1741) : concerto pour cordes en sol mineur, cantate Cessate, omai cessate. Ensemble Artaserse. Philippe Jaroussky, contre-ténor et direction artistique.

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