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Joyce DiDonato, Michael Spyres et John Nelson fidèles à Strasbourg

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Strasbourg. Palais de la Musique et des Congrès. 26-I-2024. Richard Wagner (1813-1883) : Wesendonck Lieder. Hector Berlioz (1803-1869) : Chasse Royale et Orage, Duo « Nuit d’ivresse » extraits des Troyens ; Cléopâtre, Scène lyrique ; Roméo seul et Grande Fête chez Capulet extraits de Roméo et Juliette. Joyce DiDonato, mezzo-soprano ; Michael Spyres, ténor ; Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : John Nelson et Ludovic Morlot

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Pour son cinquième concert Berlioz à Strasbourg, réunit la même équipe gagnante de chanteurs-vedettes, dans un programme centré sur la Cléopâtre, Scène lyrique de Berlioz.

Après de sensationnels Troyens, Damnation, Roméo et Juliette et Nuits d'été, mais aussi après l'annulation d'une Carmen en 2023 pour raison de santé, revient à 82 ans diriger l', avec lequel il a tissé des liens étroits, et continue d'interpréter ce Berlioz qu'il affectionne tant. Le programme est particulièrement bien conçu avec un parallèle intéressant entre Wagner et Berlioz, mais aussi une certaine adresse puisque est de toute façon déjà à Strasbourg pour travailler un Lohengrin très attendu, et que tous les morceaux choisis sont déjà bien connus de l'orchestre. Pour soulager le vieux maître manifestement affaibli, c'est qui dirige la première partie de la soirée.

Ce n'est pas souvent qu'on entend les Wesendonck chanté par un homme, même si ce n'est pas une nouveauté. La partie exige un ambitus large, une grande souplesse et un legato de rêve. , le célèbre baryténor, possède toutes ces qualités à l'envi et déploie un lyrisme de belle distinction. L'orchestre l'accompagne de toutes ses couleurs, et le chef peut étirer les lignes sans craindre d'asphyxier le chanteur.  Mais l'exercice du Lied est difficile, et le Lied avec orchestre encore davantage. Il manque à un tout petit peu de mordant et de clarté dans la prononciation de l'allemand, et un petit peu de projection. Il s'en est fallu d'un cheveu que la perfection ne bascule dans l'émotion, et l'esthétisme dans la vraie beauté.

Ce surcroit d'intelligibilité, cette étincelle qui manquait, l'apporte dans la suite du concert et tout prend feu instantanément. Le duo « Nuit d'ivresse » des Troyens, même privé des admirables mesures qui l'amènent si bien, est immédiatement placé in situ, dans la splendeur d'une nuit africaine et dans les frémissements du désir. Les deux amants sont encore mieux interprétés que lors de l'inoubliable concert-intégrale de 2017. Les voix se sont renforcées dans le médium, ont gagné de l'héroïsme vocal, et ne donnent plus l'impression d'être parfois au bord de la rupture. Michael Spyres enjambe facilement  la difficulté des notes aiguës abruptes, et déploie les merveilles de son timbre pulpeux, de son français admirable. Les lignes de chant à égalité de beauté s'enlacent et s'emmêlent dans un érotisme musical superbe et émouvant.

Cléopâtre, scène lyrique a déjà été enregistrée avec le même orchestre et la même prima donna, mais pas offert au public strasbourgeois. renouvelle en live son incarnation incandescente, et parvient à exprimer jusqu'au bout de ses doigts les étapes de la sidération, de l'imprécation, de la résignation, la morsure du serpent et l'entrée dans la mort. C'est avec brio qu'elle affronte les terribles écarts du « Ah, qu'ils sont loin ces jours ». Les forte les plus spectaculaires comme les soupirs les moins perceptibles écartèlent la reine d'Egypte, mais pas la chanteuse. On peut remarquer quelques infimes fêlures dans le timbre-même de la voix quand le volume de celle-ci est trop sollicité, mais cela ne fait que renforcer le dramatisme de la scène, déjà porté au rouge par le talent d'actrice-née de la mezzo américaine.

L' est toujours autant à la hauteur, soudé, homogène et précis. Il suit avec ductilité et engagement les volontés de , et donne de ces pages berloziennes une lecture d'une grande clarté. La méditation de Roméo est d'une profondeur nostalgique admirable, et la fête chez Capulet déborde d'une énergie jubilatoire.

Enthousiaste, le public fait un triomphe à tous les protagonistes, mais quand John Nelson tenant faiblement sur ses jambes reçoit les applaudissements de tout l'orchestre – debout-  et de tout le public – également debout -, on comprend bien que la gratitude qu'ils expriment dépasse largement le cadre de cette très belle soirée.

Crédits photographiques : © Grégory Massat /

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Strasbourg. Palais de la Musique et des Congrès. 26-I-2024. Richard Wagner (1813-1883) : Wesendonck Lieder. Hector Berlioz (1803-1869) : Chasse Royale et Orage, Duo « Nuit d’ivresse » extraits des Troyens ; Cléopâtre, Scène lyrique ; Roméo seul et Grande Fête chez Capulet extraits de Roméo et Juliette. Joyce DiDonato, mezzo-soprano ; Michael Spyres, ténor ; Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : John Nelson et Ludovic Morlot

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